Petites et grandes histoires du Collège Cévenol
Un lieu, quelques années, vus de notre adolescence
2020-11-30T10:59:30+01:00
Laurent Pasteur
urn:md5:c2793c4f3a4d494f81c2584d6faf0135
Dotclear
Collège Cévenol 1938-1988
urn:md5:82fda3632ba12ee286452c52c6c483b0
Tuesday 1 January 2013
Laurent
Quoi de neuf ?
<p class="MsoNormal"><em style="mso-bidi-font-style:normal"><span style="font-size:10.0pt;line-height:115%">Ce livre a été écrit par Olivier Hatzfeld,
professeur et membre du conseil d’administration, en 1989, à l’occasion de la
commémoration des 50 ans du Collège Cévenol.</span></em></p>
<p class="MsoNormal"><em style="mso-bidi-font-style:normal"><span style="font-size:10.0pt;line-height:115%">Ce livre, épuisé, est très précieux à tous
ceux qui l’ont lu. Il fait aussi cruellement défaut à ceux qui voudraient tant
le lire. C’est pourquoi, en accord avec les ayants droits, nous mettons enfin à
la disposition des personnes intéressées, le texte complet de cet
ouvrage.</span></em></p>
<p class="MsoNormal"><em style="mso-bidi-font-style:normal"><span style="font-size:10.0pt;line-height:115%">Vos commentaires ne manqueront pas
d’enrichir et illustrer cette petite histoire. Puisse-t-elle également susciter
la vocation d’écrire les années qui suivent.</span></em></p>
<h1><span style="color: #4F6228; font-size: 16.0pt; line-height: 115%; mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%; mso-style-textfill-fill-color: #4F6228; mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=; mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3; mso-themecolor: accent3; mso-themeshade: 128">
OLIVIER HATZFELD</span></h1>
<div style="mso-element:para-border-div;border:none;border-bottom:solid #4F6228 1.0pt; mso-border-bottom-themecolor:accent3;mso-border-bottom-themeshade:128; mso-border-bottom-alt:solid #4F6228 .5pt;mso-border-bottom-themecolor:accent3; mso-border-bottom-themeshade:128;padding:0cm 0cm 4.0pt 0cm">
<p class="MsoTitleCxSpFirst" style="border:none;mso-border-bottom-alt:solid #4F6228 .5pt; mso-border-bottom-themecolor:accent3;mso-border-bottom-themeshade:128; padding:0cm;mso-padding-alt:0cm 0cm 4.0pt 0cm">
<strong style="mso-bidi-font-weight: normal"><span style="color: #4F6228; font-size: 24.0pt; mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%; mso-style-textfill-fill-color: #4F6228; mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=; mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3; mso-themecolor: accent3; mso-themeshade: 128">
LE COLLÈGE CÉVENOL <span style="text-transform:uppercase">à</span> CINQUANTE
ANS</span></strong></p>
<p class="MsoTitleCxSpLast" style="border:none;mso-border-bottom-alt:solid #4F6228 .5pt; mso-border-bottom-themecolor:accent3;mso-border-bottom-themeshade:128; padding:0cm;mso-padding-alt:0cm 0cm 4.0pt 0cm">
<span style="color: #4F6228; font-size: 18.0pt; mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%; mso-style-textfill-fill-color: #4F6228; mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=50000; mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3; mso-themecolor: accent3; mso-themeshade: 128">
PETITE HISTOIRE D’UNE GRANDE AVENTURE</span></p>
</div>
<p class="MsoNormal"><em style="mso-bidi-font-style:normal"><br /></em></p>
<p class="MsoNormal"><em style="mso-bidi-font-style:normal"><img title="couv_CC_50.png, janv. 2013" style="float: left; margin: 0 1em 1em 0;" alt="couv_CC_50.png" src="http://collegecevenol.pasteur.ch/public/documents/.couv_CC_50_s.jpg" />Édité par Le
Collège Cévenol et achevé d’imprimer en avril 1989 sur les presses de J.-F.
Manier, imprimeur photograveur à Cheyne, 43400 Le Chambon-sur-Lignon. Dépôt
légal 2<sup>e</sup> trimestre 1989</em></p>
<div style="mso-element:para-border-div;border:solid windowtext 1.0pt; mso-border-alt:solid windowtext .5pt;padding:1.0pt 4.0pt 1.0pt 4.0pt; background:#EAF1DD;mso-background-themecolor:accent3;mso-background-themetint: 51">
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;background:#EAF1DD;mso-background-themecolor: accent3;mso-background-themetint:51;border:none;mso-border-alt:solid windowtext .5pt; padding:0cm;mso-padding-alt:1.0pt 4.0pt 1.0pt 4.0pt">
<em style="mso-bidi-font-style: normal"><span style="font-size:12.0pt;line-height:115%;color:#1E1C11; mso-themecolor:background2;mso-themeshade:26;mso-style-textfill-fill-color: #1E1C11;mso-style-textfill-fill-themecolor:background2;mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%;mso-style-textfill-fill-colortransforms:lumm=10000">
Sur tout cela, un air vif et pur, les parfums des bois alentour, les
brouillards et même les nuages de pluie dès le début de septembre, la solidité
du grès, même des maisons neuves. Dans quelque chose malgré tout dans
l’ensemble de sympathique et de pas du tout camelote.</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="background: #EAF1DD; border: none; mso-background-themecolor: accent3; mso-background-themetint: 51; mso-border-alt: solid windowtext .5pt; mso-padding-alt: 1.0pt 4.0pt 1.0pt 4.0pt; padding: 0cm; text-align: right">
<em style="mso-bidi-font-style:normal"><span style="font-size:12.0pt;line-height: 115%;color:#1E1C11;mso-themecolor:background2;mso-themeshade:26;mso-style-textfill-fill-color: #1E1C11;mso-style-textfill-fill-themecolor:background2;mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%;mso-style-textfill-fill-colortransforms:lumm=10000">
Francis PONGE<br />
Petite suite vivaraise</span></em></p>
</div>
<h1><span style="font-size:24.0pt;line-height:115%;color:#4F6228;mso-themecolor: accent3;mso-themeshade:128;mso-style-textfill-fill-color:#4F6228;mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3;mso-style-textfill-fill-alpha:100.0%;mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=">
</span></h1>
<h1><span style="color: #4F6228; font-size: 20.0pt; line-height: 115%; mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%; mso-style-textfill-fill-color: #4F6228; mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=; mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3; mso-themecolor: accent3; mso-themeshade: 128">
AVANT-PROPOS</span></h1>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Ce n’est pas sans crainte que l’on peut
tenter d’écrire l’histoire du Collège Cévenol, et en sachant que l’auteur et
l’ouvrage resteront toujours inférieurs à leur sujet.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">En d’autres temps, il aurait convenu
d’invoquer les Muses avant de raconter cette histoire.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">L’existence du Collège Cévenol en effet,
au cours de cinquante années, a été une grande aventure qui permet maintenant à
un modeste village du haut Velay d’être connu au loin dans le monde. Mais la
réputation du Collège n’est pas ce qui importe; l’important est la réalité de
l’œuvre accomplie. Ceux qui ont passé quelques années, ou une part de leur vie,
au Collège n’ont pu y rester indifférents. On aime ou n’aime pas; mais le plus
souvent on aime; et avec intérêt, avec goût, avec passion souvent on y
travaille et on prend une part de la vie du Collège, qu’ou soit élève, ou
surveillant, ou cuisinier, ou professeur. Écrire une petite histoire de ce qui
a été une aventure ou une passion, c’est en perdre la dimension.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">L’histoire du Collège est celle d’hommes
et de femmes. Il est vrai que l’histoire doit tenir compte des circonstances
politiques, sociales et économiques où s’est inscrite leur action. Mais
certaines personnalités ont dominé les circonstances et ont réalisé ce que
personne n’aurait fait à leur place. Pour ne pas parler de ceux d’entre eux qui
pourront lire ces lignes, on ne peut penser à l’histoire du Collège sans
évoquer les figures d’André Trocmé, d’Édouard Theis, de Carl Sangree, de Lucie
Pont, et d’autres. On aurait envie de s’attarder à leurs portraits, de tracer
l’itinéraire de leurs vies. Nous ne le ferons pas. Certains d’entre eux ont
écrit des fragments de leurs souvenirs; ils étaient trop modestes pour ne pas
craindre de figurer dans une sorte de Vie des Saints, et nous respecterons
cette volonté d’effacement. Nous nous tiendrons à notre sujet, qui est
l’histoire du Collège.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">De même, il serait facile et amusant de
collectionner les anecdotes et récits pittoresques, parfois drôles, parfois
tragiques. Le Collège a été le lieu de nombreuses petites comédies et
tragédies, et de beaucoup d’émotions. De tels récits perdraient à être écrits.
Il vaut mieux laisser aux rencontres d’anciens le plaisir de les
renouveler.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">L’idée d’écrire une histoire du Collège
n’est pas neuve. Pour le vingtième anniversaire du Collège, une brochure a été
éditée, constituant un numéro spécial des Nouvelles du Collège; une nouvelle
brochure a été publiée en 1975 pour le lancement de la fondation André Trocmé,
sous le titre: Histoire des débuts du Collège Cévenol. Un travail plus
important, intitulé: 30 ans d’histoire du Collège Cévenol, a été réalisé par M.
Theis; il en a écrit lui-même des parties, et pour d’autres a laissé la plume à
M. Trocmé, Mme Lavondès, Mme Sangree et d’autres. On aurait pu éditer cet
ensemble de textes, sans le corriger, et se contenter d’y ajouter une suite
concernant les vingt dernières années.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Le conseil d’administration de
l’Association du Collège Cévenol, qui a souhaité en juin 1988 que la présente
Histoire du Collège soit publiée pour le cinquantième anniversaire, le 30 avril
1989, ne s’est pas arrêté à cette solution. D’abord pour donner à ce volume une
unité de ton; aussi et surtout, parce qu’en vingt ans le point de vue change. A
la lumière des dernières années, certains événements anciens peuvent prendre
une autre importance ou une autre coloration. C’est pourquoi nous nous sommes
mis au travail, mais en utilisant largement les textes précédents; en utilisant
aussi les témoignages de plusieurs des acteurs de cette histoire.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Le temps a cependant manqué pour consulter
tous les documents et interroger tous les témoins. On peut espérer que le
modeste travail que nous présentons sera à son tour corrigé, complété,
remplacé. C’est la vie. Notre projet initial était d’agrémenter ce volume de
plusieurs pages d’illustrations. Faute de temps, et malgré l’aide de quelques
amis, nous n’avons pas pu réunir une collection de photographies qui aurait
couvert toute la période, toutes les activités du Collège, toutes les
personnalités qui y ont passé.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Plutôt que de publier une série
incomplète, et qui susciterait des regrets, nous préférons lancer un appel à
tous ceux qui détiennent des photographies intéressantes: qu’ils nous en
envoient un double, et nous essayerons de publier un volume d’illustrations
l’an prochain<sup>(1)</sup>.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"> </p>
<div style="mso-element:para-border-div;border:none;border-top:solid #4F6228 1.0pt; mso-border-top-themecolor:accent3;mso-border-top-themeshade:128;mso-border-top-alt: solid #4F6228 .5pt;mso-border-top-themecolor:accent3;mso-border-top-themeshade: 128;padding:1.0pt 0cm 0cm 0cm">
<p class="MsoListParagraphCxSpFirst" style="margin-left:0cm;mso-add-space:auto; text-align:justify;border:none;mso-border-top-alt:solid #4F6228 .5pt; mso-border-top-themecolor:accent3;mso-border-top-themeshade:128;padding:0cm; mso-padding-alt:1.0pt 0cm 0cm 0cm">
<span style="font-size:12.0pt;line-height: 115%">(1) Photographies en noir et
blanc de préférence; suffisamment nettes et contrastées; avec une légende
indiquant au moins le nom de l’auteur et du détenteur du document, la date, le
lieu, le sujet; si possible, des photos qui n’aient pas été déjà
publiées.</span></p>
</div>
<p class="MsoListParagraphCxSpLast" style="margin-left:18.0pt;mso-add-space:auto"> </p>
<div style="mso-element:para-border-div;border:solid #4F6228 1.0pt;mso-border-themecolor: accent3;mso-border-themeshade:128;mso-border-alt:solid #4F6228 .5pt;mso-border-themecolor: accent3;mso-border-themeshade:128;padding:1.0pt 4.0pt 1.0pt 4.0pt">
<h3 style="margin-left:18.0pt;text-indent:-18.0pt;mso-list:l0 level1 lfo1; border:none;mso-border-alt:solid #4F6228 .5pt;mso-border-themecolor:accent3; mso-border-themeshade:128;padding:0cm;mso-padding-alt:1.0pt 4.0pt 1.0pt 4.0pt">
<span style="color: #4F6228; font-family: Wingdings; font-size: 14.0pt; line-height: 115%; mso-bidi-font-family: Wingdings; mso-fareast-font-family: Wingdings; mso-list: Ignore; mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%; mso-style-textfill-fill-color: #4F6228; mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=; mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3; mso-themecolor: accent3; mso-themeshade: 128">
<strong>></strong></span> <span style="color: #4F6228; font-size: 14.0pt; line-height: 115%; mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%; mso-style-textfill-fill-color: #4F6228; mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=; mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3; mso-themecolor: accent3; mso-themeshade: 128">
<a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/post/2013/01/04/College-Cevenol-1938-1988-Sommaire">Sommaire
complet</a></span></h3>
<h3 style="margin-left:18.0pt;text-indent:-18.0pt;mso-list:l0 level1 lfo1; border:none;mso-border-alt:solid #4F6228 .5pt;mso-border-themecolor:accent3; mso-border-themeshade:128;padding:0cm;mso-padding-alt:1.0pt 4.0pt 1.0pt 4.0pt">
<span style="color: #4F6228; font-family: Wingdings; font-size: 14.0pt; line-height: 115%; mso-bidi-font-family: Wingdings; mso-fareast-font-family: Wingdings; mso-list: Ignore; mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%; mso-style-textfill-fill-color: #4F6228; mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=; mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3; mso-themecolor: accent3; mso-themeshade: 128">
<strong>></strong></span> <span style="color: #4F6228; font-size: 14.0pt; line-height: 115%; mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%; mso-style-textfill-fill-color: #4F6228; mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=; mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3; mso-themecolor: accent3; mso-themeshade: 128">
<a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/post/2013/01/04/College-Cevenol-1938-1944-1">Premier
chapitre : 1938–1944 POURQUOI UN COLLÈGE AU CHAMBON-SUR-LIGNON
?</a></span></h3>
</div>
<p class="MsoNormal"> </p>
<div style="mso-element:para-border-div;border:solid #4F6228 1.0pt;mso-border-themecolor: accent3;mso-border-themeshade:128;mso-border-alt:solid #4F6228 .5pt;mso-border-themecolor: accent3;mso-border-themeshade:128;padding:1.0pt 4.0pt 1.0pt 4.0pt">
<p class="MsoNormal" style="border: none; mso-border-alt: solid #4F6228 .5pt; mso-border-themecolor: accent3; mso-border-themeshade: 128; mso-padding-alt: 1.0pt 4.0pt 1.0pt 4.0pt; padding: 0cm; text-align: center">
<strong style="mso-bidi-font-weight: normal"><span style="font-size:8.0pt;line-height:115%;color:#4F6228;mso-themecolor: accent3;mso-themeshade:128;mso-style-textfill-fill-color:#4F6228;mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3;mso-style-textfill-fill-alpha:100.0%;mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=">
© Extrait de</span></strong> <strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><span style="font-size:8.0pt;line-height:115%;color:#4F6228;mso-themecolor:accent3; mso-themeshade:128;mso-style-textfill-fill-color:#4F6228;mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3;mso-style-textfill-fill-alpha:100.0%;mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=">
LE COLLÈGE CÉVENOL À CINQUANTE ANS – Petite histoire d’une grande aventure -
OLIVIER HATZFELD<br />
Tous droits réservés - Éditeur Collège Cévenol - Dépôt légal 2e trimestre 1989
– Version numérique AACC 2013</span></strong></p>
</div>
Collège Cévenol 1938-1988 : Sommaire
urn:md5:bc5900936260f84c372956fa519d5059
Tuesday 1 January 2013
Laurent
Documents
<p class="MsoNormal"><strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><span style="font-size:20.0pt;line-height:115%;color:#4F6228;mso-themecolor:accent3; mso-themeshade:128;mso-style-textfill-fill-color:#4F6228;mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3;mso-style-textfill-fill-alpha:100.0%;mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=">
SOMMAIRE</span></strong></p>
<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent:35.4pt"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%;font-variant:small-caps"><a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/post/2013/01/04/College-Cevenol-1938-1988">Avant
propos</a><br /></span></p>
<p class="MsoNormal"><span style="font-size:14.0pt;line-height:115%">PREMIÈRE
PARTIE : 1938 – 1944</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent:35.4pt"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%;font-variant:small-caps"><a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/post/2013/01/04/College-Cevenol-1938-1944-1">Pourquoi un Collège au
Chambon-sur-Lignon ?</a></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent:35.4pt"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%;font-variant:small-caps"><a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/post/2013/01/01/College-Cevenol-1938-1944-2">La période
héroïque</a></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent:35.4pt"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%;font-variant:small-caps"><a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/post/2013/01/01/College-Cevenol-1938-1944-3">Le Collège durant
l’occupation</a></span></p>
<p class="MsoNormal"><span style="font-size:14.0pt;line-height:115%">DEUXIÈME
PARTIE : 1945-1971</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent:35.4pt"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%;font-variant:small-caps">La construction du
Collège : 1945-1953</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent:35.4pt"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%;font-variant:small-caps">Le Collège au
quotidien : 1953-1963</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-left:36.0pt;text-indent:34.8pt"><span style="font-size:14.0pt;line-height:115%">Direction, administration,
finances</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-left:36.0pt;text-indent:34.8pt"><span style="font-size:14.0pt;line-height:115%">Maitres d’internat et
professeurs</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-left:36.0pt;text-indent:34.8pt"><span style="font-size:14.0pt;line-height:115%">Les élèves</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-left:36.0pt;text-indent:34.8pt"><span style="font-size:14.0pt;line-height:115%">La pédagogie</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent:35.4pt"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%;font-variant:small-caps">Les années
difficiles : 1963-1971</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-left:36.0pt;text-indent:34.8pt"><span style="font-size:14.0pt;line-height:115%">La succession de M. Theis</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-left:36.0pt;text-indent:34.8pt"><span style="font-size:14.0pt;line-height:115%">La direction de M. Leenhardt et Mme
Lavondès</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-left:36.0pt;text-indent:34.8pt"><span style="font-size:14.0pt;line-height:115%">La direction de M. Gagnier, Mme Lavondés,
Mlle Dorian</span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-left:36.0pt;text-indent:34.8pt"><span style="font-size:14.0pt;line-height:115%">Direction de Mlle Dorian et M.
Blancy</span></p>
<p class="MsoNormal"><span style="font-size:14.0pt;line-height:115%">TROISIÈME
PARTIE : 1971-1988</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent:35.4pt"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%;font-variant:small-caps">La nouvelle figure
du Collège Cévenol</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-indent:35.45pt;tab-stops:35.45pt"><span style="font-size:14.0pt;line-height:115%;font-variant:small-caps">Actualité –
Continuité - Fidélité</span></p>
<p class="MsoNormal"><span style="font-size:14.0pt;line-height:115%"> </span></p>
<h3> </h3>
<div style="mso-element:para-border-div;border:solid #4F6228 1.0pt;mso-border-themecolor: accent3;mso-border-themeshade:128;mso-border-alt:solid #4F6228 .5pt;mso-border-themecolor: accent3;mso-border-themeshade:128;padding:1.0pt 4.0pt 1.0pt 4.0pt">
<h3 style="margin-left:18.0pt;text-indent:-18.0pt;mso-list:l0 level1 lfo1; border:none;mso-border-alt:solid #4F6228 .5pt;mso-border-themecolor:accent3; mso-border-themeshade:128;padding:0cm;mso-padding-alt:1.0pt 4.0pt 1.0pt 4.0pt">
<a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/post/2013/01/04/College-Cevenol-1938-1944-1"><span style="color: #4F6228; font-family: Wingdings; font-size: 14.0pt; line-height: 115%; mso-bidi-font-family: Wingdings; mso-fareast-font-family: Wingdings; mso-list: Ignore; mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%; mso-style-textfill-fill-color: #4F6228; mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=; mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3; mso-themecolor: accent3; mso-themeshade: 128">
> </span> <span style="color: #4F6228; font-size: 14.0pt; line-height: 115%; mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%; mso-style-textfill-fill-color: #4F6228; mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=; mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3; mso-themecolor: accent3; mso-themeshade: 128">
Premier chapitre : 1938–1944 POURQUOI UN COLLÈGE AU
CHAMBON-SUR-LIGNON ?</span></a></h3>
<h3 style="margin-left:18.0pt;text-indent:-18.0pt;mso-list:l0 level1 lfo1; border:none;mso-border-alt:solid #4F6228 .5pt;mso-border-themecolor:accent3; mso-border-themeshade:128;padding:0cm;mso-padding-alt:1.0pt 4.0pt 1.0pt 4.0pt">
<a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/post/2013/01/04/College-Cevenol-1938-1988"><span style="color: #4F6228; font-family: Wingdings; font-size: 14.0pt; line-height: 115%; mso-bidi-font-family: Wingdings; mso-fareast-font-family: Wingdings; mso-list: Ignore; mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%; mso-style-textfill-fill-color: #4F6228; mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=; mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3; mso-themecolor: accent3; mso-themeshade: 128">
> </span> <span style="color: #4F6228; font-size: 14.0pt; line-height: 115%; mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%; mso-style-textfill-fill-color: #4F6228; mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=; mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3; mso-themecolor: accent3; mso-themeshade: 128">
Retour au début de l’ouvrage</span></a></h3>
</div>
<p class="MsoNormal"> </p>
<div style="mso-element:para-border-div;border:solid #4F6228 1.0pt;mso-border-themecolor: accent3;mso-border-themeshade:128;mso-border-alt:solid #4F6228 .5pt;mso-border-themecolor: accent3;mso-border-themeshade:128;padding:1.0pt 4.0pt 1.0pt 4.0pt">
<p class="MsoNormal" style="border: none; mso-border-alt: solid #4F6228 .5pt; mso-border-themecolor: accent3; mso-border-themeshade: 128; mso-padding-alt: 1.0pt 4.0pt 1.0pt 4.0pt; padding: 0cm; text-align: center">
<strong style="mso-bidi-font-weight: normal"><span style="font-size:8.0pt;line-height:115%;color:#4F6228;mso-themecolor: accent3;mso-themeshade:128;mso-style-textfill-fill-color:#4F6228;mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3;mso-style-textfill-fill-alpha:100.0%;mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=">
© Extrait de</span></strong> <strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><span style="font-size:8.0pt;line-height:115%;color:#4F6228;mso-themecolor:accent3; mso-themeshade:128;mso-style-textfill-fill-color:#4F6228;mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3;mso-style-textfill-fill-alpha:100.0%;mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=">
LE COLLÈGE CÉVENOL À CINQUANTE ANS – Petite histoire d’une grande aventure -
OLIVIER HATZFELD<br />
Tous droits réservés - Éditeur Collège Cévenol - Dépôt légal 2e trimestre 1989
– Version numérique AACC 2013</span></strong></p>
</div>
Collège Cévenol 1938-1944 (1)
urn:md5:812358d0446e4adb1d81ac55a3ab1305
Tuesday 1 January 2013
Laurent
Documents
<p></p>
<p></p>
<h3><span style="color: #4F6228; font-size: 20.0pt; line-height: 115%; mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%; mso-style-textfill-fill-color: #4F6228; mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=; mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3; mso-themecolor: accent3; mso-themeshade: 128">
POURQUOI UN COLLÈGE<br />
AU CHAMBON-SUR-LIGNON ?</span></h3>
<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">C’est en 1936 que pour la première fois le
pasteur André Trocmé parla de la création <l’un collège secondaire au
Chambon, au cours d’un synode régional de l’Église Réformée, à Montbuzat. Mais
il fallut encore une année pour préciser le projet. Dans ce travail de
réflexion, il fut aidé et encouragé par quelques amis qui connaissaient la
région et comprenaient ses préoccupations.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">« En été 1937, quelques personnes
s’étaient réunies pour discuter une fois de plus des possibilités de
développement du village protestant du Chambon-sur-Lignon, dont la vocation
comme station de jeunesse s’affirmait de plus en plus.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">« Le docteur Henri Cambessedès insistait
surtout sur les cures climatiques à organiser; le pasteur Charles Guillon,
maire du Chambon, s’intéressait à la création d’un camp international des
U.C.J.G., semblable à ceux qu’il avait vus aux U. S. A. (futur camp Joubert);
M. Charles Schmidt, inspecteur général des bibliothèques, s’enthousiasmait à
l’idée d’une sorte d’Académie huguenote, animant la culture
protestante.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">« Nous étions les hôtes de M. Charles
Schmidt, qui louait habituellement pour ses vacances le premier étage de la
ferme de Luquet<sup>(1)</sup>. ››</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">À mesure que prend forme le projet, on
voit se clarifier plusieurs intentions qui, loin de s’opposer, se complètent,
et seront maintenues au cours des décennies suivantes.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><strong style="mso-bidi-font-weight: normal"><em style="mso-bidi-font-style:normal"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Première
intention</span></em></strong><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%"> : lutter contre l’exode rural et le
dépérissement du Chambon.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">« Au Chambon<sup>(2)</sup>, c’était le
silence, le calme. On marchait au pas des vaches. En septembre, les “touristes”
étant partis, les fenêtres des pensions et des hôtels se fermaient comme se
ferment les yeux des morts… La population paysanne était bien développée, la
lecture de la Bible, le cours complémentaire, souvent l’École Normale, tout
cela favorisait le développement spirituel et intellectuel, mais les débouchés
manquaient. L’entrée à l’École Normale d’instituteurs, le concours de la
S.N.C.F., les concours des postes, des contributions… et en dehors de cela il
n’y avait rien.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">« Plusieurs jeunes restaient à la ferme,
tout en ayant rêvé à autre chose, ou ils allaient travailler en ville. Les
artisans aussi, par manque de travail, quittaient le pays qui se dépeuplait.
››</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><strong style="mso-bidi-font-weight: normal"><em style="mso-bidi-font-style:normal"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Deuxième intention</span></em></strong>
<span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">: permettre aux enfants des
paroisses protestantes du Plateau de faire de bonnes études secondaires. Le
cours complémentaire prépare au brevet, et non au baccalauréat, et n’enseignant
aucune langue, ne permet pas à ses élèves de continuer. À cette époque,
pourtant pas tellement lointaine, être interne au lycée du Puy représente pour
un enfant un exil difficile à supporter; il ne peut revenir chez lui qu’à la
fin de chaque trimestre, et au Puy il se sent complètement étranger; il a vécu
dans la chaleur étroite d’une paroisse où le souvenir des guerres de religion
est encore vivace, dans un village ou on ne se cause pas entre protestants et
catholiques. Peu d’enfants affrontent les épreuves de la ville, peu de parents
les y encouragent.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">« Les jeunes gens du pays pourraient avoir
des débouchés, les pasteurs pourraient prolonger leurs séjours sur le Plateau,
les enfants délicats pourraient continuer à se soigner<sup>(3)</sup>. ›› Il
s’agit des enfants qui se trouvaient dans les quelques pensions qui s’étaient
ouvertes, suivant l’exemple des fameux Genêts, de Mlle Matile, et qui s’en
allaient aussi dès l’âge du lycée.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><strong style="mso-bidi-font-weight: normal"><em style="mso-bidi-font-style:normal"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">La troisième
intention</span></em></strong> <span style="font-size: 14.0pt;line-height:115%">se rattache à une tradition qui dépasse
largement Le Chambon. Depuis le XVI* siècle, les protestants se sont toujours
intéressés à l’enseignement, car un protestant doit savoir lire au moins la
Bible.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Au cours du XVI° siècle, des écoles
protestantes ont été ouvertes partout où cela était possible. Dans la France de
1882, c’est-à-dire sans l’Alsace-Lorraine, et juste avant les lois de Jules
Ferry, on en comptait plus de 1 500, primaires et secondaires, et dont
plusieurs étaient de véritables laboratoires de recherche
pédagogique.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Dans leur presque totalité, ces écoles ont
été fermée ou données à l’État, les protestants faisant confiance l’école
publique (où l’on retrouve beaucoup d’entre eux dès le début) et considérant
que la laïcité était la meilleure garantie de la liberté religieuse.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Cependant, dans les années 1935 et
suivantes, quelques voix protestantes demandent avec insistance que soient
soutenues les quelques écoles protestantes encore existantes, et que d’autres
soient ouvertes :</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">- parce qu’elles témoigneraient de
l’intérêt des Églises de la Réforme pour l’enseignement, au cas où la laïcité
de l’enseignement serait menacée;</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">- parce qu’elles pourraient être le lieu
d’expérimentations et de recherches pédagogiques, dont les écoles publiques
pourraient profiter;</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">- parce qu’elles susciteraient des
occasions de réflexions et d’échanges, de confrontation à un niveau
universitaire, sur tous les aspects de la connaissance.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">C’est d’ailleurs dans ces perspectives que
fut ouverte, en 1939, l’école du Guyenne, à Sainte-Foy-la-Grande, dans des
conditions qui semblaient beaucoup promettre, et qui n’ont cependant pas permis
à cet établissement de vivre plus qu’une trentaine d`années. C’est bien aussi
dans ces perspectives que se situaient André Trocmé et ses amis, tout en se
gardant soigneusement d’espérer un soutien institutionnel de la part d’aucune
Église.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><strong style="mso-bidi-font-weight: normal"><em style="mso-bidi-font-style:normal"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">La quatrième
intention</span></em></strong> <span style="font-size: 14.0pt;line-height:115%">appartient plus particulièrement à André
Trocmé. Pour la comprendre et saisir le personnage dans toute sa stature, il
faut lire le livre que Philip Hallie a écrit, en utilisant largement les
souvenirs de Mme Trocmé : Le Sang des Innocents (Ed. Stock); mais le lire pour
ce qu’il est : non pas une étude historique, mais un livre d’éthique et de
théologie.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">André Trocmé, adepte depuis longtemps de
la non-violence et de l’0bjecti0n de conscience, était membre du Mouvement
International de la Réconciliation. Aussi, ses champs d’intérêt dépassaient-ils
largement les limites de sa paroisse. Dès qu’il a pensé à une école, il l’a vue
comme un établissement affranchi de l’étroitesse des programmes nationaux, en
particulier en littérature et en histoire, et comme un établissement où des
élèves et des enseignants de pays divers se rencontreraient et apprendraient à
se connaître.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Il fallait maintenant passer de l’idée
d’un collège à la réalisation. Le problème n`était pas la réalisation
matérielle. Les salles annexes du temple pouvaient servir provisoirement de
salles de classe. Aux yeux d’André Trocmé, le problème n’était pas surtout
financier: les parents d’élèves qui le pourraient devraient payer un écolage.
Le problème essentiel était de trouver un homme compétent et enthousiaste qui
se risquerait dans cette aventure, enseignerait le grec, le latin, le français,
et organiserait les autres enseignements.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Après plusieurs refus, c’est M. Guillon
qui donna à André Trocmé la solution; l’homme nécessaire existait :
Édouard Theis, alors pasteur à Vézenobre, ancien missionnaire au Cameroun et à
Madagascar, où il avait dirigé une école normale, marié à une américaine; et de
plus, lui aussi objecteur de conscience, et connu de Trocmé, puisqu’ils avaient
fait ensemble leurs études de théologie.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">« J’allais donc voir Édouard Theis, mon
ancien camarade d’’études à la Faculté de Paris, que je retrouvais tel que je
l’avais connu et qu’il est toujours reste : immense, silencieux, énigmatique,
très cultivé, intelligent, capable de grandes amitiés, et doué d’une
persévérance éléphantesque lorsqu’il s’agit de poursuivre le but qu’il s’est
assigné et de promouvoir des idées qu’il croit justes<sup>(4)</sup>.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">« Les Theis vinrent voir Le Chambon: je
leur fis faire le “tour du propriétaire” et ils repartirent sans un mot. La
partie est perdue, me disais-je… Et puis Theis m’écrivit: « Je viendrai si tu
me trouves une garantie financière auprès de l’Église ». <span style="mso-spacerun:yes"> </span>Cette garantie était indispensable. M. et Mme
Theis avaient déjà de nombreuses filles. Accepter de venir au Chambon était une
courageuse aventure. ,</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">« C’est ainsi que, ayant demandé au synode
régional de 1938 la création d’un poste de pasteur assistant, je présentai mon
projet d’école et proposai que pour m’aider au Chambon - dont les cotisations
financières dépassaient heureusement largement le “coût” d’un poste de pasteur
» - on m’accordât, pour m’assister, un “demi-pasteur". Ma demande fut adoptée
et, dès la rentrée 1938, Édouard Theis arriva comme deuxième pasteur à mi-temps
au Chambon. Et la petite école qui devait devenir plus tard le Collège Cévenol,
ouvrit ses portes. ››</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Ses portes, si l’on peut dire. La salle
annexe du temple avait été construite comme une modeste salle de spectacle;
elle comportait une estrade et pouvait être séparée en trois par de légères
cloisons mobiles, insuffisantes pour empêcher qu’on ne s’entende, et pour qu’on
ne se gêne d’une pièce à l’autre.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">«  Il n’y eut, au début, que quatre
professeurs et dix-huit élèves<sup>(5)</sup>. Theis enseignait le latin et le
grec. Il était seul rétribué. Les parents d’élèves qui pouvaient le faire
assuraient son demi-traitement. Entre ses cours, il desservait comme pasteur
les quartiers des Tavas et de Romière. Trois dames enseignaient gratuitement
l’anglais, l’allemand et l’italien: Mme Theis, l’anglais; Mlle Hoefert, une
réfugiée qui avait quitté l’’Autriche après l’Anschluss et vivait au pair chez
Mlle Matile, l’allemand; et Magda, italienne, l’italien bien sûr<sup>(6)</sup>.
Et pour le reste ? Eh bien, les élèves franchissaient la rue qui descend
devant le temple et suivaient à l’école communale les leçons compétentes des
instituteurs du cours complémentaire. Cette “combine” avait été arrangée par M.
Darcissac, directeur du cours complémentaire et secrétaire de notre paroisse. «
C’est tout avantage pour l’école communale, disait-il, cela augmente nos
effectifs. ›› Mais il s’était gardé d’en parler aux autorités académiques…
L’inspecteur académique fit savoir que le cours complémentaire ne pourrait plus
autoriser d`élèves à s’absenter à des heures de programme officiel. C’était
forcer le cours de la langue à se transformer en un établissement assurant le
programme officiel complet. ››</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Si nous avons commencé par présenter les
hommes, avant de tenter de décrire Le Chambon, c’est-à-dire la situation ou ces
hommes se sont trouvés, c’est parce que nous nous plaçons délibérément dans une
perspective historique qui privilégie la volonté des acteurs et nos le
déterminisme des choses. Bien ne prédestinait Le Chambon-sur-Lignon à être le
siège d’un grand collège dont le rayonnement, aujourd’hui, déborde largement
les frontières. Mais ces hommes qui ont créé et fait vivre le Collège Cévenol
n’ont pu le faire qu’en tenant compte des circonstances géographiques et
historiques. L’histoire du Collège est un dialogue constant - une dialectique -
entre d’une part des intentions, et d’autre part une situation, elle-même en
évolution.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">S’il faut partir du projet d’André Trocmé,
repris par Édouard Theis et d’autres, il faut voir comment ce projet pouvait
s’inscrire dans un milieu précis. Ce milieu, c’est le sol, le climat, les
habitants du Chambon. C’est le protestantisme français, et particulièrement
celui du plateau du haut Velay; c’est la société française et ses institutions,
spécialement en matière scolaire; c’est enfin le monde et son histoire. Si le
climat n’a guère changé depuis cinquante ans, le sol, du moins son occupation
par les hommes, ses champs, ses prairies, ses forêts, se sont modifiés plus en
un demi-siècle que durant les quelques centaines d’années qui ont précédé.
Quant au reste, il est inutile de souligner les bouleversements de l’histoire
récente. De tout cela, ce qui était, ce qui dure, ce qui a changé, le Collège a
dû en tenir compte, la difficulté étant d’évoluer dans la fidélité.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Pour connaître Le Chambon, on pourra lire
avec autant d’intérêt que de profit:</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">- V. Manevy : <em style="mso-bidi-font-style:normal">Le Chambon-sur-Lignon en Haute-Loire. Regard sur
son histoire</em>. Nouvelle édition, 1980, Imprimerie Jeanne d’Arc, Le
Puy,</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">- Roger de Raissac: <em style="mso-bidi-font-style:normal">Le Chambon-sur-Lignon</em>. Ed. S.A.E.P., 1974
(ouvrage qui comporte une excellente bibliographie).</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Mais pour connaître mieux Le Chambon, rien
ne peut remplacer un séjour. On en retiendra quelques traits :</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">- C’est un pays austère, où la vie demande
des efforts. Le sous-sol granitique a donné un sol pauvre. Le climat est rude à
plus de 1000 mètres d’altitude; l’hiver est long, la neige fréquente et le vent
du nord l’amasse en congères.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">- C’est un pays isolé: on n’y accède que
par des routes aux multiples virages, depuis Le Puy (45 km), Saint-Etienne (65
km), ou Valence (80 km).</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">- C’est pourtant un pays d’accueil,
fonction qui succède à celle de refuge. Après la révocation de l’Édit de
Nantes, un concours de circonstances : la ténacité des fidèles de la Religion
Prétendue Réformée, la bienveillance des petits seigneurs locaux, parfois
l’indifférence des évêques du Puy, a permis à une enclave protestante de se
maintenir sans trop de mal dans une région pourtant fortement catholique;
enclave qui comprend Le Mazet, Le Chambon, et une partie des communes alentour,
de Tence et Freycenet à Saint-Agrève et de Mars à Devesset<sup>(7)</sup>. Au
XIX° siècle, les paroisses protestantes se reconstituent au grand jour et
bâtissent leurs temples, solides et sérieux comme la foi de leurs
constructeurs.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Le protestantisme du Plateau est peu
sensible aux subtilités théologiques; il est très biblique, parfois
moralisateur.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">- La paroisse du Chambon s’ouvre cependant
sur l’extérieur. Une première fois grâce au pasteur Louis Comte et à l’œuvre
des Enfants à la Montagne. « En 1908 ce sont près de 4000 adolescents de la
vallée du Gier et de Saint-Etienne qui bénéficient de l’hospitalité du Plateau.
Les premières maisons d’enfants sont créées… En 1914, l’œuvre des Enfants à
la Montagne dispose de toute une organisation d’accueil et peut en faire
profiter les enfants réfugiés de la vallée de Thann<sup>(8)</sup>.
››</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Le tourisme constitue une deuxième
ouverture. En réalité, ceux qu’on appelle les touristes ne sont pas des
étrangers. Ce sont souvent des enfants ou petits-enfants du pays, qui ont fait
leur vie en ville et qui reviennent au Chambon pour des vacances. Le dialogue
est facile avec eux.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">La troisième ouverture sera le fait
d’André Trocmé qui a « réanimé une paroisse piétiste avec le sang du
Christianisme social, l’accent principal étant placé sur le
pacifisme<sup>(9)</sup>. »</span></p>
<p class="MsoNormal"> </p>
<div style="mso-element:para-border-div;border:none;border-top:solid windowtext 1.0pt; mso-border-top-alt:solid windowtext .5pt;padding:1.0pt 0cm 0cm 0cm">
<p class="MsoQuote" style="line-height:normal;border:none;mso-border-top-alt: solid windowtext .5pt;padding:0cm;mso-padding-alt:1.0pt 0cm 0cm 0cm">
<span style="font-size:12.0pt">(1) Lettre envoyée par le pasteur Trocmé à
l’occasion de l’inauguration du gymnase, 1971.</span></p>
</div>
<p class="MsoQuote" style="line-height:normal"><span style="font-size:12.0pt">(2) Histoire des débuts du Collège Cévenol.</span></p>
<p class="MsoQuote" style="line-height:normal"><span style="font-size:12.0pt">(3) Histoire des débuts… En effet, les jeunes pasteurs
s’en allaient quand leurs enfants arrivaient à l’âge de l’entrée en
sixième.</span></p>
<p class="MsoQuote" style="line-height:normal"><span style="font-size:12.0pt">(4) Histoire des débuts… Dans ce paragraphe et les
suivants, nous reproduisons exactement le récit d’A. Trocmé.</span></p>
<p class="MsoQuote" style="line-height:normal"><span style="font-size:12.0pt">(5) 30 ans d’histoire…</span></p>
<p class="MsoQuote" style="line-height:normal"><span style="font-size:12.0pt">(6) Magda: A. Trocmé parle ici de Mme Trocmé. Beaucoup de
ceux qui la connaissent se permettent d’utiliser son prénom avec une
respectueuse affection.</span></p>
<p class="MsoQuote" style="line-height:normal"><span style="font-size:12.0pt">(7) Voir: Gérard Bollon: Le Chambon du Prieuré aux 17e et
18e siècles, Imprimerie de Cheyne.</span></p>
<p class="MsoQuote" style="line-height:normal"><span style="font-size:12.0pt">(8) De Raissac; ouvrage cité.</span></p>
<p class="MsoQuote" style="line-height:normal"><span style="font-size:12.0pt">(9) Lettre personnelle du pasteur Daniel Lys à
l’auteur.</span></p>
<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal"></p>
<p class="MsoNormal"> </p>
<div style="mso-element:para-border-div;border:solid #4F6228 1.0pt;mso-border-themecolor: accent3;mso-border-themeshade:128;mso-border-alt:solid #4F6228 .5pt;mso-border-themecolor: accent3;mso-border-themeshade:128;padding:1.0pt 4.0pt 1.0pt 4.0pt">
<h3 style="margin-left:18.0pt;text-indent:-18.0pt;mso-list:l0 level1 lfo1; border:none;mso-border-alt:solid #4F6228 .5pt;mso-border-themecolor:accent3; mso-border-themeshade:128;padding:0cm;mso-padding-alt:1.0pt 4.0pt 1.0pt 4.0pt">
<a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/post/2013/01/01/College-Cevenol-1938-1944-2"><span style="color: #4F6228; font-family: Wingdings; font-size: 14.0pt; line-height: 115%; mso-bidi-font-family: Wingdings; mso-fareast-font-family: Wingdings; mso-list: Ignore; mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%; mso-style-textfill-fill-color: #4F6228; mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=; mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3; mso-themecolor: accent3; mso-themeshade: 128">
></span> <span style="color: #4F6228; font-size: 14.0pt; line-height: 115%; mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%; mso-style-textfill-fill-color: #4F6228; mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=; mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3; mso-themecolor: accent3; mso-themeshade: 128">
Chapitre suivant : 1938–1944 . LA PÉRIODE HÉROÏQUE</span></a></h3>
<h3 style="margin-left:18.0pt;text-indent:-18.0pt;mso-list:l0 level1 lfo1; border:none;mso-border-alt:solid #4F6228 .5pt;mso-border-themecolor:accent3; mso-border-themeshade:128;padding:0cm;mso-padding-alt:1.0pt 4.0pt 1.0pt 4.0pt">
<span style="color: #4F6228; font-family: Wingdings; font-size: 14.0pt; line-height: 115%; mso-bidi-font-family: Wingdings; mso-fareast-font-family: Wingdings; mso-list: Ignore; mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%; mso-style-textfill-fill-color: #4F6228; mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=; mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3; mso-themecolor: accent3; mso-themeshade: 128">
></span> <span style="color: #4F6228; font-size: 14.0pt; line-height: 115%; mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%; mso-style-textfill-fill-color: #4F6228; mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=; mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3; mso-themecolor: accent3; mso-themeshade: 128">
<a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/post/2013/01/04/College-Cevenol-1938-1988-Sommaire">Retour
au sommaire</a></span></h3>
<h3 style="margin-left:18.0pt;text-indent:-18.0pt;mso-list:l0 level1 lfo1; border:none;mso-border-alt:solid #4F6228 .5pt;mso-border-themecolor:accent3; mso-border-themeshade:128;padding:0cm;mso-padding-alt:1.0pt 4.0pt 1.0pt 4.0pt">
<span style="color: #4F6228; font-family: Wingdings; font-size: 14.0pt; line-height: 115%; mso-bidi-font-family: Wingdings; mso-fareast-font-family: Wingdings; mso-list: Ignore; mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%; mso-style-textfill-fill-color: #4F6228; mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=; mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3; mso-themecolor: accent3; mso-themeshade: 128">
></span> <span style="color: #4F6228; font-size: 14.0pt; line-height: 115%; mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%; mso-style-textfill-fill-color: #4F6228; mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=; mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3; mso-themecolor: accent3; mso-themeshade: 128">
<a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/post/2013/01/04/College-Cevenol-1938-1988">Retour au début
de l’ouvrage</a></span></h3>
</div>
<p class="MsoNormal"> </p>
<div style="mso-element:para-border-div;border:solid #4F6228 1.0pt;mso-border-themecolor: accent3;mso-border-themeshade:128;mso-border-alt:solid #4F6228 .5pt;mso-border-themecolor: accent3;mso-border-themeshade:128;padding:1.0pt 4.0pt 1.0pt 4.0pt">
<p class="MsoNormal" style="border: none; mso-border-alt: solid #4F6228 .5pt; mso-border-themecolor: accent3; mso-border-themeshade: 128; mso-padding-alt: 1.0pt 4.0pt 1.0pt 4.0pt; padding: 0cm; text-align: center">
<strong style="mso-bidi-font-weight: normal"><span style="font-size:8.0pt;line-height:115%;color:#4F6228;mso-themecolor: accent3;mso-themeshade:128;mso-style-textfill-fill-color:#4F6228;mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3;mso-style-textfill-fill-alpha:100.0%;mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=">
©Extrait de LE COLLÈGE CÉVENOL À CINQUANTE ANS – Petite histoire d’une grande
aventure - OLIVIER HATZFELD<br />
Tous droits réservés - Éditeur Collège Cévenol - Dépôt légal 2e trimestre 1989
– Version numérique AACC 2013</span></strong></p>
</div>
<strong>
Collège Cévenol 1938-1944 (2)
urn:md5:ca44cb0127dc63f40e2a02759bf70dac
Tuesday 1 January 2013
Laurent
Documents
<h1><span style="color: #4F6228; font-size: 20.0pt; line-height: 115%; mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%; mso-style-textfill-fill-color: #4F6228; mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=; mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3; mso-themecolor: accent3; mso-themeshade: 128">
LA PÉRIODE HÉROÏQUE</span></h1>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%"><br /></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Malgré la modestie des débuts, l’année
scolaire 1938-39 fut assez encourageante pour que l’École Nouvelle Cévenole,
telle était alors son appellation officielle, fasse annoncer dans la presse
protestante un cours de vacances pour Tété 1939, et pour la rentrée d’octobre
l’ouverture de classes qui permettraient de suivre tout le cycle
secondaire.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">En même temps, le corps professoral
s’élargissait. À Pâques 1939, Mlles Lucie Pont et Renée Grétillat, toutes deux
professeurs au collège Lucie Berger de Strasbourg, viennent en visite au
Chambon; l’une est littéraire, l’autre mathématicienne; elles sont intéressées
par la pédagogie qui commence à se dessiner à l’École Nouvelle Cévenole : une
grande attention aux besoins particuliers de chaque élève, une autre position
du professeur, qui fait de lui un aide pour l’élève et non pas un juge, la
liberté pour l’enseignant de s’exprimer, sans se sentir bridé par les
programmes et instructions officielles, ce qui n’exclut pas le souci de la
préparation aux examens; enfin, et surtout, l’atmosphère libérale et familiale
de cette école nouvelle. Il faut se rappeler ce qu’était alors, et ce qu’est
restée jusqu’en 1968, la discipline des grands établissements scolaires :
élèves muets en classe, et qui ne se permettaient pas de parler s’ils n’étaient
pas interrogés, déplacements en rangs d’une salle de cours à une autre,
etc.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Grâce à ce renfort « à la rentrée de 1939,
l’École Nouvelle Cévenole a quarante élèves qui y suivent tout leur programme,
et aussi des élèves du cours complémentaire qui viennent se joindre aux
premiers pour les classes de langue. Étant données les circonstances, ils sont
autorisés à suivre des cours à l’École Nouvelle Cévenole : c’est “l’union
sacrée”, Au Chambon, des familles venues pour l’été décident de s’y fixer, le
père étant mobilisé; des familles des départements de l’Est s’y réfugient; des
pensions qui ne recevaient des enfants que l’été décident d’en recevoir toute
l’année<sup>(10)</sup>.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">« L’école Nouvelle Cévenole est déclarée
aux autorités académiques comme école privée géminée, dirigée par Mlle Pont et
M. Theis. De nouveaux professeurs viennent enseigner. ››</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Voici donc venu le temps de la guerre puis
de la défaite, du gouvernement de Vichy et de<span style="mso-spacerun:yes"> </span> l’occupation. C’est la guerre, ce sont les
lois de Vichy, et en particulier le statut des juifs (3 octobre 1940); c’est
l’occupation d’une partie puis de toute la France qui expliquent ce qu’est
devenue l’École Nouvelle Cévenole. En effet, histoire de l’École Nouvelle
Cévenole ne se comprendrait pas si on ne la plaçait dans l’histoire du Chambon;
et 1”histoire du Chambon elle-même est une part de L’histoire de la France, de
l’Europe et du monde. Si l’l1istoirc de ces cinq années est assez bien connue
maintenant, à l’échelle nationale comme à l’échelle mondiale, il n’en est pas
de même de L’histoire du Chambon. Malgré quelques tentatives fragmentaires,
celle-ci reste encore à écrire<sup>(11)</sup>, ce qui est de moins en moins
facile, à mesure que disparaissent les acteurs et les témoins. Il nous faut
donc tenter d’en mettre en valeur ici quelques aspects, tout en sachant que
nous ne pourrons donner une vue exacte ni complète de ce qui a été hors du
commun.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Le Chambon, en 1941, semblait être en paix
sur sa montagne. Mais L’idée de bénéficier d’un oasis tranquille parmi un monde
dc souffrance était insupportable à André Trocmé. Il eut d’abord l’idée de
partager la vie des prisonniers des camps d’internement qui avaient été
installés dans le sud du pays pour des réfugiés républicains espagnols, mais où
étaient détenus, de plus en plus, et dans des conditions lamentables, des
ressortissants allemands, souvent juifs, qui avaient cru trouver un asile en
France. Il fit la connaissance, dans cette intention, de Burns Chalmers,
responsable de la délégation des Quakers américains (American</span>
<span style="font-size:14.0pt; line-height:115%;mso-ansi-language:EN-US" lang="EN-US">Friends</span> <span style="font-size: 14.0pt;line-height:115%">Service</span> <span style="font-size: 14.0pt;line-height:115%;mso-ansi-language:EN-US" lang="EN-US">Committee</span><span style="font-size:14.0pt;line-height:115%">) à Marseille. Chalmers le persuada que ce
serait inutile. D’autres organisations, en particulier la CIMADE, faisaient
déjà ce qu’il était possible de faire. Mais ces organisations essayaient de
faire sortir des camps des enfants, qu’on ne savait pas où placer ensuite. Le
Chambon pouvait-il les recevoir? André Trocmé porta la question au conseil
presbytéral de sa paroisse, et avec son accord fut installée la première
pension d’enfants réfugiés, les Grillons. L’entretien de ces enfants fut assuré
par des fonds qui transitèrent par Genève, grâce à des émissaires courageux.
Ces enfants vinrent grossir l’effectif de l’École Nouvelle Cévenole et de
l’école primaire.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Il est très important qu’André Trocmé
n’ait pas répondu à Burns Chalmers avant d’en avoir discuté en conseil
presbytéral. C’est par ce moyen que la population du Chambon prit conscience de
ce qu’elle pouvait faire, et décida de le faire en toute connaissance des
risques. Décision qui ne fut jamais remise en cause par la suite.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Après les Grillons, ce fut la Maison des
Roches qui s’ouvrit pour recevoir des jeunes gens, également sortis des camps
du Midi, ou menacés d’y être envoyés. Cette fois, ce fut avec les moyens du
Fonds Européen de Secours aux Étudiants et du pasteur américain Tracy Strong,
responsable de ce fonds.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Ce furent aussi deux maisons, la Guespy et
Faïdoli, grâce au Secours Suisse aux enfants, et le Coteau Fleuri, grâce à la
CIMADE.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">En même temps que ces jeunes réfugiés pris
en charge par des institutions, vinrent d’autres personnes en quête de
sécurité; des isolés parfois, et surtout des familles, le plus souvent juives;
parfois sous leur nom, souvent sous un nom d’emprunt. Grâce à un véritable
réseau tissé peu à peu, et dont Magda Trocmé fut en fait la première
animatrice, tous purent être logés, selon leurs besoins et leurs moyens, les
uns dans une ferme écartée, les autres dans un appartement pour touristes, dans
une famille, dans une pension. Chaque jour pouvait apporter des questions
nouvelles et imprévues.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">À côté de ces réfugiés proprement dits, se
sont repliés au Chambon des enfants et des familles qui n’étaient pas
spécialement menacés, mais qui étaient attirés par la réputation naissante de
l’École Nouvelle, et par l’espoir d’un ravitaillement plus aisé qu’en
ville.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Le logement n’était pas la seule
difficulté. A beaucoup de ces réfugiés, il a fallu fournir de nouvelles pièces
d’identité, des cartes d’alimentation. De fausses cartes furent fabriquées: un
réfugié s’en fit une spécialité; mais des vraies, ou presque, furent fournies
aussi par les employés de la municipalité. M. Guillon ayant été révoqué, M.
Grand, le nouveau maire, pourtant nommé par le préfet, ne pouvait ignorer ce
trafic; il fit semblant.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Le ravitaillement était un problème
quotidien; les commerçants firent des prodiges; les cultivateurs furent
généreux. Aucun n’a profité des circonstances pour s’enrichir; c’eût été
pourtant facile.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Ce grand élan de soutien aux réfugiés fut
entretenu par la vie paroissiale et sous deux formes, en plus des visites que
les pasteurs continuaient à faire dans les familles. Le dimanche, le temple
était plein; on y venait autant pour se retrouver dans une communauté que pour
écouter la prédication donnée le plus souvent par A. Trocmé, mais aussi par E.
Theis, par les pasteurs Vienney et Braemer, qui enseignaient à l’École Nouvelle
Cévenole, par le pasteur Poivre, retraité, mais qui hébergeait chez lui
quelques pensionnaires. Prédication dont les principaux thèmes étaient
l’obéissance à Dieu, le refus de l’injustice, la recherche de la paix
fraternelle.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Plus originales ont été les réunions de
quartiers. En dehors du bourg, Le Chambon comportait encore une forte
population paysanne disséminée dans des hameaux ou quartiers, groupant quelques
fermes. Sans moyen de transport, les habitants de ces quartiers se sentaient
isolés. Le pasteur leur conseillait de se réunir, une fois par semaine, a la
veillée, pour lire ensemble la Bible et prier; mais il a vite compris que ces
réunions ne seraient vivantes et régulières que s’il venait, pour les animer,
quelqu’un de l’extérieur; les professeurs de l’École Nouvelle Cévenole
pouvaient être ces animateurs. D’où l’idée de réunir chaque semaine quelques
volontaires pour une étude biblique que chacun répercutait le lendemain dans le
quartier dont il était responsable.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Les jeunes du village et ceux de l’École
Nouvelle Cévenole se sont retrouvés nombreux dans le scoutisme. Un professeur
de gymnastique a pu mettre sur pied quatre troupes d’Éclaireurs Unionistes; il
a aidé les jeunes chefs à se former avec l’appui du pasteur de Tence, ancien
chef éclaireur lui-même et passionné de sciences naturelles. Quand ce
professeur partit au maquis en 1942, il fut remplacé par un autre, nouvellement
arrivé, et dont la femme forma plusieurs cheftaines pour les meutes de
louveteaux.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Si Le Chambon a été le centre de ce grand
mouvement d’accueil, il faut préciser que les paroisses voisines y ont
participé avec autant de détermination, et aussi les habitants catholiques du
Chambon. Les pasteurs et les fidèles de Tence, de Devesset, du Mazet, de Mars,
de Saint-Agrève, en liaison avec ceux du Chambon, ont aussi accueilli, parfois
cache’ et soigné, des réfugiés. Et bien qu’il y eût, surtout en 1941 et 1942,
des partisans convaincus du maréchal Pétain la comme ailleurs, il faut admirer
qu’il n’y eut que très peu de dénonciations dans la région.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Les autorités ne pouvaient cependant
ignorer ce qui se passait. Au Chambon fut installé un commissaire de police,
qui fut abattu, au Chambon même, mais par des maquisards venus d’ailleurs. Les
autorités ont certainement su que l’École Nouvelle Cévenole n’organisait pas de
cérémonie quotidienne de salut aux couleurs; quelques élèves, au début, ont
rejoint, de l’autre côté de la rue, les élèves du cours complémentaire qui,
eux, voyaient le drapeau monter chaque jour, puis une fois par semaine, puis
plus du tout.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Elles n’ont pu ignorer que les cloches du
temple n’ont pas sonné, le 1°’ août 1941, pour <span style="mso-spacerun:yes"> </span>l’anniversaire de la fondation de la Légion,
malgré les ordres venus d’en haut et l’insistance de quelques partisans
convaincus de Vichy.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Plus grave, le refus de la direction de
l’École Nouvelle Cévenole de donner la liste des professeurs et élèves
israélites, refus motivé par écrit par le pasteur, la discrimination raciale
étant contraire à ses convictions.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">L’incident qui mit en évidence la
dissidence du Chambon fut, au mois d’août 1942, la visite de M. Lamirand,
ministre de la jeunesse. Non seulement il fut reçu avec une froideur à laquelle
il n’était pas habitué, mais encore un groupe de grands élèves lui remettaient
la lettre suivante :</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><em style="mso-bidi-font-style: normal"><span style="font-size:14.0pt;line-height:115%">Monsieur le Ministre,</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><em style="mso-bidi-font-style: normal"><span style="font-size:14.0pt;line-height:115%">Nous avons appris les scènes d’épouvante
qui se sont déroulées, il y a trois semaines à Paris, où la police française
aux ordres de la puissance occupante a arrêté dans leurs domiciles toutes les
familles juives de Paris pour les parquer au Vel d’Hiv. Les pères ont été
arrachés à leurs familles et déportés en Allemagne, les enfants arrachés à
leurs mères qui subissaient le même sort que leurs maris. Sachant par
expérience que les décrets de la puissance occupante sont, à bref délai,
imposés á la France non occupée, où ils sont présentés comme des décisions
spontanées du chef de l’État français, nous craignons que les mesures de
déportation de juifs ne soient bientôt appliquées en zone sud.</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><em style="mso-bidi-font-style: normal"><span style="font-size:14.0pt;line-height:115%">Nous tenons å vous faire savoir qu’il y a
parmi nous un certain nombre de juifs, Or, nous ne faisons pas de différence
entre juifs et non-juifs. C’est contraire à l’enseignement
évangélique.</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><em style="mso-bidi-font-style: normal"><span style="font-size:14.0pt;line-height:115%">Si nos camarades, dont la seule faute est
d’être nés dans une autre religion, recevaient l’ordre de se laissez déporter
ou même recenser, ils désobéiraient aux ordres reçus et nous nous efforcerions
de les cacher de notre mieux.</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Le ministre pâlit et ne répondit pas; le
préfet le fit à sa place, en s’adressant, au-delà des porteurs de cette lettre,
à André Trocmé lui-même, et termina ainsi : « Si vous n’êtes pas prudent,
c’est vous que je serai obligé de faire déporter. » </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Effectivement, quinze jours après cette
visite, une grande rafle fut tentée au Chambon. Le directeur de la police
départementale, avec plusieurs cars de gendarmerie, vint chercher les juifs
cachés dans la commune. André Trocmé, convoqué, refusa évidemment de donner
leurs noms et leurs résidences et, avec l’aide des Éclaireurs, organisa leur
dispersion. Malgré trois semaines de recherches, menées parfois sans grande
conviction, les gendarmes repartirent sans avoir trouvé aucun juif.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Les choses ne pouvaient en rester là. « En
février 1943<sup>(13)</sup>, Roger Darcissac, Édouard Theis et André Trocmé
sont arrêtés et conduits par des gendarmes au camp d’internement de
Saint-Paul-d’Eyjeaux, près de Limoges. Ils y ont vécu cinq semaines
tranquilles, en compagnie d’autres "indésirables”, comme on disait alors… Les
deux pasteurs sont autorisés à organiser des cultes et des études bibliques
suivis par des détenus, non protestants pour la plupart.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">« Un jour, le chef de camp convoque les
trois Chambonnais et leur annonce qu’ils sont libérés, mais qu’ils doivent
signer un texte où ils affirment qu’ils s’engagent à respecter la personne du
maréchal, et qu’ils adhèrent à la Révolution nationale. Les deux pasteurs
refusent de signer le second engagement. Alors, le chef du camp en réfère à
Vichy par téléphone, Il ne les relâchera que le lendemain. Ils apprendront plus
tard que le préfet de la Haute-Loire, puis le pasteur Marc Boegner, membre du
Conseil national de l’État français siégeant à Vichy, sont intervenus en leur
faveur.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%"><span style="mso-spacerun:yes"> </span>« Quant à leurs camarades d’internement,
quelques-uns seront libérés bientôt, sans qu’on leur demande de signer
l’engagement, mais la plupart seront déportés en Allemagne dans les camps de la
mort<sup>(14)</sup>. »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Plus dramatique fut l’arrestation des
étudiants résidant à la Maison des Roches. Ce ne furent pas les gendarmes, mais
la police allemande qui vint arrêter, en juin 1943, les habitants de cette
maison, pour la plupart étudiants réfugiés d’Espagne ou d’Europe centrale, mais
aussi parmi eux quelques Français boursiers de l’École Nouvelle Cévenole, que
Édouard Theis y avait installés pour rapprocher les deux groupes linguistiques,
et Daniel Trocmé, un cousin d’André, auquel celui-ci avait fait appel pour être
responsable de cette maison.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Deux purent s`échapper; un troisième, qui
avait quelques jours plus tôt sauvé un soldat allemand d’une noyade dans le
Lignon, fut récupéré grâce in une vigoureuse et rapide intervention de Magda
Trocmé. Les autres, y compris Daniel Trocmé, furent emmenés; sept d’entre eux
seulement sur vingt-trois sont revenus.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">On se demande encore maintenant ce que la
Gestapo cherchait aux Roches, et s`il n’y avait pas, parmi les pensionnaires,
une personnalité qui lui importait particulièrement.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Avertis, par des voix différentes, qu’ils
étaient de nouveau recherchés, André Trocmé et Édouard Theis disparurent dans
la clandestinité, de l’automne 1943 au printemps 1944.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">A. Trocmé resta dans les environs, dans
l’Ardèche, l’Isère, la Drôme. Pris dans une rafle à la gare de Perrache, il ne
put s’échapper, et son fils Jacques avec lui, que grâce à une extraordinaire
présence d’esprit.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Édouard Theis, lui, se mit au service de
la CIMADE et contribua, comme passeur, à conduire en Suisse des réfugiés, à
travers les montagnes de la Haute-Savoie, ce qui était aussi difficile que
dangereux.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">La prédication non-violente d’André Trocmé
et Édouard Theis a touché fortement les paroissiens du Chambon, même si elle ne
les a pas tous convaincus. Mais elle ne pouvait pas atteindre de la même façon
les environs. En Haute-Loire et en Ardèche, dans les régions boisées, éloignées
des grandes villes, de circulation difficile, des “maquis”, groupes de
résistants armés, se sont organisés peu à peu. En Ardèche, ils appartenaient
aux F.T.P., en Haute-Loire à l’A.S.; les premiers plus révolutionnaires et plus
combatifs; les seconds plus gaullistes et plus soucieux de ne pas faire courir
de risques inutiles aux populations. Mais les frontières territoriales et
idéologiques ne pouvaient être claires, et Trocmé eut à regretter plusieurs
actions des F.T.P., soit parce qu’elles étaient brutales ou injustes, soit
parce qu’elles pouvaient provoquer des représailles de la part des troupes
allemandes et mettre en danger Le Chambon, soit simplement parce qu’il
désapprouvait toute violence.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">L’un des chefs de la Résistance, Léon
Eyraud, dit Noël, était du Chambon; son activité était surtout de
renseignement; de plus, il connaissait les filières menant en Espagne et les
moyens d`obtenir de faux papiers; n’aimant pas les violences inutiles, il
contribua à calmer des jeunes trop entreprenants. L’autre, le commandant Fayol,
était venu de Marseille. Il connaissait l’École Nouvelle Cévenole, où son fils
était élève sous un autre nom. Tous deux avaient de l’estime pour Trocmé, et
réciproquement.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Plusieurs hommes du village, et en
particulier des jeunes, qui n’étaient pas élèves du Collège, ont rejoint le
maquis et ont eu des responsabilités sous les ordres du commandant
Fayol.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Trocmé et Theis ont certainement regretté
que certains grands élèves se joignent au maquis, en 1943, et surtout aux
F.T.P., et ceci d’autant plus que certains de ces élèves étaient de futurs
étudiants en théologie. Ils étaient trop respectueux du prochain pour condamner
ceux à qui la lutte armée apparaissait comme un devoir, mais ils ne pouvaient
supporter qu’on prétende mener une guerre sainte, ou qu’on essaye de former un
maquis chrétien. C’est ce qu’ils essayèrent de faire comprendre à ces garçons,
un jour qu’ils étaient venus demander les coupes de communion du temple pour
célébrer la Sainte Cène au maquis.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">À partir du début de l’année 1944,
l’effectif des maquis se gonfla par l’arrivée de jeunes venus des villes, et
qui venaient autant pour se soustraire au Service du Travail Obligatoire et au
départ pour l’Allemagne, que par patriotisme. Il fallait impérativement les
encadrer. Le commandant Fayol demanda instamment à un des professeurs et à
quelques grands élèves, qui n’avaient pas voulu interrompre leurs études en
1942, en particulier des futurs théologiens, de prendre le maquis. Ce qu’ils
firent sans que Trocmé ni Theis n’essayent de les en dissuader. Ils
participèrent aux combats de juillet et août, et à la prise du Puy; ensuite,
presque tous revinrent au Chambon, sans suivre le commandant Fayol qui
s’apprêtait à rejoindre, avec sa troupe, une unité des Forces Françaises Libres
<sup>(16)</sup>.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">On peut s’étonner, en revoyant ces quatre
années. Bien sûr, l’affaire de la Maison des Roches a rappelé que la menace de
la police de Vichy, de l’armée allemande et de la Gestapo était proche et
constante; mais, à part ce drame, la menace n’a eu que peu d’exécution, alors
que Le Chambon a pratiquement vécu toutes ces années en état de rébellion
contre les autorités. Ailleurs, la poigne de ces autorités a été beaucoup plus
rude.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Le Chambon n’a eu à déplorer ni
représailles (même après l’assassinat d’un commissaire de police), ni
déportation d’otages. Faut-il penser, comme le font certains, qu’une main
tutélaire s’est étendue sur Le Chambon? C’est une hypothèse qu’il est difficile
de vérifier faute de témoignages assez certains<sup>(17)</sup>.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%"> </span></p>
<div style="mso-element:para-border-div;border:none;border-top:solid windowtext 1.0pt; mso-border-top-alt:solid windowtext .5pt;padding:1.0pt 0cm 0cm 0cm">
<p class="MsoNormal" style="line-height:normal;border:none;mso-border-top-alt: solid windowtext .5pt;padding:0cm;mso-padding-alt:1.0pt 0cm 0cm 0cm">
<em style="mso-bidi-font-style:normal"><span style="font-size:12.0pt">(10) 30
ans d’histoire…</span></em></p>
</div>
<p class="MsoNormal" style="line-height:normal"><em style="mso-bidi-font-style: normal"><span style="font-size:12.0pt">(11) Ou à publier;
Mlle Maher en effet a écrit cette histoire, qui n’est pas encore éditée. Voir
aussi les Documents du Société d’Histoire de la Montagne.</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height:normal"><em style="mso-bidi-font-style: normal"><span style="font-size:12.0pt">(12) Texte
reconstitué de mémoire par A. Trocmé. Sur tout cet épisode, voir: Histoire des
débuts…, et Ph. Hallie, ouvrage cité.</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height:normal"><em style="mso-bidi-font-style: normal"><span style="font-size:12.0pt">(13) 30 ans
d’histoire…</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height:normal"><em style="mso-bidi-font-style: normal"><span style="font-size:12.0pt">(14) C’est surtout
en tant que président de l’Église Réformée de France que pouvait agir M.
Boegner, en ce cas comme en beaucoup d’autres. Voir: Les clandestins de Dieu,
Cimade, Ed. Fayard, l968. D’après les souvenirs inédits d’A. Trocmé, il n’est
nullement assuré que le préfet soit intervenu (information communiquée par M.
Jacques Trocmé).</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height:normal"><em style="mso-bidi-font-style: normal"><span style="font-size:12.0pt">(15) Ph. Hallie,
qui n’a enquêté que dans l’entourage proche d’André et de Magda Trocmé, semble
les avoir ignorés, Son sujet n’était d’ailleurs pas l’histoire du
Chambon.</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height:normal"><em style="mso-bidi-font-style: normal"><span style="font-size:12.0pt">(16) Ph. Hallie
confond les deux départs du Collège vers le maquis, qui ont en cependant des
caractères très différents.</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height:normal"><em style="mso-bidi-font-style: normal"><span style="font-size:12.0pt">(17) Piste de
recherche indiquée par Ph. Hallie, mais qu’il a renoncé à
suivre.</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height:normal"><em style="mso-bidi-font-style: normal"><span style="font-size:12.0pt"> </span></em></p>
<div style="mso-element:para-border-div;border:solid #4F6228 1.0pt;mso-border-themecolor: accent3;mso-border-themeshade:128;mso-border-alt:solid #4F6228 .5pt;mso-border-themecolor: accent3;mso-border-themeshade:128;padding:1.0pt 4.0pt 1.0pt 4.0pt">
<h3 style="margin-left:18.0pt;text-indent:-18.0pt;mso-list:l0 level1 lfo1; border:none;mso-border-alt:solid #4F6228 .5pt;mso-border-themecolor:accent3; mso-border-themeshade:128;padding:0cm;mso-padding-alt:1.0pt 4.0pt 1.0pt 4.0pt">
<span style="color: #4F6228; font-family: Wingdings; font-size: 14.0pt; line-height: 115%; mso-bidi-font-family: Wingdings; mso-fareast-font-family: Wingdings; mso-list: Ignore; mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%; mso-style-textfill-fill-color: #4F6228; mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=; mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3; mso-themecolor: accent3; mso-themeshade: 128">
></span> <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/post/2013/01/01/College-Cevenol-1938-1944-3">Chapitre
suivant : 1938–1944 . LE COLLÈGE DURANT L’0CCUPATION</a></h3>
<h3 style="margin-left:18.0pt;text-indent:-18.0pt;mso-list:l1 level1 lfo2; border:none;mso-border-alt:solid #4F6228 .5pt;mso-border-themecolor:accent3; mso-border-themeshade:128;padding:0cm;mso-padding-alt:1.0pt 4.0pt 1.0pt 4.0pt">
<a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/post/2013/01/04/College-Cevenol-1938-1988-Sommaire"><span style="color: #4F6228; font-family: Wingdings; font-size: 14.0pt; line-height: 115%; mso-bidi-font-family: Wingdings; mso-fareast-font-family: Wingdings; mso-list: Ignore; mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%; mso-style-textfill-fill-color: #4F6228; mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=; mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3; mso-themecolor: accent3; mso-themeshade: 128">
></span> <span style="color: #4F6228; font-size: 14.0pt; line-height: 115%; mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%; mso-style-textfill-fill-color: #4F6228; mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=; mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3; mso-themecolor: accent3; mso-themeshade: 128">
Retour au sommaire</span></a></h3>
<h3 style="margin-left:18.0pt;text-indent:-18.0pt;mso-list:l1 level1 lfo2; border:none;mso-border-alt:solid #4F6228 .5pt;mso-border-themecolor:accent3; mso-border-themeshade:128;padding:0cm;mso-padding-alt:1.0pt 4.0pt 1.0pt 4.0pt">
<a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/post/2013/01/04/College-Cevenol-1938-1988"><span style="color: #4F6228; font-family: Wingdings; font-size: 14.0pt; line-height: 115%; mso-bidi-font-family: Wingdings; mso-fareast-font-family: Wingdings; mso-list: Ignore; mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%; mso-style-textfill-fill-color: #4F6228; mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=; mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3; mso-themecolor: accent3; mso-themeshade: 128">
></span> <span style="color: #4F6228; font-size: 14.0pt; line-height: 115%; mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%; mso-style-textfill-fill-color: #4F6228; mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=; mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3; mso-themecolor: accent3; mso-themeshade: 128">
Retour au début de l’ouvrage</span></a></h3>
</div>
<p class="MsoNormal"> </p>
<div style="mso-element:para-border-div;border:solid #4F6228 1.0pt;mso-border-themecolor: accent3;mso-border-themeshade:128;mso-border-alt:solid #4F6228 .5pt;mso-border-themecolor: accent3;mso-border-themeshade:128;padding:1.0pt 4.0pt 1.0pt 4.0pt">
<p class="MsoNormal" style="border: none; mso-border-alt: solid #4F6228 .5pt; mso-border-themecolor: accent3; mso-border-themeshade: 128; mso-padding-alt: 1.0pt 4.0pt 1.0pt 4.0pt; padding: 0cm; text-align: center">
<strong style="mso-bidi-font-weight: normal"><span style="font-size:8.0pt;line-height:115%;color:#4F6228;mso-themecolor: accent3;mso-themeshade:128;mso-style-textfill-fill-color:#4F6228;mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3;mso-style-textfill-fill-alpha:100.0%;mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=">
© Extrait de</span></strong> <strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><span style="font-size:8.0pt;line-height:115%;color:#4F6228;mso-themecolor:accent3; mso-themeshade:128;mso-style-textfill-fill-color:#4F6228;mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3;mso-style-textfill-fill-alpha:100.0%;mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=">
LE COLLÈGE CÉVENOL À CINQUANTE ANS – Petite histoire d’une grande aventure -
OLIVIER HATZFELD<br />
Tous droits réservés - Éditeur Collège Cévenol - Dépôt légal 2e trimestre 1989
– Version numérique AACC 2013</span></strong></p>
</div>
Collège Cévenol 1938-1944 (3)
urn:md5:d58eb9ed6a200ce84a77caf16c47c1b3
Tuesday 1 January 2013
Laurent
Documents
<p></p>
<p></p>
<h3><span style="color: #4F6228; font-size: 20.0pt; line-height: 115%; mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%; mso-style-textfill-fill-color: #4F6228; mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=; mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3; mso-themecolor: accent3; mso-themeshade: 128">
LE COLLÈGE DURANT L’0CCUPATION</span></h3>
<p class="MsoNormal"> </p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Dans cet environnement inquiet, agité,
aventureux, l’École Nouvelle Cévenole a essayé, et a souvent réussi à donner à
ses élèves une formation utile. Sans dire que les élèves de 1’Ecole Nouvelle
Cévenole ont été heureux (qui l’a été en ces années ?), on peut dire que dans
les limites des possibilités de l’époque et de leur âge, ils n’ont pas vécu
dans l’accablement, au contraire. L’École n’essayait pas de faire oublier la
guerre, mais d’en dominer les horreurs, et de remplacer la crainte par
l’espoir. Le moyen essentiel a été la qualité du travail et l’affabilité des
relations.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Dans l’universelle incertitude, au moins
l’emploi du temps était régulier, les devoirs rendus à la date fixée et les
leçons apprises en temps voulu. Dans un cadre stable, on se sent en sécurité.
Les enseignants ont montré pour leurs matières un intérêt communicatif, même
quand elles paraissaient étrangères à l’actualité. Ils ont instruit leurs
élèves, non pour les distraire des tourments du monde, mais parce que ces
tourments devaient passer, et que l’instruction resterait. L’actualité n’était
pas oubliée ou ignorée, mais remise à sa place.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Les élèves ont avec conscience, dans
l’ensemble, suivi les enseignants, ayant confiance dans des professeurs qui
leur assuraient qu’un jour ces travaux leur seraient utiles. Bien sûr, il y eut
des élèves meilleurs et d’autres moins bons, mais dans l’ensemble le niveau
scolaire a été élevé.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Pourtant, matériellement, rien n’était
facile. Du fait de l’afflux des réfugiés, le nombre des élèves passe de 40 en
1939 à 150 en 1940, 250 en 1941, 300 en 1942, 350 en 1943. Parmi ces réfugiés,
la plupart vivent dans des pensions, d’autres dans leurs familles quand elles
ont pu trouver un logement, le plus souvent un appartement prêt pour des
touristes.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Outre les réfugiés, le Collège compte
parmi ses élèves ceux pour qui il a été créé : des enfants du pays et des
enfants de familles protestantes des villes, confiés au Chambon à la fois pour
qu’ils y soient à l’abri et bien nourris, el qu’ils reçoivent une éducation
chrétienne.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">S’ajoutèrent les “futurs théologiens", une
vingtaine de jeunes gens qui préparaient le baccalauréat en vue des études de
théologie; c’est parmi ces jeunes “à vocation tardive” que furent recrutés
plusieurs chefs des troupes d’éclaireurs.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Les élèves qui ont pu souffrir de cette
diversité sont les enfants du pays : moins habiles à la parole que ceux des
villes, moins intéressés par les événements extérieurs, ils ont pu avoir
tendance à se mettre à l’écart et à rester trop discrets.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Dès 1940, les salles annexes du temple ne
suffisent plus. D’autres salles vont être louées ou empruntées pour y installer
des classes. Si les Genêts offrent quelques salles confortables et un logement
pour quelques internes, le vieil hôtel Sagne, en face de la gare, quoique plus
central, est moins heureux; les poêles à bois tirent mal et en hiver il faut
choisir entre la fumée et le manque de chauffage. C’est pourtant là qu’une
ébauche de secrétariat est installée. On utilise aussi la maison en
construction de Gabriel Eyraud, près du temple, et parfois le sous-sol ou le
grenier d’une pension.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">En principe, les élèves restent dans leurs
salles de classe et ce sont les professeurs qui profitent des récréations pour
se déplacer; c’est souvent une véritable course contre la montre, surtout si on
se rappelle que les professeurs, comme les élèves, sont souvent chaussés de
sabots ou de galoches, et qu’il faut se déchausser pour entrer dans certaines
salles, se rechausser ensuite, et en hiver, tenter de se protéger de la neige
et du froid. C’est un casse-tête pour Mlle Pont, responsable des emplois du
temps, qui essaye d’éviter à ses collègues de trop nombreux
déplacements.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">L’École Nouvelle Cévenole, en ces années,
ne semble pas avoir eu de difficulté à recruter des professeurs.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Au contraire, se sont proposées de
nombreuses bonnes volontés, soit pour se mettre à l’abri, soit attirés par
l’originalité de l’École Nouvelle Cévenole et de l’esprit du Chambon. Parmi ces
professeurs, les uns n’ont fait qu’un court séjour et sont repartis chez eux
après la guerre; d’autres sont restés quatre ans et plus; d’autres se sont
implantés au Chambon plus ou moins définitivement. Les uns avaient déjà une
expérience de l’enseignement, d’autres pas. Tous ont bénéficié des conseils de
Mlle Pont ou de ses avis et commentaires.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Toujours disponible, toujours prête à
accueillir une innovation pédagogique quand elle lui paraissait utile, toujours
efficace pour aider à sa réalisation, toujours informée sans être curieuse ou
indiscrète, Mlle Pont a su allier l’humour et la rigueur, le soin du détail et
la vision d’ensemble. En particulier pendant les absences de M. Theis, c’est
elle qui a maintenu la cohésion du Collège et su se faire aider en répartissant
une part des responsabilités. Mais surtout il faut retenir que Mlle Pont aimait
les élèves, aimait enseigner, aimait ces moments où les élèves suivent,
travaillent, sentent qu’ils acquièrent quelque chose, qu’ils progressent. C’est
la passion du professeur, et elle a su la faire partager.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Les fonctions de M. Theis étaient
différentes. C’est d’abord sur lui que reposait l”adn1inistration du Collège.
Même si elle était réduite à l’essentiel, il fallait bien que les professeurs
soient payés, le plus souvent de la main à la main, mais régulièrement; que les
locations de locaux soient assurées; que la rentrée des écolages soit
contrôlée. Pendant quelques années, toute l’administration du Collège fut
contenue dans un petit carnet noir que M. Theis ne quittait pas. Avant son
internement à Saint-Paul-d’Eyjeaux, il avait pu mettre sur pied un système plus
élaboré dont était responsable Mme Decourdemanche.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">M. Theis était aussi responsable des
relations extérieures du Collège, si l’on peut dire. Malgré la bonne volonté
générale et la bonne tenue de l’ensemble, il est arrivé des incidents. Certains
habitants et commerçants du Chambon peuvent avoir été convaincus, en principe,
du devoir d’accueillir des étrangers, tout en restant, en pratique, choqués par
des détails de comportement. On n’était pas habitué, au Chambon, à voir des
garçons et des filles sortir ensemble, ou s’asseoir sur les mêmes bancs du
temple, pas plus qu’à entendre chanter, au sortir d’une réunion, tard dans la
soirée.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Peut-on dire qu’il a été l’aumônier du
Collège? M. Theis a toujours tenu, comme M. Trocmé, à ce que le Collège ne
constitue pas une entité religieuse distincte, mais soit partie intégrante de
la paroisse. Les élèves et les professeurs protestants n’auraient pas eu
L’idée, le dimanche, d’aller à un autre culte que celui du temple, ou parfois
dans une paroisse voisine.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Mais le Collège pouvait avoir des besoins
religieux particuliers. Comme toute autre instruction, l’instruction religieuse
demande que soient pris en compte l’âge et la culture des élèves; c’est
pourquoi, sous des formes qui ont varié, une formation religieuse fut ajoutée
dans certaines classes aux matières de l’enseignement général. Le mercredi
matin, un culte réunissait au temple élèves et professeurs protestants; les
autres pouvaient venir, y sont venus parfois; on y a vu des parents.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">« Respect de la liberté spirituelle de
chacun, et affirmation des exigences de la foi chrétienne: nul ne se serait
avisé d’exercer une quelconque pression sur un catholique ou un juif pour
l’amener à s’associer à la vie religieuse de l`École ou de l’Église réformée.
Pourtant, spontanément, beaucoup de non-protestants y participaient, peut-être
parce que les questions vitales de ce temps y étaient abordées courageusement,
à la vive lumière de l’Évangile<sup>(18)</sup>. »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">La foi peut être contagieuse; au point
qu’une dame réfugiée, juive d’origine, mais solidement incroyante, lisait
chaque soir à sa fille une page de Voltaire, pour la garder de tout risque de
conversion. Cas unique de défiance, probablement, comme l’atteste la plaque que
ces réfugiés, ou leurs enfants, quarante ans plus tard, ont placée en face du
temple.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Ce qui est devenu le Collège Cévenol
s’appelait alors l’École Nouvelle Cévenole. Cévenole, en mémoire des résistants
pour la foi des XVII° et XVIII° siècles; Nouvelle, parce que ses fondateurs
voulaient se placer dans la ligne pédagogique <span style="mso-spacerun:yes"> </span>de quelques écoles qui s’étaient ouvertes en
Europe et en Amérique, et dans la continuité, en particulier, des classes
nouvelles dont M. Gustave Monod avait encouragé l’ouverture dans les lycées
publics.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">L’École Nouvelle Cévenole a-t-elle mérité
son nom ? Sans aucun doute elle n’était pas un collège comme les autres, et on
y trouve dès cette époque plusieurs éléments d’une pédagogie qui ne s’est
imposée ailleurs que trente ou quarante années plus tard. Sous le nom d’École
Nouvelle Cévenole ou de Collège Cévenol, le Collège a été novateur, non pas
pour le plaisir d’innover ou de se singulariser, mais parce qu’il a senti la
nécessité des évolutions et qu’il a trouvé, avant d’autres, des solutions aux
problèmes que posaient les transformations de la société.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Il n’y a pas eu seulement adaptation;
toute la réflexion ou la recherche pédagogique du Chambon a été soutenue par
une idée de l’homme, une philosophie ou une anthropologie chrétienne. M. Theis
en a été le porteur; même s’il n’a senti que rarement le besoin de l’exprimer,
on sent cette pensée solide comme sous-jacente aux décisions qu’il a prises,
aux oppositions qu’il a parfois faites à certaines initiatives, aux
encouragements qu’il a donnés à d’autres.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">L’originalité la plus visible de l’École
Nouvelle Cévenole était la mixité. Pourquoi ne pas faire travailler ensemble
garçons et filles ? Les arguments furent exactement ceux qui ont été développés
ailleurs plus tard. Autre originalité: certains travaux d’élèves peuvent être
notés, si une note les aide à mieux mesurer les efforts à faire; mais les
élèves ne sont pas classés. On veut éviter le glissement inévitable entre deux
propositions: la composition de X… est meilleure que celle de Y…,
et<span style="mso-spacerun:yes"> </span> vaut plus que Y… L’élève doit
considérer que son voisin n’est pas un rival, qu’il faudrait essayer de
dépasser, mais un prochain avec qui il va être bon de travailler. D’ailleurs,
il n’y a pas de bons, ni surtout de mauvais élèves; il y a des élèves qui ont
des facultés différentes, el des professeurs qui savent (ou, hélas, qui ne
savent pas toujours, mais qui devraient) s’adresser à chacun selon ce qu’il
peut entendre et ce qu’il peut faire.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Cette personnalisation de l’enseignement
est possible dans des classes dont l’effectif dépasse rarement
vingt.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Chaque fois que cela est possible,
l’écoute d’un cours est remplacée par une activité. L’estrade symbolique, qui
marque la supériorité du maître, n’existe pas; ainsi, le maître est parmi ses
élèves, travaille avec eux, avec chacun d’eux, ou parfois avec chaque groupe,
si le travail en groupes est possible. Une année, en troisième, le cours de
géographie a été entièrement supprimé; les élèves, par groupes de cinq ou six,
ont fabriqué un cours, en utilisant divers manuels, de la documentation mise à
leur disposition et toute celle qu’ils ont pu trouver; en bénéficiant aussi, il
est vrai, de l’aide, des conseils, des informations complémentaires du
professeur.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Ces activités ne se limitent pas à
l’enseignement : un théâtre de marionnettes a fonctionné, fabriqué par des
élèves qui ont écrit aussi les textes; au moins une pièce de théâtre a été
jouée, et pas une pièce facile : <em style="mso-bidi-font-style:normal">On ne
badine pas avec l’amour</em>. À pied ou en vélo, de nombreuses classes ont fait
des sorties avec leurs professeurs et le naturaliste a été très
demandé.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Les élèves sont traités avec respect,
c’est-à-dire qu’ils sont écoutés; c’est une question d’attitude chez
l’enseignant, qui essaye moins d’imposer que de convaincre, et accepte
éventuellement d’être convaincu; il peut s’agir du choix d’un texte littéraire
à étudier, d’une méthode de travail, d’un but de sortie. La parole est donnée
officiellement à des chefs de classe, choisis par leurs camarades, qui peuvent
se montrer énergiques auprès d’un enseignant ou de la direction, et participent
au conseil de discipline, s’il s’en tient.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Au total, il est banal de dire que le
Collège repose sur la confiance, des élèves dans les professeurs, des
professeurs dans les élèves, des élèves et des professeurs entre eux. Il n’est
pas exceptionnel de laisser les élèves faire, sans surveillance, un travail en
temps limité : il n’y a aucun copiage, et le chef de classe s’en porte garant.
Climat exceptionnel, dû pour une part aux circonstances: la conscience d’être
ensemble pour affronter des difficultés et des dangers communs; la conviction
que bien travailler était un moyen de lutter contre l’oppression en préparant
une société plus juste; le sentiment de partager les mêmes émotions et de
réagir de même façon aux évènements.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">« En vérité, j’ai très rarement retrouvé,
depuis, la vie intense et pleine que nous avons connue “là-haut", pendant ces
quatre années, avec ses échanges continuels entre personnes si différentes, ce
partage des épreuves, ces discussions, ces heures de paix, ces angoisses, et
bien sûr ce travail scolaire qu’éclairaient des professeurs à l’âme
hospitalière…<sup>(19)</sup>. »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Durant l’été 1944, Le Chambon connut, avec
les joies de la Libération, trois drames qui n’ont pas été oubliés. Le docteur
Le Forestier, jeune, brillant, très estimé, fut arrêté au Puy, quelques jours
avant l’évacuation de la ville par les Allemands; il fut victime de sa
générosité et d’une imprudence, ayant accepté de transporter deux maquisards
qui avaient caché un revolver sous les coussins de sa voiture. Emmené à Lyon,
il aurait être envoyé en Allemagne. Mais l’armée allemande quitta Lyon
précipitamment, et se débarrassa des prisonniers qui lui restaient par une
exécution massive à Saint-Genis-Laval.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">La libération avait donné l’occasion à
quelques jeunes maquisards plus ou moins originaires du Chambon d’y revenir,
avec l’espoir de s’y faire admirer. Peu habitués aux armes, ils les maniaient
sans les précautions élémentaires que connaît un vrai combattant. L’un d’eux
laissa traîner un revolver; un autre joua avec, le croyant, vide; il restait
une halle qui tua une de ses amies, Manou Barraud. Manou était la fille de Mlle
Barraud, unanimement aimée et respectée, qui tenait une pension ou elle avait
logé des élèves et parfois caché des clandestins; Manou était élève au Collège,
très populaire parmi ses camarades, et de plus cheftaine de Louveteaux. Sa mort
fut ressentie comme une absurdité.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Ses camarades, restés au Chambon malgré
les vacances - il n’était pas question d’entreprendre de voyager cet été là -
se sentirent vieillir en un jour.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Cette absurdité de la vie et de la mort
submergea Le Chambon quelques jours plus tard quand mourut accidentellement
Jean-Pierre Trocmé, l’aîné des fils d’André et Magda. Âgé de quatorze ans,
Jean-Pierre en paraissait plus, physiquement et intellectuellement. De
caractère aussi passionné que son père, il avait le den d’aller au-devant des
gens et d’attirer les sympathies. Même si on a pu reconstituer les
circonstances de sa mort, son départ fut incompréhensible à tous ses amis,
c’est-à-dire à tous les jeunes du Chambon, collégiens et autres.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%">Il fallait admettre que la vie est pleine
d’évènements injustes, et auxquels on ne peut trouver aucune signification, et
que la foi n’est pas une assurance contre le malheur. À leur âge, c’était
difficile. C’est pourtant le message que voulut transmettre André Trocmé. Trop
affecté pour parler, il en chargea un professeur qui avait des liens
particuliers avec Jean-Pierre, étudiant le grec avec lui depuis plusieurs
semaines en traduisant le Nouveau Testament. Quand le cercueil de Jean-Pierre
fut porté au temple, puis au cimetière, par quatre chefs
Éclaireurs<sup>(20)</sup>, les collégiens présents sentirent qu’une part de
leur enfance était terminée.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><span style="font-size:14.0pt; line-height:115%"> </span></p>
<div style="mso-element:para-border-div;border:none;border-top:solid #4F6228 1.0pt; mso-border-top-themecolor:accent3;mso-border-top-themeshade:128;mso-border-top-alt: solid #4F6228 .5pt;mso-border-top-themecolor:accent3;mso-border-top-themeshade: 128;padding:1.0pt 0cm 0cm 0cm">
<p class="MsoNormal" style="line-height:normal;border:none;mso-border-top-alt: solid #4F6228 .5pt;mso-border-top-themecolor:accent3;mso-border-top-themeshade: 128;padding:0cm;mso-padding-alt:1.0pt 0cm 0cm 0cm">
<em style="mso-bidi-font-style: normal"><span style="font-size:12.0pt">(18)
Témoignage de Paul Combier dans: Christ et France - Sur le roc, mensuel réformé
évangélique, Alès, juin 1982.</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height:normal;border:none;mso-border-top-alt: solid #4F6228 .5pt;mso-border-top-themecolor:accent3;mso-border-top-themeshade: 128;padding:0cm;mso-padding-alt:1.0pt 0cm 0cm 0cm">
<em style="mso-bidi-font-style: normal"><span style="font-size:12.0pt">(19)
Paul Combier, article cité, que nous regrettons de ne pouvoir recopier en
entier pour la joie de quelques très anciens.</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height:normal;border:none;mso-border-top-alt: solid #4F6228 .5pt;mso-border-top-themecolor:accent3;mso-border-top-themeshade: 128;padding:0cm;mso-padding-alt:1.0pt 0cm 0cm 0cm">
<em style="mso-bidi-font-style: normal"><span style="font-size:12.0pt">(20) Et
non par des maquisards, comme l’écrit Philip Hallie. C’est faux, et cela
n’aurait eu aucun sens. Même s’il se trouvait qu’ils étaient provisoirement,
plus ou moins, dans le maquis.</span></em></p>
</div>
<p class="MsoNormal" style="line-height:normal"><em style="mso-bidi-font-style: normal"><span style="font-size:10.0pt"> </span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="line-height:normal"><em style="mso-bidi-font-style: normal"><span style="font-size:10.0pt"> </span></em></p>
<div style="mso-element:para-border-div;border:solid #4F6228 1.0pt;mso-border-themecolor: accent3;mso-border-themeshade:128;mso-border-alt:solid #4F6228 .5pt;mso-border-themecolor: accent3;mso-border-themeshade:128;padding:1.0pt 4.0pt 1.0pt 4.0pt">
<h3 style="margin-left:18.0pt;text-indent:-18.0pt;mso-list:l0 level1 lfo1; border:none;mso-border-alt:solid #4F6228 .5pt;mso-border-themecolor:accent3; mso-border-themeshade:128;padding:0cm;mso-padding-alt:1.0pt 4.0pt 1.0pt 4.0pt">
<span style="color: #4F6228; font-family: Wingdings; font-size: 14.0pt; line-height: 115%; mso-bidi-font-family: Wingdings; mso-fareast-font-family: Wingdings; mso-list: Ignore; mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%; mso-style-textfill-fill-color: #4F6228; mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=; mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3; mso-themecolor: accent3; mso-themeshade: 128">
> </span> <span style="color: #4F6228; font-size: 14.0pt; line-height: 115%; mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%; mso-style-textfill-fill-color: #4F6228; mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=; mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3; mso-themecolor: accent3; mso-themeshade: 128">
Chapitre suivant : 1945-1953 . <span style="mso-spacerun:yes"> </span>LA CONSTRUCTION DU COLLÈGE</span></h3>
<h3 style="margin-left:18.0pt;text-indent:-18.0pt;mso-list:l0 level1 lfo1; border:none;mso-border-alt:solid #4F6228 .5pt;mso-border-themecolor:accent3; mso-border-themeshade:128;padding:0cm;mso-padding-alt:1.0pt 4.0pt 1.0pt 4.0pt">
<a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/post/2013/01/04/College-Cevenol-1938-1988-Sommaire"><span style="color: #4F6228; font-family: Wingdings; font-size: 14.0pt; line-height: 115%; mso-bidi-font-family: Wingdings; mso-fareast-font-family: Wingdings; mso-list: Ignore; mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%; mso-style-textfill-fill-color: #4F6228; mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=; mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3; mso-themecolor: accent3; mso-themeshade: 128">
> </span> <span style="color: #4F6228; font-size: 14.0pt; line-height: 115%; mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%; mso-style-textfill-fill-color: #4F6228; mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=; mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3; mso-themecolor: accent3; mso-themeshade: 128">
Retour au sommaire</span></a></h3>
<h3 style="margin-left:18.0pt;text-indent:-18.0pt;mso-list:l0 level1 lfo1; border:none;mso-border-alt:solid #4F6228 .5pt;mso-border-themecolor:accent3; mso-border-themeshade:128;padding:0cm;mso-padding-alt:1.0pt 4.0pt 1.0pt 4.0pt">
<a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/post/2013/01/04/College-Cevenol-1938-1988"><span style="color: #4F6228; font-family: Wingdings; font-size: 14.0pt; line-height: 115%; mso-bidi-font-family: Wingdings; mso-fareast-font-family: Wingdings; mso-list: Ignore; mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%; mso-style-textfill-fill-color: #4F6228; mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=; mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3; mso-themecolor: accent3; mso-themeshade: 128">
> </span> <span style="color: #4F6228; font-size: 14.0pt; line-height: 115%; mso-style-textfill-fill-alpha: 100.0%; mso-style-textfill-fill-color: #4F6228; mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=; mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3; mso-themecolor: accent3; mso-themeshade: 128">
Retour au début de l’ouvrage</span></a></h3>
</div>
<p class="MsoNormal"> </p>
<div style="mso-element:para-border-div;border:solid #4F6228 1.0pt;mso-border-themecolor: accent3;mso-border-themeshade:128;mso-border-alt:solid #4F6228 .5pt;mso-border-themecolor: accent3;mso-border-themeshade:128;padding:1.0pt 4.0pt 1.0pt 4.0pt">
<p class="MsoNormal" style="border: none; mso-border-alt: solid #4F6228 .5pt; mso-border-themecolor: accent3; mso-border-themeshade: 128; mso-padding-alt: 1.0pt 4.0pt 1.0pt 4.0pt; padding: 0cm; text-align: center">
<strong style="mso-bidi-font-weight: normal"><span style="font-size:8.0pt;line-height:115%;color:#4F6228;mso-themecolor: accent3;mso-themeshade:128;mso-style-textfill-fill-color:#4F6228;mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3;mso-style-textfill-fill-alpha:100.0%;mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=">
© Extrait de</span></strong> <strong style="mso-bidi-font-weight:normal"><span style="font-size:8.0pt;line-height:115%;color:#4F6228;mso-themecolor:accent3; mso-themeshade:128;mso-style-textfill-fill-color:#4F6228;mso-style-textfill-fill-themecolor: accent3;mso-style-textfill-fill-alpha:100.0%;mso-style-textfill-fill-colortransforms: lumm=">
LE COLLÈGE CÉVENOL À CINQUANTE ANS – Petite histoire d’une grande aventure -
OLIVIER HATZFELD<br />
Tous droits réservés - Éditeur Collège Cévenol - Dépôt légal 2e trimestre 1989
– Version numérique AACC 2013</span></strong></p>
</div>
Jérôme Savary au Chambon sur Lignon
urn:md5:561b04cef4143d87412dddcc2aae8499
Monday 3 January 2011
Laurent
Années 50
<p><a title="jerome-savary.jpg" href="http://collegecevenol.pasteur.ch/public/images/jerome-savary.jpg"><img title="jerome-savary.jpg, oct. 2012" style="float: right; margin: 0 0 1em 1em;" alt="jerome-savary.jpg" src="http://collegecevenol.pasteur.ch/public/images/.jerome-savary_m.jpg" /></a><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/J%C3%A9r%C3%B4me_Savary">Jérôme SAVARY</a> est né
en Argentine en juin 1942. Il a tout juste 6 ans lorsque ses parents, un père
fermier-écrivain normand et une mère fille d’un gouverneur de l’Etat de
New-York, se séparent. Sa mère regagne la France avec ses trois enfants. Elle
veut que ceux-ci grandissent à l’air pur et profitent d’un collège
franco-américain de bonne réputation. Elle vient donc au début des années 1950
s’installer, route de St- Agrève, à un kilomètre du centre du bourg du
Chambon.</p>
<h1>Jérôme ira d’abord à l’école communale</h1>
<p>A travers bois et prairies, il se rend à l’école du village. En hiver, il
chausse les skis et revient chez lui le soir quand il fait déjà nuit avec la
peur de l’aventurier perdu au milieu de la forêt ! Il garde pourtant un bon
souvenir de l’école communale, de ses maîtresses, Mme Ferrier, Mlle Varnier…
et aime côtoyer les fils de paysans qui sont ses camarades. Il va le soir les
voir dans leurs fermes et à l’occasion participe à leurs travaux. Dans son
enfance, chaque ferme, perdue dans la neige, parfois complètement isolée,
surmontée d’une fumée bleue, annonce un bon feu. Et combien de fois dans ses
randonnées de trappeur s’est-il réfugié dans ces cuisines qui sentaient
l’étable, à boire un bol de lait bourru avec ces paysans rudes, silencieux,
souvent revêches mais profondément accueillants. De cette enfance passée dans
la nature, il pense d’ailleurs tenir le goût pour l’utilisation des éléments
naturels au théâtre : feu, eau, neige et vent. Il écrit ainsi dans son
autobiographie : “Je me souviens des maçons qui construisaient notre maison au
Chambon-sur-Lignon. Ils chantaient en travaillant. La repasseuse de la
blanchisserie chantait. L’électricien, le boulanger chantaient…” (1)</p>
<h1>C’est ensuite le Collège</h1>
<p>A 11 ans, avec son frère Victor, il quitte, après ses études primaires sans
problème, l’école communale et ses copains du village pour aller au Collège
Cévenol. “C’était un collège à l’américaine, avec des bâtiments dispersés au
milieu des bois. L’ambiance y était bucolique, les professeurs gentils et
compréhensifs, les salles de classe de plain-pied avec la nature.” Et c’est là
que l’adolescent va découvrir un monde nouveau avec la magie du théâtre. En
effet, une fois par trimestre, qu’il neige ou qu’il vente, un vieil autocar,
chargé de forêts en carton-pâte et de robes de princesse, grimpe sur la route
tortueuse de Saint Etienne et s’arrête au Chambon-sur- Lignon devant le cinéma
“ Foyer Cévenol “. C’est la troupe de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Dast%C3%A9">Jean Dasté</a>, le précurseur de
la décentralisation théâtrale en milieu rural. Les acteurs n’avaient pas peur
de braver la froidure et les congères pour porter le théâtre au village. Jean
Dasté adaptait ses mises en scène au cadre d’une salle désuète pour jouer les
grands classiques de Molière, de Shakespeare ! Dès le décor installé, la troupe
allait casser la croûte à l’Hôtel Central. Jérôme les suivait en catimini et
observait, le nez collé à la vitrine du restaurant, la jeune première qui
n’était autre que <a href="http://www.collegecevenol.org/index.php/post/2010/09/26/Retrospective-Delphine-Seyrig">
Delphine Seyrig</a>, également élève au Collège Cévenol ! Puis à l’heure du
spectacle : “je tremblais d’émotion dans mon fauteuil d’orchestre, comme
halluciné, dans un état second.”</p>
<h1>La résolution de devenir artiste</h1>
<p>Dans les années 1950, le “Foyer Cévenol” ne donne pas seulement les beaux
spectacles de Jean Dasté mais aussi, chaque samedi et dimanche, un film avec
Garry Cooper chevauchant dans le Grand Canyon, Charlot découvrant les lumières
de la ville, Marilyn descendant de l’autobus à Los Angeles… Comment vivre
dans un petit village de la Haute-Loire quand l’on a vu cela ?<br />
“Maman, je veux être artiste” claironne Jérôme à chaque repas.<br />
Avec un groupe de collégiens de sa classe, il monte aussi un petit orchestre de
jazz et joue lui-même de la batterie, au fond d’un garage, chaque dimanche
après-midi. A quoi bon apprendre le latin et l’algèbre ! Ses résultats sont
déplorables ! Jérôme fait même la grève des cours pendant plusieurs semaines.
Il ne désire que quitter la montagne vellave et partir pour Paris. Sa mère
comprenant que son désir est sincère accepte qu’il monte à Paris pour suivre en
même temps que ses études secondaires des cours d’art. Jérôme Savary avait 15
ans alors, en 1957 !<br />
Des années plus tard, après 19 ans passés aux Etats-Unis, et grâce au tremplin
chambonnais, il sera assez solide pour se propulser loin et haut dans sa
vocation “d’artiste”. Tout lui sourit : la fanfare des Arts Déco, la Compagnie
Jérôme Savary, le grand Magic Circus, la direction du Théâtre de Chaillot,
l’Opéra comique…. Il pensait alors : “Jérôme, tu es le plus heureux des
hommes ! Pourvu que ça dure !”.</p>
<h4>Gérard Bollon.</h4>
<h5>Le Journal du Chambon sur Lignon n°100 Décembre 2011</h5>
<h6>(1) “Ma vie commence à 20H30”.- Ed. Stock, 1991.</h6>
LE COIN DU BOIS
urn:md5:86baedf9e9d4efdc2fab9949c570ee1c
Monday 29 November 2010
Laurent
Années 60
<p><a title="Le_coin_du_bois.jpg" href="http://collegecevenol.pasteur.ch/public/images/Le_coin_du_bois.jpg"><img title="Le_coin_du_bois.jpg, nov. 2010" style="margin: 0 auto; display: block;" alt="Le_coin_du_bois.jpg" src="http://collegecevenol.pasteur.ch/public/images/.Le_coin_du_bois_m.jpg" /></a></p>
<p>Pension externe du Collège Cévenol dirigée à l’époque par Monsieur
<strong>Eric Monnier</strong> et sa deuxième ou troisième femme d’origine
allemande et qui, aussi, enseignait la langue de Goethe au Collège. Les enfants
MONNIER étaient aussi sur place et dont je me souviens de certains prénoms
:<br />
<strong>Odile</strong> qui, si ma mémoire est bonne, travaillait chez le
photographe du village à côté de la pâtisserie. Elle circulait avec un scooter
«Vespa» gris ; fumait ses gauloises en nombre et était maman d’un bébé. Elle
nous aidait quand nous avions des soucis avec nos cours d’anglais. Il y avait
<strong>Annette</strong> plus âgée que nous tous et qui était me semble t-il en
terminale.<br />
<strong>Monique et Florence</strong> élèves au collège et qui dans la maison
aidaient au service à table apportant ces grandes platées de « nourriture »
confectionnées par la « cuisinière » <strong>Emilie</strong> (on y reviendra).
Il y avait aussi des garçons Monnier mais je ne me souviens pas des
prénoms.<br />
<br />
Tout d’abord il faut rappeler que l’on accédait à l’intérieur de la maison que
par la porte de la cave (avec interdiction formelle d’utiliser la porte
principale cette issue étant toujours verrouillée) sans oublier de s’être
déchaussé dans un local assez lugubre dont les murs étaient couverts de casiers
en bois ouverts et chaque pensionnaire en avait un . L’on y mettait toutes nos
chaussures. De temps en temps quelque pensionnaire s’amusait à un mélange de
chaussures… Ensuite nous avions accès à l’étage où il y avait la grande salle à
manger, la cuisine, un salon, la salle d’étude, le bureau d’Eric Monnier dans
lequel certains d’entre nous passèrent des moments difficiles et d’où l’on
ressortait obligatoirement puni. Dans les étages les chambres de 4,3 et 2 lits
assez sommairement meublées : lits, une ou deux chaises, une table une armoire
(dans les chambres à quatre pas d’armoire mais chacun avait une table de nuit
faisant office de petit placard). A chaque étage un coin WC. Au deuxième la
salle de bain avec une rangée de cinq ou six lavabos et une douche dont l’eau
chaude était fournie par une bouteille de gaz.<br />
L’on prenait deux douches par semaines et cela se passait lors des séances
d’études. A tour de rôle l’on y allait, à savoir qu’entre le moment où l’on
quittait la salle d’étude et que l’on y revenait nous avions en tout et pour
tout un quart d’heure pour aller chercher nos affaires de toilette dans la
chambre et se doucher. Malheur à celui qui dépassait le temps imparti car
Monnier montait et nous faisait sortir de la salle de bains peu importe l’état
dans lequel nous étions (encore couverts de savon ou bien mouillés) la lanière
de cuir du porte-clés jouant son rôle en cinglant nos fesses ou dos.<br />
Tant pis pour celui qui n’avait pas assez d’eau chaude (bouteille de gaz
vide…).<br />
Nous devions tous amener de quoi faire notre lit. La consigne était : chaque
matin défaire son lit, plier draps et couvertures avant le petit-déjeuner. Le
lit étant fait au retour des cours et avant le déjeuner.<br />
Monnier faisant le tour des chambres pour voir si cela était bien respecté.
Malheureusement certains d’entre nous osaient ne pas suivre les règles et
trouvaient toute la literie jetée par la fenêtre et quelque soit la météo…Par
chance matelas et châssis de lit restaient dans la chambre. Ces lancers
punitifs étaient effectués lorsque nous étions encore tous à table pour le
petit déjeuner et l’on voyait par les fenêtres passer draps et
couvertures.<br />
Un jour l’un d’entre nous, adepte acharné de lecture, a poursuivi cette
activité dans son lit, après l’extinction des feux, mettant le feu à sa
literie, par chance sans plus de conséquences qu’un matelas un peu brûlé. On ne
sait comment il a pu échapper au courroux de Monsieur Monnier….</p>
<h3>Emilie</h3>
<p>La cuisinière Emilie, femme qui à l’époque devait avoir une bonne
quarantaine d’années et avait une « chambre » au sous-sol. D’un physique très
peu avenant et d’une propreté plus que douteuse, il lui manquait un morceau de
mollet et elle ne connaissait pas l’épilation. Visage non entretenu avec une
que naissante. Elle portait la même blouse plusieurs jours de suite. Cuisinière
était pour elle une nomination plus que surfaite car les plats qu’elle
préparait ne faisaient que nous nourrir; la qualité, voire la quantité, étant
plus que médiocre. Un soir, le coup de sifflet annonce le dîner, tout le monde
descend des chambres et une fois assis nous avons tenté d’ingurgiter une soupe
que personne ne put accepter. Monnier dû se rendre à l’évidence et ramassa les
assiettes sans rien dire, la suite du repas fut froide, dans tous les sens du
terme…. Le lendemain aucun d’entre nous ne descendit pour le repas. Monnier eut
beau faire le tour des chambres personne ne bougea.<br />
Il ne faut pas oublier les deux chats de la maison qui siégeaient dans la
cuisine au milieu des plats et qui parfois se servaient.<br />
Monnier s’occupait de la grande table et servait chacun d’entre nous que l’on
aime ou pas. Aucun choix. Mme Monnier s’occupait d’une autre table avec le même
rituel. Les filles Monnier (Monique et Florence) avaient chacune une petite
table à charge.</p>
<h3>Une manifestation !</h3>
<p>Je ne sais plus pour quelle occasion, la quasi-totalité du Cévenol se
retrouva, un jour de classe, au village. Nous savions par Monnier qu’il ne nous
autorisait pas à y aller. Rien ne fit. La majorité des pensionnaires sont
descendus au village outrepassant les ordres. Un certain nombre d’entre nous
avions repéré Monnier au volant de sa Dauphine blanche et l’on tentait de se
cacher ; ceux qui étaient découverts prirent une « engueulade » et étaient
ramenés au Coin du Bois en voiture et ensuite consignés dans les chambres,
privés de déjeuner. Monnier faisant plusieurs fois le trajet. D’autres
sanctions tombèrent par la suite et la lanière de cuir de son porte-clés cingla
le derrière de quelques têtes. Objet que chacun a bien connu car manié avec
prestance et rapidité, il faut dire que Monnier l’avait en permanence entre les
mains et rares étaient les fois ou cette lanière était attachée à sa
ceinture.</p>
<h3>Le goûter</h3>
<p>De retour des cours enfin d’après-midi ; nous avions droit à une ou deux
tartines (pain plus ou moins dur….pas de gâchis) de beurre(en était-ce vraiment
?) et confiture. Cela se passait soit à l’intérieur soit dans le « pré ». Des
tartines supplémentaires, oui mais selon l’humeur de la cuisinière.</p>
<h3>Sus au porridge !</h3>
<p>Certains matins d’hiver, l’on servait du porridge au petit-déjeuner, si mes
souvenirs sont exacts ce mets était confectionné par Madame MONNIER. C’était
bon (un évènement !)et le rab trop rare ; ceux qui arrivaient à avoir au moins
une cuillerée de plus se comptaient sur les doigts d’une main.</p>
<h3>La salle d’études</h3>
<p>La majorité des pensionnaires avaient une place dans cette salle sans aucun
confort (comme le reste de la maison d’ailleurs !) ; dans le fond de la pièce
un grand meuble fait de casiers sans fermetures. Tous les pensionnaires avaient
libre choix de se servir dans le casier d’un autre. A ce sujet il faut dire
qu’il y avait quand même un certain respect des affaires d’autrui. Des tables
individuelles et des tables à deux voire trois garçons meublaient cette pièce.
Pour faire respecter le silence et quand Monnier ne voulait se lever de son
bureau ; il jouait du fouet…J’ai personnellement évité la lanière sur une
oreille !<br />
Ceux des grandes classes avaient le droit de travailler dans les
chambres.<br />
Pour ceux qui n’avaient pas la chance d’être en salle d’études, ils
s’installaient dans la salle à manger sous la surveillance de Madame MONNIER.
Ces élèves n’avaient donc pas de casiers et avaient droit à une étagère dans le
bas du buffet-vaisselier. Les portes fermant très mal, les chats arrivaient
souvent à s’introduire dans le meuble et une fois sur trois faisaient leurs
besoins sur les cahiers et autres livres… Quel bonheur !!<br />
Les chaises servaient aussi dans la salle à manger et à chaque repas on les
trimballait d’un endroit à l’autre.</p>
<h3>Le salon</h3>
<p>Vous avez compris qu’au Coin du Bois les loisirs étaient peu nombreux.
L’exigüité des lieux limitait les possibilités. Le salon, pièce assez petite
dévolue à la lecture, meublée de quelques fauteuils dont l’un situé près de
l’unique fenêtre était réservé à Madame Monnier ou bien sa fille Odile (grosse
fumeuse de Gauloises). Un calme relatif y régnait. Quand par chance un fauteuil
se libérait la place était aussitôt occupée. Quand Mr. MONNIER arrivait, il
fallait de suite lui laisser une place auprès du vétuste poste de radio qu’il
mettait en fonction pour écouter « ses » informations. Alors, assez souvent
l’on voyait la pièce se vider de ses occupants.</p>
<h3>Le bonheur est dans le pré</h3>
<p>Quand le temps le permettait, nous nous retrouvions dans le jardin, après le
déjeuner ou en fin de journée pour discuter ou fumer. C’était une sorte de pré
jouxtant la pension. Par temps chaud, certains prenaient même des bains de
soleil. Monsieur Monnier lui était adepte du slip, façon Tarzan, manifestement
trop petit pour cacher son anatomie dont on apercevait régulièrement un
testicule qui dépassait. Derrière la maison il y avait une barre fixe, Mr.
MONNIER en était un grand adepte et portant son fameux slip… Certains
pensionnaires l’accompagnaient dans cette activité.</p>
<h3>Un anniversaire</h3>
<p>Le jour de notre anniversaire, Mr. MONNIER nous donnait un bon pour choisir
un disque chez l’unique disquaire du village. Il était convenu que par
politesse il fallait prendre un 45 tours. Une fois l’un d’entre nous choisit le
dernier album d’une idole française ( un 33 tours), finalement sur les conseils
des plus anciens il dut le changer.</p>
<h3>1960</h3>
<p>Les conditions de vie au Coin du Bois paraissent aujourd’hui un peu rudes,
mais c’était il y a 50 ans… La vie au Chambon c’était aussi le Collège, les
copains et copines, les profs, les dimanches au village, les ballades en forêt,
le ski en hiver, les jonquilles au printemps, les bains en jeans dans le Lignon
et pleins d’autres bons souvenirs.</p>
<h3>Noms de quelques uns des pensionnaires :</h3>
<ul>
<li>Christian SCHNEBELEN</li>
<li>Jack OPPENHEIM</li>
<li>Alain CREBEC (et son TEPPAZ)</li>
<li>Bernard MATHERN</li>
<li>Alain MATHERN</li>
<li>Philippe MATHERN</li>
<li>Pierre Olivier WANTZ</li>
<li>Akos B IRO</li>
<li>Francis ROBERT (fana de la barre fixe avec MONNIER)</li>
<li>Thierry ROBERT</li>
<li>Yves BELLET (parents ayant un hôtel à Valence)</li>
<li>Thierry GABERT</li>
<li>Daniel CLAVEROLLE</li>
<li>Bertrand DANGLADE (fana de voile)</li>
<li>Jean Philippe LANG (joueur de clarinette)</li>
<li>Armel MALAISE</li>
<li>Christian FLINIAUX</li>
<li>Jean Jacques REMBERT</li>
<li>Daniel MINOT (également avec son TEPPAZ)</li>
</ul>
<p><em>Alain CREBEC, Armel MALAIZE, Pierre Olivier WANTZ, ont participé à
l’élaboration de ce texte</em><br style="font-style: italic;" />
<em>Daniel MINOT 60/63</em></p>
<p>Lire aussi les commentaires et anecdotes du premier billet sur ce sujet
(très sommaire mais richement commenté) : <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/post/1967/09/19/Le-Coin-du-bois"><strong>"La pension Monnier : Le
Coin du bois"</strong></a></p>
Classe de 5eme 60/61
urn:md5:2eac86fa5dd954d7b71ebad1eef5913a
Sunday 14 November 2010
Laurent
Années 60
<a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/public/images/Photos_Catherine_Kuntz/Colcev_60-61_Classe_5eme.jpg" title="Colcev_60-61_Classe_5eme.jpg"><img src="http://collegecevenol.pasteur.ch/public/images/Photos_Catherine_Kuntz/.Colcev_60-61_Classe_5eme_m.jpg" alt="Colcev_60-61_Classe_5eme.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" title="Colcev_60-61_Classe_5eme.jpg, nov. 2010" /></a>AVIS DE RECHERCHE :<br />
Assis : Bernard REY, Jacques TAULELLE, Claude LEVU, (Fabrice RASCON enfant) (?)
LANG,<br />
Debouts : (…?), Thierry ROBERT, Éric PERRIER, (…?), (…?), Alain KNECHT,
Alain CRÉBEC, Danielle JOÉCELLE, Tony MABER (prof), Hélène ROCHER, Catherine
KUNTZ, (…?), (…?), (…?), Véronique MONET, Anne ROUVEYRAND.
CFD 70 ter, spécial Pentecôte 2009
urn:md5:55bd2c519597f6920a3ab8ce95dab604
Saturday 28 August 2010
Ex Nihilo
Evénements
<p><a href="http://www.collegecevenol.org/dotclear/public/documents/Image_1.jpg"><img style="margin: 0 1em 0 0; float: left;" alt="" src="http://www.collegecevenol.org/dotclear/public/documents/.Image_1_s.jpg" /></a>
Le CFD 70 ter, "spécial Pentecôte" est arrivé !<br />
Avec ces 52 pages, tout en couleur (pour la première fois dans l’histoire du
CFD), il vous restitue toute l"ambiance des festivités du
rassemblement de la Pentecôte 2009, célébrant le 70ème anniversaire du Collège
Cévenol, comme vous avez rêvé de les voir ou de les revoir.<br />
Les contributions ont été multiples, variées, pleines de fortes impressions et
d’heureuses photos : un vrai feu d’artifice.<br />
Un petit bijou à partager en famille et entre amis pour leur donner envie d’en
être la prochaine fois, et à conserver pour se rappeler ces moments uniques
vécus ensemble.<br />
Merci à Roland Mayer et Catherine Kuntz, qui ont bien voulu sacrifier tous
leurs loisirs pour mettre en page ce numéro.</p>
<p> </p>
<p><ins>Pour l’acquérir, une seule adresse :</ins></p>
<p><ins><a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/public/documents/CFD_Bon_de_Commande.doc.pdf">
<ins><strong>REMPLIR LE BON DE COMMANDE
CI-JOINT</strong></ins></a><br /></ins> <br />
<strong>Roland MAYER<br />
21a rue Rohan<br />
67230 BENFELD (FRANCE)</strong></p>
<p>Il vous est proposé à <strong>10€ le numéro</strong> (frais d’impression et
d’expédition) pour la France, à <strong>15€ pour l’étranger</strong>.<br />
Et si vous souhaitez régler <strong>en dollars, à 25$</strong> pour compenser
les frais bancaires.</p>
<p>Vous pouvez également encore acquérir le <strong>70 bis</strong> (il en
reste quelques uns).<br />
C’est le numero "souvenir" qui est paru à la Pentecote sur l’histoire (une
sélection d’histoire !) du Collège</p>
<p> </p>
<p><strong>Les expéditions démarreront dès le 21 janvier</strong>
: envoyez vos commandes tout de suite pour être les premiers servis.<br />
Et pour les commandes particulières, s’adresser directement à Roland par mail
(<a href="mailto:roland.mayer2@wanadoo.fr">roland.mayer2@wanadoo.fr</a>) ou par
téléphone : 0033(0)388743227.</p>
<p> </p>
<p><ins><strong>Trois formules de paiement :<br /></strong></ins> -
<strong>chèque bancaire</strong> à l’ordre de l’AACC<br />
- <strong>virement bancaire</strong> (LA BANQUE POSTALE – IBAN : FR96 2004 1000
0107 1034 4U02 074 – SWIFT/BIC : PSSTFRPPPAR )<br />
- <strong>paiement en ligne</strong> avec PayPal (en euros seulement) voir
ci-dessous</p>
<p> </p>
<p><strong>Règlement en ligne par PAYPAL :</strong></p>
<blockquote>
<form method="post" action="https://www.paypal.com/cgi-bin/webscr" target="paypal"><input value="_cart" name="cmd" type="hidden" /> <input value="laurent@pasteur.net" name="business" type="hidden" /> <input value="FR" name="lc" type="hidden" /> <input value="CFD" name="item_name" type="hidden" />
<input value="products" name="button_subtype" type="hidden" /> <input value="EUR" name="currency_code" type="hidden" /> <input value="1" name="add" type="hidden" /> <input value="PP-ShopCartBF:btn_cart_LG.gif:NonHostedGuest" name="bn" type="hidden" />
<table>
<tbody>
<tr>
<td><input value="Payer avec PayPal" name="on0" type="hidden" />Payer avec
PayPal (1)</td>
</tr>
<tr>
<td><select name="os0">
<option selected="selected" value="France">France €10,00</option>
<option value="Etranger">Etranger €15,00</option>
<option value="Soutien">Soutien €25,00</option>
</select></td>
</tr>
<tr>
<td><input value="Votre commentaire :" name="on1" type="hidden" />Votre
commentaire (2) :</td>
</tr>
<tr>
<td><input maxlength="60" name="os1" /></td>
</tr>
</tbody>
</table>
<input value="EUR" name="currency_code" type="hidden" /> <input value="France" name="option_select0" type="hidden" /> <input value="10.00" name="option_amount0" type="hidden" /> <input value="Etranger" name="option_select1" type="hidden" /> <input value="15.00" name="option_amount1" type="hidden" />
<input value="Soutien" name="option_select2" type="hidden" /> <input value="25.00" name="option_amount2" type="hidden" /> <input value="0" name="option_index" type="hidden" /> <input alt="PayPal - la solution de paiement en ligne la plus simple et la plus sécurisée !" src="https://www.paypal.com/fr_FR/FR/i/btn/btn_cart_LG.gif" name="submit" type="image" /> <img alt="" src="https://www.paypal.com/fr_FR/i/scr/pixel.gif" border="0" height="1" width="1" /></form>
</blockquote>
<p><strong>(</strong><em><strong>1) Sélectionnez le prix</strong> correspondant
à votre situation :<br />
- France : 10 €<br />
- Étranger : 15 €<br />
- Soutien : 25 €<br />
<strong>(2) Dans "Votre commentaire"</strong> rappeler votre nom, votre
adresse et le ou les numéros demandés "70 Ter" ou "70 Bis"<br />
Quand vous aurez cliqué sur "Ajouter au panier" vous pourrez indiquer le nombre
d’exemplaire total demandé.<br />
Par précaution confirmez par un mail distinct auprès de Roland :</em> <a href="mailto:roland.mayer2@wanadoo.fr"><em>roland.mayer2@wanadoo.fr</em></a></p>
<h6> </h6>
<h6>Et pour tout commentaire public (et félicitations aux auteurs par exemple)
écrire dans les "commentaires" de ce billet ci-dessous !</h6>
Affichons le College
urn:md5:f9b8662e9eb918c8ff5be9dbeb444b26
Sunday 2 May 2010
Laurent
Evénements
<p><img title="affichette_batisco-blog.jpg, mai 2010" style="margin: 0 1em 1em 0; float: left;" alt="" src="http://collegecevenol.pasteur.ch/public/images/Illustrations/.affichette_batisco-blog_m.jpg" />Participons
tous à cette grande campagne de promotion en faveur du Collège Cévenol. Tout le
monde peut y apporter sa contribution : c’est simple, rapide et.. forcement
bienvenu !</p>
<p><a href="http://www.collegecevenol.org/index.php/post/2010/04/22/Affichons-le-College">Rendez
vous sur le blog Collège Cevenol Forever pour participer ! (Cliquez
ici)</a></p>
<p>Laurent Pasteur</p>
1940-44
urn:md5:1bc5db076d3175aa57ee0bb87bfda56a
Wednesday 17 February 2010
Laurent
Années 40
<p>Les Années Chambon-sur-Lignon</p>
<h5>(extraits du livre de Françoise Lévy-Coblentz : « Il y a trois fois vingt
ans »)</h5>
<h2><img title="CIMG6651_la_ferme_du_Crouzet.JPG, fév. 2010" style="margin: 0 1em 1em 0; float: left;" alt="" src="http://collegecevenol.pasteur.ch/public/images/.CIMG6651_la_ferme_du_Crouzet_m.jpg" />La ferme du Crouzet</h2>
<p>Lorsque <strong>Georges</strong> loua à Monsieur <strong>Ferrier</strong> la
ferme du Crouzet, l’un des bâtiments annexes était encore occupé par la famille
<strong>Héritier</strong> en charge des bovins abrités dans la vaste étable
attenante à leur logis. (…) Monsieur Ferrier s’était retiré au Chambon,
abandonnant l’exploitation agricole à l’exception du produit laitier dont il
faisait commerce. Le potager, les terres arables et les pacages laissés en
friche furent inclus dans le fermage. Georges arpenta « ses » terres, retroussa
les manches d’une chemise molletonnée et se mit à l’ouvrage, car l’époque des
semailles approchait.<br />
A quatorze ans, il est facile de rebondir, d’explorer de nouveaux horizons en
laissant libre cours à la fantaisie. Il en alla tout autrement pour Georges et
pour <strong>Guite</strong> (Georges et Guite Coblentz, parents de l’auteur
NDLR). S’improviser fermier était un pari difficile à gagner. Ils le gagnèrent
au-delà de toute espérance. Cela tenait du prodige. J’étais alors trop
dispersée pour prendre pleinement conscience de leurs mérites.<br />
(…) Plusieurs kilomètres séparaient le Crouzet du Chambon. Pour nous protéger
des intempéries, Guite tailla des pèlerines dans d’épaisses couvertures de
laine teintes en bleu marine. Une précoce chute de neige fut l’occasion de les
étrenner. (…)<br />
Skis, pèlerines, chaussettes, sacs à dos lourdement chargés de livres et de
cahiers nous étions équipés pour la rentrée scolaire 42-43,(…).</p>
<h2>Les réseaux (1942-43)</h2>
<p>(…) De Lévy établis à Marseille en Simon avant leur arrivée au Chambon, ils
devinrent Fayol en s’engageant dans la Résistance dans leur Q.G. établi à La
Celle, une halte du tortillard qui desservait également le Crouzet avant la
gare du Chambon. Le réseau de la Résistance qui s’organisa dans la région
bouleversa la donne initiale axée essentiellement sur l’accueil des
persécutés.<br />
Le collège Cévenol dut faire face à l’afflux de nouveaux élèves dont certains
aînés avaient des activités dans la Résistance. Plusieurs professeurs vinrent
renforcer l’effectif en place insuffisant, ainsi de <strong>André
Hano</strong>, d’<strong>Olivier Hatzfeld</strong> et de notre ami le Hongrois
<a href="http://www.jstor.org/pss/3622686"><strong>Georges Vajda</strong></a>,
professeur de langues orientales à l’Ecole des Hautes Etudes puis à la
Sorbonne. Il remplaça notamment pour l’enseignement du latin et du grec le
pasteur Theis, lequel avait pour marotte les traductions de Mr. Bellessort…
mortellement ennuyeuses. Notre classe faute de place dans le bâtiment
principal, était reléguée dans une immense verrière, sorte de serre
désaffectée, dans laquelle un poêle peu efficace maintenait la température
autour de -6°. Nous gardions nos gants pour écrire. Malgré cela nos doigts
étaient éclatés d’engelures. Theis, stoïque, demeurait impassible, sauf le
matin où Puck, notre jeune chien loup m’ayant suivie sur le chemin de l’école
refusa de regagner la ferme. Il faisait trop froid pour le laisser dehors. Je
m’installai au fond de la classe près du poêle et le pris sur mes genoux. I1
s’endormit aussitôt. Arrivée de Theis.<br />
« - Mademoiselle Coblentz, au tableau.<br />
Je refile le chien endormi à mon voisin. Mais au son de ma voix, voilà Puck qui
s’échappe et me rejoint en agitant la queue. Je plaidai ma cause et celle de
mon chien.<br />
- Bon, pour cette fois, passons, mais que cela ne se reproduise plus… ».
Incident clos.<br />
Depuis l’arrivée de Vajda avaient été aménagées des salles de classe annexes et
nous quittâmes notre verrière frigorifique. Vajda était habitué à un auditoire
plus qualifié que le nôtre, mais il sut s’adapter et faire passer des
connaissances qui débordaient les limites du programme scolaire. Il ne donnait
pas l’impression de préparer ses cours, le dialogue primait, donnant à ceux qui
y participaient la chance de progresser rapidement. En dehors des cours, je le
croisais parfois, marchant tout emmitouflé, un livre à la main comme un curé
lisant son bréviaire. Un jour il m’arrêta au passage pour me proposer de me
donner des leçons d’hébreu. Pourquoi non ? Toute exploration de connaissances
nouvelles m’attirait (les maths exceptées). Mon maître logeait dans une petite
chambre sans confort à l’hôtel Barraud sis à l’entrée du village. Enveloppé
dans une couverture, il me montra les lettres de l’alphabet hébraïque, puis
nous passâmes au vocabulaire. - Que la lumière soit… même si ce n’était qu’un
début de lumière, c’était passionnant, distrayant pour Vajda à qui les journées
d’exil paraissaient interminables, car pour ses travaux personnels, il ne
disposait que du contenu de deux valises, ce qui me paraissait énorme mais ne
l’était pas pour lui. Ainsi nos leçons mettaient un peu de distraction dans la
monotonie du provisoire, ce grand savant étant incapable d’apprécier la beauté
du paysage environnant, ce qui me contrariait. Il tendait pour moi le miroir
d’un avenir brillant fondé sur l’étude des langues mortes. Comment pouvait-il
mettre ainsi entre parenthèses les malheurs de la guerre ? Lorsque la
parenthèse se referma, étais-je sous influence en choisissant de m’intéresser
au cunéiforme en première année de fac ?<br />
Durant l’été qui précéda la rentrée 42-43, il arrivait qu’un inconnu traversât
la cour de la ferme pour emprunter l’Allée de la mort qui rejoignait la route.
Un jour que Guite faisait l’appel de ses poules pour leur distribuer leur
pitance : « Andromaque, Iphigénie, Phèdre, Athalie, Agrippine, Bérénice… »,
passe un jeune monsieur de belle prestance, aux yeux clairs et au sourire
chaleureux. Il s’arrête, stupéfait : <strong>Albert Camus</strong> assistait
pour la première fois à un spectacle où le rôle des tragédiennes était tenu par
des gallinacés ! Il mena son enquête. Les identités furent déclinées de part et
d’autre par l’intermédiaire des Fayol dont Camus partageait les objectifs de
combat. Il menait le sien à Paris, l’état de ses poumons l’obligeait à passer
quelques mois à la montagne. Un ami, l’acteur <strong>Paul Oetly</strong>
(rendu célèbre dans le rôle du capitaine Fracasse qui fut un film à succès
avant guerre), l’invita à loger dans la modeste pension de famille que madame
Oetly, sa mère, tenait à Panelier. C’était une sorte de petit castel perdu
entre prés et bois, séjour paisible et sauvage. Camus y écrivit « La Peste ».
Panelier n’était qu’à une heure de marche du Crouzet. Il y eut de brèves
rencontres dans la grande salle de la ferme avec cet homme solitaire, à la fois
chaleureux et inquiet, tel qu’en ses œuvres littéraires.<br />
Sans attaches avec les réseaux déjà en place, d’autres arrivants se
dispersèrent sur le plateau. Ceux dont les enfants fréquentaient le collège se
hasardèrent à visiter la ferme du Crouzet. Ces visiteurs désœuvrés vivaient en
marginaux. Guite dénigra une certaine madame G. hauts talons, élégance
citadine, maquillage voyant, coiffure sophistiquée « qui n’était plus de son
âge », voyons ! Georges haussa les épaules.<br />
Au collège, certains « nouveaux » étaient effectivement « voyants » de par leur
nom et le typé de leur visage. Une pensée émue pour <strong>Rachel
Guzy</strong> dont l’intelligence effaçait la laideur de ses pommettes et de
ses yeux mongoloïdes. Elle se terrait au fond de la classe. Un jour de l’année
44, sa place demeurée vide inquiéta sur son sort. Elle s’était esquivée pour
réaliser son rêve de Terre Promise.<br />
Un autre de mes camarades, de quelques années mon aîné, qui préparait
brillamment math élém. (plus souvent dans une planque du maquis qu’au collège),
était un rescapé d’un camp de « rééducation » russe. Il avait réussi à s’en
échapper et à traverser la Russie et toute l’Europe en guerre pour gagner la
France, symbole des Droits de l’Homme. Par amitié, il me conseilla de quitter
ma famille sur le champ, de me libérer de toute entrave parentale, considérant
qu’à mon âge ( !) il était inconcevable d’être encore sous tutelle. Rompre le
cordon ombilical afin de se construire une vie personnelle. C’était son
expérience, il ne l’avait pas choisie, mais considérait comme des rites
initiatiques les épreuves inhumaines qu’il avait surmontées. Plus tard, il
parvint aux postes les plus élevés de la physique moderne et son nom,
<strong><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Alexander_Grothendieck">Alexandre
Grothendieck</a>,</strong> connu de la presse scientifique, le fut également
des médias en mai 68.<br />
(…)<br />
Ces quelques anecdotes montrent le désarroi qui régnait dans l’esprit de
certains jeunes. Nos maîtres en étaient conscients. Un test imaginé par notre
professeur d’histoire, <strong>Daniel Isaac</strong> (fils de Jules Isaac
l’auteur des manuels scolaires « Malet et Isaac ») est significatif à cet
égard. Sa question est la suivante : - Vous êtes suspecté d’avoir caché ou aidé
des juifs et des réfractaires. La milice se présente chez vous pour enquêter.
Quelle sera votre attitude sachant que vos réponses engagent votre
responsabilité quant aux chances de survie de personnes en danger. » Les
défenseurs des persécutés furent largement majoritaires, se disant prêts à
risquer leur propre vie. Cependant mis à part les persécutés potentiels, il y
eut deux ou trois abstentions. On découvre ainsi que pour Christiane X, le
devoir de vérité prévaut sur toute autre considération. Elle s’interdit de nier
ses actes quelle qu’en soit la conséquence : Christiane X de tous les dangers !
Elle ne réalise pas l’énormité de ses paroles. Tollé général. Isaac tente de
ramener le calme. Suit un cours de morale sur le thème de l’éthique dont les
règles appliquées sans discernement menacent de conduire aux pires dérives.
(…)</p>
<h3>L’ANNEE 42-43 REVISITEE AUTREMENT</h3>
<p>L’autrement de l’année scolaire 42-43 se résume à quelques épisodes d’un
vécu adolescent revisités dans le désordre trois fois vingt ans plus tard.
Demi-pensionnaires « Chez tante Soli », une maison d’enfants dirigée par
<strong>Milou Sèche</strong>, le camarade de la jeunesse stéphanoise des trois
sœurs Samuel (NDLR : Patronyme du père de Guite), Jean et moi fraternisions
avec des garçons et des filles venus d’horizons divers. Les sujets politiques
et religieux n’étaient jamais abordés dans ce milieu disparate où la tolérance
et la discrétion étaient de règle. Ainsi <strong>Sadoun</strong>,
<strong>Benvéniste</strong>, <strong>Benrubi</strong> et
<strong>Jaouën</strong> fils d’un soyeux lyonnais, seul à arborer la
francisque, partageaient la même chambre. Un grand gaillard prénommé Joseph
dont les parents tenaient une boutique de tailleur dans le quartier du Sentier
à Paris, tournait en dérision avec son humour juif polonais sa situation
d’élève retardataire admis à l’école communale que dirigeait monsieur
Darcissac. Il fit très froid cet hiver là (cf. la verrière frigorifique
transformée en salle de cours, évoquée précédemment). La neige tombée en
abondance isolait le Chambon du reste du monde. Le tortillard hibernait à
Dunières, la route rendue impraticable s’était transformée en un étroit ruban
emmuré entre d’énormes congères durcies par la burle. Le plateau devint pour
quelques semaines une forteresse imprenable. Pour Jean, <strong>Serge
Fayol</strong> et moi, les trajets entre nos domiciles et le collège, surtout
de nuit dans la clarté étoilée, tenaient de la fête en folie. Bernard qui
guettait notre retour avec impatience ne comprenait rien à nos fous rires de
bonshommes de neige, givrés de haut en bas. Il possédait une luge que nous
transformions en attelage tiré par Puck et Buck, les deux chiens loups de
monsieur Ferrier. (…)</p>
<h3><img title="CIMG6640_Coblentz_43_Vincent.jpg, fév. 2010" style="margin: 0 0 1em 1em; float: right;" alt="" src="http://collegecevenol.pasteur.ch/public/images/.CIMG6640_Coblentz_43_Vincent_m.jpg" />TERRE D’ASILE EN
DANGER</h3>
<p>Le Chambon terre d’asile certes, mais au point de susciter la méfiance de
Vichy et de se retrouver dans le collimateur de la gestapo. Que se passait-il
là-haut ? Le préfet de la Haute Loire, monsieur Bach aux ordres de Pétain mit
au défi le pasteur Trocmé en lui annonçant la visite officielle du ministre de
la jeunesse Lamirand, qui souhaitait inspecter les « admirables oeuvres de
jeunesse du Chambon-sur- Lignon ». Je fus alors contactée par notre professeur
de gymnastique, <strong>Naho</strong>, pour représenter lors d’un défilé au
stade l’effectif féminin de ma classe. Sans doute ignorait-il mes ascendances
juives, car mon arrivée avait précédé la venue par vagues successives de mes
coreligionnaires. Lorsque je l’entendis prononcer le nom de Lamirand, un sbire
de Vichy, je me rebellai. Ah non, jamais ça ! Georges ne fut pas informé dans
le détail des événements du 15 août 1942, ni de l’accueil glacial réservé à
Lamirand dont la visite tourna au fiasco. Au collège où régnait la loi du
silence, le sujet ne fut guère évoqué. Les plumes ne se délièrent qu’après la
tourmente pour raconter le culte au temple qui suivit la « réception sportive »
au stade Joubert et permit au protestantisme d’exprimer sa position non
violente. La tension fut portée à son comble lorsqu’une dizaine d’élèves de
terminale remirent au ministre une lettre dénonçant la rafle du Vel’ d’Hiv’ et
précisant qu’ils ne faisaient pas de différence entre les non-juifs et les
juifs qui se trouvaient parmi eux.<br />
Le préfet reprocha au pasteur Trocmé d’avoir semé le désordre et lui signifia
qu’il avait reçu des ordres concernant les juifs étrangers et qu’il allait
charger ses services de les appliquer. En fait les gendarmes dépêchés sur place
se montrèrent peu actifs et repartirent sans un seul juif. L’affaire semblait
classée. Cependant le pasteur Trocmé et ses amis ne renoncèrent pas pour autant
à leurs activités qualifiées de subversives par le préfet.<br />
Le 14 février 43, les pasteurs Trocmé et Theis ainsi que monsieur Darcissac,
directeur de l’école communale, furent arrêtés, puis internés dans un camp de
la Vienne, proche de Limoges, nommé <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Saint-Paul_%28Haute-Vienne%29">Saint-Paul-d’Eyjeaux</a>.
Libérés un mois plus tard, ils sont de retour le 17 mars. Mais Trocmé et Theis
disparaissent alors volontairement pour éviter tout prétexte à de nouvelles
interventions musclées, tandis que Darcissac reprend son poste d’enseignant.
Ainsi « Pâques 43 au Crouzet » intervint après une période agitée dont nous
n’avions pas mesuré les risques à venir.<br />
L’année scolaire s’achève. L’été s’annonce aussi chaud que l’hiver a été froid.
Notre radeau vogue dans la crique de Rocheduc, les baignades sont de saison et
l’époque des fenaisons approche quand est donnée l’alerte de l’arrivée de la
gestapo qui investit par surprise « La maison des Roches » où sont logés de
nombreux étudiants d’origine étrangère. Ils sont tous raflés avec leur
directeur Daniel Trocmé, cousin du pasteur, battus, injuriés, embarqués dans
des cars… déportés. Daniel mourra en avril 44 au camp de Maideneck. Le grand
Joseph fit partie du convoi, Milou Sèche ayant été obligé de se séparer de lui
après les événements de février. Comment oublier le destin tragique de ce grand
garçon supprimé à la fleur de l’âge !<br />
Donc l’alerte donnée vers 21 heures est aussitôt transmise à la ferme du
Crouzet. Pas de panique, Georges et Guite sont préparés à une telle
éventualité. Nous chaussons nos souliers de marche (réservés aux grandes
randonnées). Sacs à dos, pèlerines. Direction : la ferme amie des Vincent.
Georges porte Bernard sur ses épaules, Guite lui emboîte le pas, il fait sombre
dans mon souvenir, un sombre dans la manière noire d’une gravure flamande de «
Fuite en Egypte » dont Jean et moi fermons la marche. Est-ce le début d’une
nuit d’été ? Un tôt matin ? Le 15 août ou son lendemain ? L’alerte a été donnée
à 21 heures après je ne sais rien de précis, sinon qu’il fait clair lorsque
nous arrivons chez les Vincent.<br />
La trappe s’est refermée. On perçoit le frottement au sol de l’échelle
repoussée en bas contre un mur. Nous voilà encagés entre un plafond et le
plancher de la grange, espace réduit où l’on ne se déplace qu’en rampant.<br />
Le jour infiltre l’obscurité à la jointure des planches. On distingue les
parois et nos silhouettes nichées dans un tapis de foin répandu sur le sol. La
position assise convient tout juste à la taille de Bernard, immobile,
silencieux. Je pense aux forêts profondes qui s’élèvent derrière les planches,
à l’air libre. Il ferait bon courir librement là-bas, mais Bernard ne pourrait
pas suivre. Il faut se résigner à écouter Georges lire en sourdine à la lueur
d’une lampe de poche le Livre de Job.<br />
Retour au Crouzet sitôt l’alerte levée. II fut décidé de nous éloigner
provisoirement du Chambon, Jean, Serge et moi, d’autant que l’opportunité se
présentait pour les garçons de se joindre à un camp d’éclaireurs, quant à moi,
j’accompagnais les louveteaux dont la cheftaine souhaitait des renforts
d’encadrement. Un camion nous transporta du côté des Cévennes. Sur place, les
louveteaux étant jugés trop jeunes pour camper sous la tente, une grange isolée
fut mise à notre disposition. Un soir des coups de feu furent tirés à
proximité. Il y eut un bruit sourd puis une plainte. Un maquisard blessé? Mon
réflexe fut de lui porter secours. La cheftaine s’y opposa en raison du risque
de représailles qui mettraient en danger les enfants dont nous avions la garde.
C’était rageant d’être réduits à l’impuissance. La cheftaine en convint.<br />
En notre absence, Jean-Paul et Michel Coblentz (nos cousins germains) étaient
venus en séjour chez Madame Jouve, « Aux Airelles ». Autre surprise, nous
trouvâmes un garçonnet de neuf ans confiés à nos parents par Chouraqui. Le
jeune Armand avait dans son regard des images terribles dont il ne parla pas.
Il était difficile à entourer. I1 y avait entre nous la barrière de la
Kacherout qui l’empêchait de nous considérer comme ses coreligionnaires et qui
le rendait méfiant, sauf lorsqu’il nous accompagnait pour mener paître le
troupeau. On retrouvait alors l’enfant qu’il avait été quelque part dans un
village de Pologne, il riait, jouant avec les chèvres dont il buvait le lait à
même le pis. I1 fit un premier trimestre à l’école primaire du Chambon, puis
nous quitta pour de nouvelles errances sous la houlette de Chouraqui.<br />
I1 faut préciser que la situation au Chambon s’était compliquée depuis que
l’hôtel du Lignon, tenu par madame <strong>Bonfils</strong> avait été
réquisitionné au printemps 43 et transformé en maison de convalescence pour les
blessés de la Wehrmacht. Ils y furent nombreux durant l’été 43, ce qui ne
facilitait pas la tâche des chefs de la Résistance, car il leur était difficile
de contrôler de jeunes écervelés qui voyaient là une occasion de se « payer des
boches ». <strong>Pierre Fayol</strong> usa de son autorité pour les empêcher
de prendre pour cible la baignade des soldats allemands qui s’étaient approprié
la plage dite de « tata Zoé ».<br />
Etant donné la conjoncture, la famille laissa passer la victoire russe du 3
septembre 43 (reprise de Kharkov), sans la fête rituelle qui réunissait
jusqu’alors les Coblentz et les Fayol autour de la table de la grande salle
pour un repas festif à la gloire de l’armée rouge, la gourmandise suprême étant
la énième « dernière » boite de crème de marron Faugier offerte par Marianne
Fayol et agrémentée de crème Chantilly maison.</p>
<h2>LE TORTILLARD DEUXIEME CLASSE</h2>
<h3>« Lentement mais sûrement » 1943-1944</h3>
<p>Chaque rentrée scolaire était précédée des mêmes recommandations. Georges se
montrait intransigeant sur les notes de conduite et nous menaçait de nous
retirer du collège si nous étions indisciplinés. La perspective d’une carrière
de Jardinière d’enfants était la menace qui pesait sur moi. Quant à Jean il
subissait déjà un début d’application des peines sous forme d’un stage chez un
menuisier-tourneur, monsieur Dreyer. Il en fut enchanté et exécuta comme
chef-d’oeuvre un superbe tabouret au piétement tourné dans le style Louis XIII.
A l’évidence il était très doué, pour les travaux manuels. En revanche le latin
avait moins d’attrait pour lui comme pour son copain Perret. Ils chahutaient
les cours, ce qui fut mis en chanson : « Perret prenez la porte, qui, quae,
quod etc ».<br />
La seconde littéraire 43-44 se fit remarquer par ses aptitudes innovantes, Nous
étions une classe passionnée et passionnante me confia plus tard Olivier
Hatzfeld, notre professeur principal. L’importance que j’accordai soudain aux
études doit beaucoup à son enseignement Il attendait de nous une approche
personnelle des auteurs qui était matière à des exposés d’élèves, suivis d’un
débat. J’eus la primeur de cet exercice : « le sentiment de la nature chez
Rousseau ». La bibliothèque personnelle de mon maître fut mise à disposition. A
moi de, trouver la méthode pour sélectionner les textes et bâtir un exposé. je
ne m’attendais pas à remporter le succès qui créa l’émulation chez mes
camarades. Hatzfeld avait atteint son objectif. Elue chef de classe
conjointement avec un camarade qui représentait les garçons de la classe, je
proposai d’instituer un journal bimensuel avec éditorial comptes-rendus des
activités du collège, tribune libre. Le, projet fut adopté démocratiquement, le
comité de rédaction étant renouvelable selon la disponibilité de chacun.
Hatzfeld encouragea notre initiative. Serge Fayol doué d’un talent de
dessinateur remarquable fut sollicité plusieurs fois pour illustrer la page de
titre. Dans l’une des rubriques réservées aux petites annonces, je relève :
Avis aux amateurs de chats. Les élèves qui désirent élever des petits chats
sont priés de s’adresser à Françoise Coblentz ». Le premier numéro du journal
est daté du 10 décembre 1943. Je suis dépositaire de quelques exemplaires du «
Tortillard deuxième classe », qui ont résisté aux nombreuses manipulations et à
l’usure d’un méchant support en papier des temps de pénurie. Un article signé
de ma plume revendique pour les femmes le droit de vote ainsi que l’égalité
avec les hommes dans l’exercice des fonctions publiques.<br />
Toujours dans le cadre de nos activités scolaires fut montée la pièce de
Beaumarchais, « Le barbier de Séville » dans laquelle me fut confié le rôle de
Rosine. Nous donnâmes plusieurs représentations avant les vacances de Pâques.
Georges me fit l’honneur d’assister à la première, mais fut contraint de
quitter le spectacle avant la fin pour raccompagner aux « Airelles » Michel,
pris de douleurs abdominales.<br />
Michel et Jean-Paul sont en effet scolarisés au Chambon et pensionnaires chez
madame Jouve en cette année de tous les dangers. Michel est inscrit en huitième
à l’école primaire, Jean-Paul suit les cours de sixième au collège : il est le
premier de sa classe. Les aînés de la fratrie se retrouvent aux « Airelles »,
car par mesure de prudence Georges et Guite souhaitent nous éloigner de la
ferme. Mais nous ne sommes internes que par intermittence, Jean aux « Airelles
», moi chez madame et monsieur Rey, un pasteur à vocation tardive, scolarisés
dans ma classe et logé dans une dépendance des « Airelles » (<strong>Jean
Rey</strong> sera assassiné dans sa paroisse pendant la guerre d’Algérie par
l’O.A.S. en raison de ses positions engagées contre la torture).<br />
(…)<br />
- Tu t’appelles Collin de Collin, disait le pasteur Estoppey. Comment de
Coblentz à Gobelin et à Collin se firent les changements d’identité ? La
famille eut recours à l’atelier clandestin de faux papiers monté par
<strong>Jean-Claude Puntz</strong> dit Plunne, de son vrai nom <strong>Oscar
Rosowsky</strong>, un juif aux ascendances lettones, émigré à Berlin puis à
Nice en 1933. En 1942, son père est déporté à Auschwitz et sa mère internée
dans le camp de Rivesaltes. Pour l’en faire sortir, il entre en apprentissage
chez un artisan mécanographe chargé de l’entretien des machines à écrire de la
préfecture de Nice. Grâce au vol de vrais papiers signés de sa main, il fait
libérer sa mère et comprend qu’il détient l’arme première de la clandestinité.
Il arrive en 43 au Chambon. I1 a 19 ans. Une machine à ronéotyper et deux
machines à écrire constituent l’essentiel de son matériel. Les papiers
originaux sont lavés au corrector et réutilisés. Pour fabriquer des cachets,
Plunne utilisait de la gélatine à polycopier afin de décalquer les cachets
authentiques et obtenir des tampons à l’identique. J’ai conservé ma carte
d’alimentation «J3 » au nom de Françoise Gabrielle Collin demeurant 8 avenue de
Merville à Cannes, délivrée le 24 mars 1943 et tamponnée par le « Service des
cartes de rationnement de la ville de Cannes ». Plunne était installé de
l’autre côté du Lignon, vers le Mazet. Je me présentai chez lui en mai 44,
chargée par Guite de récupérer nos fausses cartes d’alimentation établies au
nom de Collin, car lors de notre départ précipité, nous ne possédions que de
fausses cartes d’identité. Depuis Intres, c’était une véritable expédition à
vélo. Huit kilomètres de côte très raide jusqu’à Saint-Agrève, ensuite le
trajet jusqu’au Chambon, puis à nouveau une montée pénible jusqu’au Mazet. Un
jeune homme qui n’était peut-être pas Plunne me remit les précieux documents et
je m’en retournai mission accomplie. Après vérification, Guite vitupéra contre
mon étourderie : j’avais omis de contrôler les dates tamponnées lors de chaque
remise de tickets du mois. Or la 27e remise était datée du 30 février 1944 ! Le
3 fautif fut escamoté. Je garde le souvenir d’une belle balade, malgré le
minable vélo de Guite et le raté de Plunne ou de son collaborateur qui ont par
ailleurs à leur actif quelque 5.000 faux papiers en tout genre. Lorsque Plunne
redevint Oscar Rosowsky, il fit ses études de médecine et exerça son nouveau
sacerdoce près de Paris.<br />
Avant d’abandonner le Crouzet munis de nos fausses cartes d’identité, il avait
fallu mettre la ferme en location. Elle fut occupée par la famille du
professeur Braemer. Des fermiers compréhensifs prirent en pension qui nos
moutons, qui nos chèvres, quant aux poules, aux lapins et aux chats, ils ne
furent pas déménagés me semble-t-il. Restait notre déménagement pour un
domicile prospecté par la filière des pasteurs.</p>
<h3><img title="CIMG6649_Francoise_45_Le_Crouzet.JPG, fév. 2010" style="margin: 0 1em 1em 0; float: left;" alt="" src="http://collegecevenol.pasteur.ch/public/images/.CIMG6649_Francoise_45_Le_Crouzet_m.jpg" />POST – SCRIPTUM DE
L’AUTEUR, FLORENCE LEVY-COBLENTZ :</h3>
<p>Ces fragments d’un texte pris dans l’ordre de sa pagination font sens, en
évacuant toutefois les vibrations qui sous-tendent l’écriture dans son
intégralité.<br />
Ainsi l’aventure chambonnaise des Coblentz ne s’achève pas impromptu selon la
formule « Adieu veau, vache, cochon, couvée ». Après la Libération, on se bat
encore en Alsace.<br />
D’ou la poursuite de nos études au Chambon, tandis que la vie agricole reprend
son cours à la ferme des Crouzet jusqu’en Septembre 1945.<br />
Vient alors le moment des adieux au Collège Cévenol, aux camarades dont
l’effectif s’amenuise, aux paysans amis, au paysage dans sa splendeur déjà
automnale. S’impose en outre une pensée prégnante pour le village d’Intres dont
le pasteur, Monsieur Estoppey fut notre « Juste », injustement oublié à la
marge de la micro histoire du Plateau cévenol et de la vallée de l’Eyrieux,
tout comme les Picq qui accueillirent dans leur ferme du hameau de Chapignac
les Collin mis en danger suite à la déportation de leurs grand-mère et
arrière-grand-mère maternelles (cette dernière était âgée de 96 an !).</p>
<p><a style="font-style: italic;" href="http://www.saint-apollinaire-de-rias.fr/rubrique.php3?id_rubrique=116">Note de
LP : sur Intres, qui est en Ardèche, lire avec intérêt l’enquête suivante en
cliquant sur ce lien</a></p>
1958-1965 : Jean Mascolo, fils de Marguerite Duras.
urn:md5:f2e5a673a4b6f18267c8b9b12c5d1281
Tuesday 1 December 2009
Laurent
Années 50
Jean MascoloMarguerite Duras
<h1>Dans la maison de Neauphle, Outa maintient l’esprit des choses.</h1>
<h6>Article de Mathilde LA BARDONNIE dans Liberation du 18 aout 1998</h6>
<p>Ce samedi-là, c’est un des amis présents dans la maison de Neauphle qui
ouvre la petite porte grise de la légendaire cuisine. <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Mascolo">Jean Mascolo</a> est devant son
évier, occupé à dessaler des filets d’anchois. Absorbé. Le fils de Marguerite
Duras lève les yeux, des yeux très foncés, précisant qu’il vit en marge des
horaires normaux. A quatre heures de l’après-midi, le deuxième de ses inusables
copains a mis le couvert, dehors, sur une table ronde hors d’âge.<br />
<br />
Jean Mascolo met à rafraîchir quelques carafes de rosé du Quercy. A coups de
courtes phrases, précises, modulées, il explique pourquoi on l’appelle Outa
depuis cinquante et un ans. Jean (également prénommé Paul, Etienne, Dionysos)
avait deux mois lorsque ses parents Dionys Mascolo et Marguerite Duras
séjournèrent, en août, à Château-Chinon chez François Mitterrand. Or, au mois
d’août, sévissent les aoûtats, acariens appelés aussi «vendangeons». Ces
perfides firent du nourrisson leur proie. Il hurlait. D’aoûtat à Outa le
diminutif lui resta. Quand elle serrait son petit garçon dans ses bras,
Marguerite déclinait les deux syllabes en un japonisant «Outa-yo-ti-mitou».
Jean, ça sonne sérieux. Outa, c’est autre chose. Plus tard, il grimperait trop
haut dans les arbres, et nagerait trop loin dans la mer. «J’avais peur tout le
temps», a dit Duras, dans les moments radieux où elle évoquait «ce seul amour
inconditionnel» , le maternel, «à l’abri de toutes les intempéries, il n’y a
rien à faire, c’est une calamité, la seule du monde, merveilleuse». Avant Outa,
elle avait perdu un enfant de son mari Robert Antelme, en 1942, à la naissance.
«J’ai adoré ma mère, elle m’a adoré, pendant quarante-neuf ans. Même si souvent
nous avons formé un couple infernal. Mon père a été mon meilleur ami. Elle m’a
appris la liberté. A sauvegarder une sauvagerie et, surtout, à faire la
cuisine. Lui hormis l’amour de la lecture m’a inculqué le goût du jardinage
et celui de la méditation qui va avec!», résume Jean Mascolo, mi-détaché
mi-railleur, genre potache en jean élimé et godasses trouées, prêt à s’esbigner
en chat qui s’en va tout seul, vers son potager minuscule, au fond du jardin
aux grands arbres que M.D. appelait «le parc». Tout comme elle disait «l’étang»
pour la mare jouxtant le salon de musique. Il fonctionne sur un mode
communautaire, chez lui, les amis sont chez eux. Jean Mascolo longtemps a été
un peu exaspéré d’être appelé Outa Duras. Jusqu’au succès «mondial» de l’Amant
en 1984, sa mère, prétend-il, n’était connue que de quelques cénacles. Orphelin
d’elle le 3 mars 1996, puis de père «dix-sept mois et dix-sept jours plus
tard», un 20 août, héritier soudain d’une fortune, il a décidé de ne pas
modifier sa façon de vivre. La jet set n’est «pas son truc». Il ne cesse de
revenir à Neauphle, où rien n’a bougé" Après une inondation en 1983, Marguerite
et Yann Andrea, son dernier amour, avaient préféré Trouville. Le jour de ses 50
ans, Outa a rendu les clés de l’appartement historique de la rue Saint-Benoît à
Paris. Tournant ainsi la page de plus d’un demi-siècle de l’existence de Duras.
Et de celle d’un groupe d’intellectuels dont il avait filmé et écouté les
survivants en 1992 pour une vidéo, l’Esprit d’insoumission: «De la télé à
compte d’auteur, un rien subversive. J’ai pour moi d’avoir sauté sur les genoux
de tous ces grands-là, qui formèrent intuitivement un groupe de pensée,
d’action.» Mascolo se voit en gérant de l’oeuvre maternelle.«Maintenant
Marguerite Duras, c’est moi! Une vraie PME», s’amuse-t-il. Jusqu’à sa mort, il
s’était délibérément cantonné dans la dégaine d’un adolescent tardif, vivant de
sa «subvention», un Smic que lui versait chichement Duras. En deux ans, il a
fait l’apprentissage en accéléré du métier d’«ayant droit». Il a fondé une
société, commençant par racheter nombre des films de Marguerite, afin qu’ils ne
soient plus «écoulés comme des tapis aux enchères». Ayant travaillé sur
quatorze des tournages de Marguerite D., Outa Mascolo n’exclut pas de réaliser
un vieux projet sur «l’utopie hippie». Sa maman ne lui offrit elle pas jadis un
camping-car Wolkswagen pour partir en Inde? Au printemps 1968, Outa
villégiaturait en Afghanistan.<br />
<br />
Entre joyeux bernard-l’hermite et thuriféraire sentimental, Mascolo maintient
les choses et l’esprit des choses, intouchées parce que intouchables, dans la
maison inspirée de Neauphle. Plein d’autodérision, il s’envisage comme un
«gardien du musée, un musée vivant». Si la veste en laine à carreaux noirs et
blancs de Marguerite est toujours suspendue à un clou, c’est qu’elle continue
de servir. Outa se souvient d’avoir eu avec le fils Semprun l’idée d’une série
télé intitulée Salut les oedipes: ayant grandi encerclés par des «enfants de"».
Ils auraient dévisagé les rejetons de Jeanne Moreau, Taittinger, Louis René Des
Forêts et autres anciens camarades de jeux, que leurs parents, l’été venu,
parquaient ensemble sous la garde de nounous. Tandis qu’eux, tous de gauche,
partaient vers l’Espagne ou l’Italie. «Plus tard, ils m’ont emmené, on
ramassait avec les Vittorini des fragments de poterie étrusques à Populonia.»
Soudain, Jean Mascolo met un disque vinyle de musique grecque, offert par
Melina Mercouri. Il vit avec la musique. Il fut un surdoué du piano:
«Marguerite en était aux anges.» Jusqu’à ce qu’un professeur de la Schola
Cantorum cherche à lui imposer trop de doigtés orthodoxes" Ses parents se
séparèrent en 1957. Il dit: «J’étais toujours très cool avec les amants de ma
mère, et avec les maîtresses de mon père.»</p>
<p><strong>Puis raconte comment il fut envoyé en pension au Collège
cévenol.</strong> Fini le piano, et la précocité scolaire. L’enfant unique,
choyé, de la rue Saint-Benoît, entouré «de purs et durs d’une merveilleuse
humanité» nommés Queneau, Tati, Bataille, Leiris, Blanchot, Morin, Vian ou
Merleau-Ponty", se retrouva à endurer des bizutages à cause de sa petite
taille. Marguerite lui envoyait du lait concentré. Juste avant le bac, le jeune
homme quittera la scolarité pour suivre le tournage de Paris brûle-t-il, de
René Clément. Annonçant que la réussite ne l’intéresse pas, il convainc Mascolo
père et maman Duras.<br />
<br />
De son penchant pour la griserie, il dit: «L’alcoolisme c’est l’absence de
Dieu», la fameuse phrase de sa mère. Les dix dernières années, il a retrouvé
chaque jour pour boire un verre son père, pilier irremplaçable des éditions
Gallimard et d’un bistrot du VIe arrondissement. Un homme au «gai désespoir».
Les deux se donnaient des nouvelles de Marguerite. Parfois montaient la voir.
Mascolo fils dit: «Je ne sais peut-être pas ce que je veux, mais grâce à
Dionys, je sais ce que je ne veux pas.»<br />
<br />
Ce dont il ne veut pas, c’est ce qui arrive en ce moment. Duras fils découvre
ce que veut dire «avoir affaire à la presse», à l’occasion de la parution
annoncée d’une biographie de l’écrivain, par Laure Adler" Parution reportée,
Jean Mascolo ayant exigé la suppression de quelques passages où Marguerite née
Donnadieu n’était pas épargnée. «50 lignes sur 620 pages, je n’ai pas voulu
m’instaurer en censeur. Ma mère dans ses écrits a tout dit elle-même sur sa
vie.».</p>
<p>Jean Mascolo en 8 dates :<br />
<em>30 juin 1947. Naissance de Jean Mascolo à Paris.<br />
1958 (?) -1965 ? : Interne au Collège Cévenol<br />
1966. Participe à la réalisation de«la Musica», premier film signé Duras ( et
Seban).<br />
1968. Un printemps en Afgha-nistan, un an après, le Maroc.<br />
1970.En route pour la Californie; une saison plus tard, il vivra à New
York.<br />
1981. Première vidéo coréalisée et autoproduite avec Jérôme Beaujour, «Duras
filme».<br />
1992. Cosigne avec Jean-Marc Turine «l’Esprit d’insoumission».<br />
3 mars 1996. Mort de Marguerite Duras.<br />
20 août 1997.Mort de Dionys Mascolo.</em></p>
THE COLLEGE CEVENOL FOREVER ? IT'S NOW OR NEVER !
urn:md5:15a3ec9021ffb9f7a6d553c23b5dac6c
Sunday 11 October 2009
Laurent
Evénements
<a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/public/foule.jpg"><img title="foule.jpg, oct. 2009" style="margin: 0 1em 1em 0; float: left;" alt="" src="http://collegecevenol.pasteur.ch/public/.foule_t.jpg" /></a>La
dynamique initiée dans le cadre du weekend de Pentecôte au Collège Cévenol a
donné des résultats au-delà de toutes les espérances : plus d’un millier de
personnes se sont retrouvées dans un mélange d’émotion partagée et de
sensibilité aux enjeux présents et futurs.<br />
<br />
Au-delà, l’Assemblée générale de l’Association des Anciens s’est doté d’un
nouveau conseil d’administration et lui a clairement signifié qu’elle était
mobilisée pour se projeter vers l’avant et pour poursuivre dans le sens de ce
qui avait été entrepris depuis un an.<br />
<br />
L’été a été mis à profit par les organisateurs pour se ressourcer et
réensemencer les autres pans de vie - familiale, sociale, professionnelle -
laissés en jachère des mois durant pour préparer cette rencontre. Sans oublier
de se préparer à structurer l’avenir.<br />
<br />
Nous nous sommes donc retrouvés les <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/post/2009/10/10/THE-COLLEGE-CEVENOL-FOR-EVER-IT-S-NOW-OR-NEVER-%21##http://www.collegecevenol.org/index.php/post/2009/09/07/Rencontre-des-5-et-6-septembre-2009##">
5 et 6 septembre</a> pour un weekend de travail très dense. Nous avons aussi
entrepris depuis deux mois de défricher plusieurs terrains d’action : notre
soutien direct au Collège, notre rôle au sein de son conseil d’administration,
nos relations avec l’ensemble des autres acteurs de la communauté du Collège,
nos propres réflexions sur son devenir, et le nôtre, sur nos moyens d’actions,
etc.<br />
<br />
Parmi les objectifs prioritaires que nous nous sommes fixés, il y a la
réalisation d’un site Internet adapté à nos besoins. Mais cette forte ambition
nécessite une approche conceptuelle partagée et une réalisation
professionnalisée. Cela demandera au minimum quelques mois.<br />
<br />
Entre-temps, et vous l’avez vous-mêmes bien constaté, si nous avons été
quelques uns à continuer à s’échanger plusieurs mails par jour sur nos
activités, l’immense majorité des personnes associées à la Pentecôte sont
demeurées orphelines de toute information. Et notamment toutes celles qui
suivaient assidûment les deux blogs de référence, <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/post/2009/10/10/THE-COLLEGE-CEVENOL-FOR-EVER-IT-S-NOW-OR-NEVER-%21##http://collegecevenol.pasteur.ch/##">« Petites et grandes histoires… »</a>
et <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/post/2009/10/10/THE-COLLEGE-CEVENOL-FOR-EVER-IT-S-NOW-OR-NEVER-%21##http://pentecote2009.pasteur.ch/##">« Pentecote2009 »</a>, et qui
avaient été ravies d’avoir reçu, un an durant, une lettre d’information quasi
hebdomadaire. Or cette dynamique, cette réactivité, n’a pu se faire que dans le
contexte de l’animation d’un blog, et qui dit blog, dit action « individuelle
», car c’est par essence un outil de cette nature. C’est pour éviter cette
individualisation de la communication que j’avais d’abord renoncé à poursuivre
toute communication sous cette forme. C’est ainsi qu’aujourd’hui, tout ce qui
est entrepris au sein de l’AACC se fait en concertation systématique entre tous
les administrateurs et tous les délégués qui se sont associés à notre démarche,
cela prends forcement plus de temps. <strong>Fallait-il pour autant, dans
l’attente d’un espace adapté à nos besoins, renoncer à toute action sur le web
? Certes pas</strong>.<br />
<br />
Nous avons donc mis en place un nouveau site pour palier temporairement à nos
besoins : <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/post/2009/10/10/THE-COLLEGE-CEVENOL-FOR-EVER-IT-S-NOW-OR-NEVER-%21##http://collegecevenol.org/##"><strong>The College Cevenol
Forever</strong></a>. Il peut constituer une préfiguration, dans le fond plus
que dans la forme, de ce que vous aimeriez trouver sur notre futur site. Cela,
c’est vous qui le direz. Il est ouvert à tout public et non réservé aux seuls
anciens ou seuls adhérents de l’AACC. Et bien que réalisé en étroite
coordination avec tous les membres du CA, il n’est pas encore le porte-voix
officiel de l’AACC que sera le futur site de l’Association. Mais il jouera un
rôle essentiel : communiquer.<br />
<br />
Voilà, je vous laisse découvrir son architecture et ses premiers billets.
Beaucoup, beaucoup de choses sont encore à y intégrer et à construire. Nous
allons le faire ensemble, en tenant compte de tous les avis et de toutes les
suggestions. <strong><a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/post/2009/10/10/THE-COLLEGE-CEVENOL-FOR-EVER-IT-S-NOW-OR-NEVER-%21##http://collegecevenol.org/##">Rendez-vous tout
de suite sur le blog</a></strong> puis, dès <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/post/2009/10/10/THE-COLLEGE-CEVENOL-FOR-EVER-IT-S-NOW-OR-NEVER-%21##http://www.collegecevenol.org/index.php/post/2009/10/09/R%C3%A9union-%C3%A0-Paris-le-24-octobre##">
le 24 octobre à Paris</a> et le <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/post/2009/10/10/THE-COLLEGE-CEVENOL-FOR-EVER-IT-S-NOW-OR-NEVER-%21##http://www.collegecevenol.org/index.php/post/2009/10/30/Protestants-en-F%C3%AAte##">
30 octobre à Strasbourg</a>.<br />
<br />
Bien sincèrement vôtre.<br />
<br />
Laurent Pasteur
<hr />
Portraits de collégiens
urn:md5:265a25daec26b604eb7fab073a11249e
Monday 8 June 2009
Ex Nihilo
Documents
<p>252 portraits, réalisés par Sylvain Sorgato d’après des photos de collégiens
de 1953 à 2009. Les portraits ne sont pas assortis aux prénoms, puisqu’il
s’agit de rendre compte d’un groupe, et de la diversité trouvée dans un
groupe.</p>
<p>Le nuancier constitue le groupe, et le rend indivisible. A l’intérieur de
cet ensemble, des singularités sont à découvrir.</p>
<p>Impressions jet d’encre sur papier photo glacé et hausse, 10 x 7 x 1 cm
chaque.</p>
<p>Le travail était visible uniquement le week end dernier (Pentecôte 2009), à
Modzanga.</p>
Nouvelles photos en ligne
urn:md5:7a2fbfb2037809c023fefe0439c5c667
Sunday 7 June 2009
Ex Nihilo
Documents
<p>Plus de 1000 photos publiées à ce jour !</p>
<p><a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/public/images/Pentecote_2009/lisieux.jpg"><img title="Au sommet du Lisieux, jundi 1er juin 2009, juin 2009" alt="" src="http://collegecevenol.pasteur.ch/public/images/Pentecote_2009/.lisieux_s.jpg" /></a></p>
<p>Envoyez vos photos <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/static/Envoyer-vos-images-au-webmaster">directement sur le site</a>
ou sur un CDROM adressé à l’AACC, Collège Cévenol – Chemin de Luquet – F-43400
LE CHAMBON SUR LIGNON. </p>
<p>Derniers albums créés :</p>
<ul>
<li>Album du <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/gallery/2009/06/05/70e-anniversaire">70e
anniversaire</a> (Pentecôte 2009)</li>
<li>Album de <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/gallery/2009/06/07/Album-Janine-Michaud">Janine Michaud</a></li>
<li>Album de <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/gallery/2009/05/23/Album-Pierre-Kuntz">Pierre
Kuntz</a> (1961/65)</li>
<li>Album de <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/gallery/2009/05/23/Album-Michele-Galland">Michèle Galland</a>
(1948/51)</li>
<li>Album de <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/gallery/2009/05/21/Album-H%C3%A9l%C3%A8ne-Muller-Bessenay">Hélène
Muller-Bessenay</a> (1973/76)</li>
<li>Album de <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/gallery/2009/05/09/Album-Bernard-Mossot">Bernard Mossot</a></li>
<li>Album de <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/gallery/2009/05/03/Album-Catherine-Kuntz">Catherine Kuntz</a>
(1962/65)</li>
<li>Album de <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/gallery/2009/04/25/Album-Maarten-Boasson">Maarten Boasson</a>
(1960/61)</li>
<li>Album de <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/gallery/2009/04/25/Album-Robert-Benoit">Robert
Benoit</a> (1951/59)</li>
<li>Album de <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/gallery/2009/04/25/Album-Jean-Micaleff">Jean
Micaleff</a></li>
<li>Album de <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/gallery/2009/04/23/Album-Doriane-Wouters">Doriane Wouters</a>
(1961/64)</li>
<li>Album de <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/gallery/2009/04/15/Album-Fran%C3%A7oise-Bour%C3%A9ly">Françoise
Bourély</a> (1964/65)</li>
<li>Album de <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/gallery/2009/04/13/Album-Jean-Pierre-Manf%C3%A9">Jean-Pierre
Manfé</a> (1962/68)</li>
<li>Album de <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/gallery/2009/04/13/Album-Eveline-Funston">Eveline Funston</a></li>
<li>Album de <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/gallery/2009/03/29/Album-Violaine-Kichenin-Martin">Violaine
Kichenin-Martin</a> (1955/56)</li>
<li>Album de <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/gallery/2009/04/13/Album-Stuart-Musgrave">Stuart Musgrave</a>
(1966/67)</li>
<li>Album de <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/gallery/2009/03/28/Album-Claude-Jean-Girard">Claude-Jean
Girard</a></li>
<li>Album de <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/gallery/2009/03/28/Album-Jack-Germain-Robin">Jack
Germain-Robin</a></li>
</ul>
<p>Dernière photos mises en ligne :</p>
<ul>
<li>dans l’album de <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/gallery/2009/04/23/Album-Doriane-Wouters">
Doriane Wouters</a>, des photos de Doriane et de ses amies (1967)</li>
<li>dans l’album de <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/gallery/2009/03/29/Album-Violaine-Kichenin-Martin">
Violaine Kichenin-Martin</a>, des photos du cinquantièem anniversaire du
Collège (1989)</li>
<li>dans la galerie <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/gallery/2008/07/06/Photos-a-trier">Photos
en vrac</a>, de nouvelles photos envoyées de Bernard Mossot et Terry Moore</li>
<li>dans la galerie <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/gallery/2008/07/06/Photos-a-trier">Photos
en vrac</a>, deux nouvelles photos envoyées par Bernard Mossot</li>
<li>dans l’album des frères <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/gallery/2009/03/14/Album-Bierens-de-Haan">Bierens de Haan</a>, plus
d’une centaine de photos exceptionnelles prises entre 1953 et 1957.</li>
<li>dans l’album souvenir de <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/gallery/2009/03/09/Album-Jean-Fran%C3%A7ois-Pfluger">Jean-François
Pfluger</a>, des textes, photos et dessins des années 1965-66</li>
<li>dans l’album d’<a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/gallery/2009/03/05/Album-Anne-Cook">Anne
Cook</a>, des photos d’élèves et de profs des années1963-65</li>
<li>dans l’album de <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/gallery/2009/02/22/Album-Francis-Maneval">Francis Maneval</a>, des
photos d’un camp d’éclaireurs (1956), du camp de travail de 1959 et de l’équipe
envoyée à Bourdeaux (Drôme) suite aux inondations du 29 septembre 1960</li>
<li>dans l’album de <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/gallery/2009/02/19/Album-Kevin-Weyl">Kevin Weyl</a>, des photos des
élèves américain(e)s du Collège.</li>
<li>dans la galerie <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/gallery/2008/11/24/Spectacles">Spectacles</a>, des photos de la
pièce de théatre <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/image/images/Photos_Christiane_Standley/Britanicus/img009?gallery=2008/11/24/Spectacles">
Britanicus</a>, jouée par les élèves en 1953</li>
<li>dans la galerie <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/gallery/2008/07/06/Photos-a-trier">Photos en vrac</a>, de nouvelles
photos envoyées sur le site qui n’attendent plus que vos commentaires</li>
<li>dans la galerie <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/gallery/2008/11/17/Nouvelle-galerie-%28test%29">Les élèves</a>, des
photos transmises par Christiane Suss Standley (1950-53)</li>
<li>enfin, à ne pas manquer, l’album souvenir des années 1951 à 1953 de
<a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/gallery/2008/12/15/Album-de-Renata-Caratsch">Renée Caratsch
Libner</a></li>
</ul>
N’hésitez pas à <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/static/Envoyer-vos-images-au-webmaster">partager vos images et vos
documents</a> !<br />
La collection complète des CFD en ligne !
urn:md5:eed58a8ffa0e6a0bff8278f600057121
Tuesday 26 May 2009
Ex Nihilo
Yearbooks
<p>Tous les anciens numéros du C.F.D. ont été numérisés et sont consultables en
ligne. Tous les détails de ce projet titanesque se trouvent dans ce <a style="font-weight: bold;" href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/post/2009/05/10/CFD">billet</a>. Vous
pourrez y lire également l’histoire de la <strong>naissance du premier
numéro</strong> du CFD en mars 1946 et en savoir un peu plus sur l’un des
secrets les mieux gardés parmi les surprises qui vous attendent lors du
week-end de la Pentecôte : le <strong>numéro spécial 70e anniversaire</strong>
du CFD, élaboré dans la plus pure tradition de ses illustres prédécesseurs.</p>
Ça file doucement (CFD)
urn:md5:8a487ecc224928200c50acdf51c434a0
Tuesday 26 May 2009
Ex Nihilo
Documents
<h1>La collection complète des CFD numérisée et consultable en ligne !</h1>
<p><a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/public/documents/CFD_1947-1971/1946-Juin-cover.jpg"><img title="CFD - N° 02 - Juin 1946 (cover), mai 2009" style="margin: 0 1em 1em 0; float: left;" alt="" src="http://collegecevenol.pasteur.ch/public/documents/CFD_1947-1971/.1946-Juin-cover_s.jpg" /></a>De mars 1946 à
juin 1972, 96 numéros du CFD (Ça file doucement) ont paru, sous diverses
formes, à raison de plusieurs numéros par an. A l’exception de 4 numéros, tous
les exemplaires originaux ont pu être retrouvés, soit dans les archives du
Collège (grâce à Marie-Catherine Efkhanian, responsable du CDI, qui les avait
soigneusement conservés), soit dans des archives privées, et notamment celle
d’Éric Perrenoud, bibliothécaire puis directeur de l’internat de garçons
(jusqu’en été 1963) au Collège et membre du comité de rédaction du CFD pendant
de nombreuses années..<br />
<br />
La lecture de ces anciens numéros du CFD, outre la bouffée de nostalgie qu’elle
provoque irrémédiablement, révèle à quel point les thèmes abordés, les
critiques exprimées, les questions posées et les réponses données sont
récurrentes d’une génération à l’autre. C’est toute l’histoire du Collège qui
défile sous nos yeux, des premiers camps de travail dédiés à la construction
des baraques aux grands projets mis en œuvre (Batisco, ateliers, internat des
filles, gymnase), en passant par toutes les fêtes, conférences, représentations
théâtrales, manifestations religieuses et politiques qui se sont succédées
depuis 70 ans. C’est aussi la vie quotidienne des élèves, les nouvelles
des anciens, les témoignages de ceux qui sont passés par là et qui ont gardé,
comme nous tous, un coin du Collège dans leur tête ou dans leur cœur ou dans
les deux. C’est enfin cet humour et cette capacité d’autodérision si
particulière distillée au gré de textes et de dessins souvent en avance sur
leur temps.</p>
<h3>Consulter les CFD en ligne : <a href="http://www.pasteur.ch/cfd/">http://www.pasteur.ch/cfd/</a></h3>
<p>Tous les numéros disponibles ont été numérisés, gravés sur un DVD et mis en
ligne sur ce <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/post/2009/05/10/../../cfd/">site</a>. Une copie du DVD peut être
commandée à l’Association des Anciens du Collège Cévenol.</p>
<p><strong>Un immense merci à Marc Perrenoud qui a numérisé la plus grande
partie des quelques 2000 pages qui constituent cette collection !</strong></p>
<hr />
<h3>Histoire : la naissance du C.F.D.</h3>
<h4>Le "Ça File Doucement" a 1O ans.</h4>
<em>Article paru dans le CFD N°14 (Mars 1956)</em><br />
<br />
<p><a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/public/documents/CFD_1947-1971/1956-14-Mars-cover.jpg"><img title="CFD - N° 14 - Mars 1956 (cover), mai 2009" style="margin: 0 0 1em 1em; float: right;" alt="" src="http://collegecevenol.pasteur.ch/public/documents/CFD_1947-1971/.1956-14-Mars-cover_s.jpg" /></a>En ce
temps-là (mars 1946) on ne connaissait encore ni Luquet ni les maisons
préfabriquées. Monsieur Theis cependant envisageait l’avenir avec un optimisme
qui devait en laisser beaucoup rêveurs (voir ci-dessous an extrait du n’ 1 du
C.F.D.). L’internat de garçons, dirigé par Monsieur March (qui a été
l’instigateur de ce journal), occupait les Heures-Claires, dont la façade
figure sur le dessin de couverture des premiers numéros.</p>
<p>Pourquoi "Ça File Doucement" ? Le premier rédacteur (Eric Westphal) nous dit
que parmi les titres proposés "c’est celui oui caractérise le mieux le Chambon
et son inoubliable CFD (Chemin de Fer Départemental)". Titre qui peut paraître
trop peu dynamique pour un journal de jeunes, mais, comme le remarque Cari
Welty (n°3), il exprime bien l’idéal du Collège : "grimper vers les hauteurs en
s’écartant des chemins battus de la convention et de la tradition". Et on peut
souligner d’autres analogies : manque de confort, personnel limité, marche vers
le but avec patience et ténacité, sans se laisser démoraliser par certaines
lenteurs. Reconnaissons, 10 ans après, qu’effectivement du chemin a été
parcouru !</p>
<p>Les six premiers numéros du CFD étaient imprimés et présentés sous une
couverture cartonnée. Les deux premiers sont "Journal de l’internat", mais le
Collège comprend vite que cela peut être un utile instrument de propagande et y
investit des capitaux. La fréquence de parution était de deux numéros par an,
mais 1’abondance des matières et la qualité nous restent en exemple.</p>
<p>Cela dura jusqu’en juin 1948. Le Conseil des Élèves reprit alors le collier,
et s’attela à la vieille ronéo du secrétariat. Apparemment, les crédits avaient
été supprimés…</p>
<p>En novembre 1949, redémarrage plein de promesses : le CFD est repris par la
vivante Association des Anciens de Paris. Articles et projets intéressants se
succèdent dans 4 numéros, jusqu’en novembre 1950… Et puis, plus rien.
L’Association était tombée en veilleuse, les couvertures des numéros à venir
restaient sur les rayons, les abonnés confiants en étaient pour leurs frais.
(Heureusement, ces couvertures ont pu être récupérées, et ce numéro, ainsi que
le précédent, en ont profité, ce qui compense un peu le tort causé par
l’affaire des abonnements).</p>
<p>Une fois de plus, péniblement, le Conseil des Élèves reprend le collier, un
peu au hasard des fêtes et des bonnes volontés présentes.</p>
<p>C’est l’époque où les numéros se font de préférence à coups de nuits
blanches. Mais le journal ne se vend pas…</p>
<p>Enfin, en octobre 1953, une équipe se constitue pour reprendre l’affaire en
mains, se fixe un programme et s’y tient. C’est le début de la "Nouvelle
série", repartant au n°1. Depuis lors, cinq numéros par an se succèdent
régulièrement. A la fin de la première année on ose à nouveau parler
d’abonnements. De son côté, l’Association du Collège devient un bon client en
adressant le CFD à ses membres. En octobre 1954, le journal achète
audacieusement une nouvelle machine qui permet l’impression eu plusieurs
couleurs. Actuellement, 250 abonnés, hors du Charbon nous témoignent leur
confiance et leur intérêt.</p>
<p>En parcourant la collection des CFD, on est frappé de voir combien les idées
que nous avons sur la participation des élèves, des profs et des Anciens, et
sur l’Association des Anciens, ont déjà été exprimées. Mais, on s’est détaché
du Collège, on a perdu patience, on a peut-être aussi eu peur du travail…
Nous croyons aux travaux de longue haleine. Nous croyons que, même si "ça file
doucement", ça finira par arriver au but.</p>
<p>En avant !</p>
<p>La Rédaction (Jim Bean, Pierre Darche, Jean-Claude Decoudun, Eric Perrenoud,
Antonio Plazas, Paul Vidal)</p>
<hr />
<h4>Extrait du premier numéro (mars 1946)</h4>
<p>Quant aux fameuses constructions, rien ne peut être dit avant le retour de
M. Trocmé. Deux projets sont à l’étude : des constructions en pierre et ciment,
qui seraient terminées en 1947, ou plutôt en 1948 ou 1949, à condition que nous
puissions obtenir les matériaux et les ouvriers nécessaires ; ou bien des
constructions en bois préfabriquées qu’on ferait venir de l’étranger, et que
nous monterions ensemble 1’été prochain. Qu’est-ce que vous diriez d’avoir
NOTRE ECOLE, bien à nous, construite en partie par nous, dès la rentrée
d’octobre 1946 ? Si mon enthousiasme pour ce dernier projet se communique
à tous ceux qui aiment le Collège Cévenol au Chambon, en France et dans le
monde entier, je suis convaincu nue nous le réaliserons et qu’alors le Collège
nous tiendra tellement au coeur que non seulement nous n’aurons plus envie d’y
rien dégrader, mais que nous chercherons tous à le développer et à l’embellir,
et que nous nous y intéresserons toujours, même après qu’il nous aura fallu le
quitter.</p>
<p>Édouard Theis</p>
<hr />
<h4>Souvenirs du premier numéro.</h4>
<em>Article paru dans le CFD N°°14 (Mars 1956)</em><br />
<br />
<p><a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/public/documents/CFD_1947-1971/1956-14-Mars-8-illustration.jpg"><img title="1956-14-Mars-8-illustration.jpg, mai 2009" style="margin: 0 1em 1em 0; float: left;" alt="" src="http://collegecevenol.pasteur.ch/public/documents/CFD_1947-1971/.1956-14-Mars-8-illustration_s.jpg" /></a>Il
est quelquefois fastidieux de répondre à un ami lorsqu’il vous demande un
article pour un journal… Mais ce soir, vous me demandez un article pour un
journal que nous aimons particulièrement puisque nous l’avons créé : "Ça File
Doucement".</p>
<p>Il y a déjà plus de 10 ans… Au cours d’une étude d’un soir de novembre, à
l’internat des "Heures-Claires", une idée jaillit, trouvant immédiatement des
échos : faire une revue de l’internat.</p>
<p>Follement, comme des garçons de cet âge peuvent le faire, nous nous sommes
jetés sur cette idée nouvelle. Partie d’un bout de la table, 1’idée fit
rapidement le tour de 1’étude, transformée en quelques instants en salle de
rédaction, tant et si bien que le Directeur, alerté par un murmure anormal
anormal, s’inquiéta … Notre cher P’titout, devant 1’ampleur et 1’unanimité
remportées par ce projet, et entrevoyant peut-être tout de suite un moyen de
réaliser pour son internat l’action d’éclat qui attirerait sur lui les regards
jaloux du Collège et des Chambonnais, nous promit tout son appui.</p>
<p>P’titout pour arbitre, la première assemblée extraordinaire des
"Heures-Claires" décida la création d’une revue et désigna quatre responsables
(E. Westphal, J. Martin, E. Keller, C. Guillermet. N.d.l.R.), et je peux vous
dire qu’ils ont rencontré cent fois plus de difficultés qu’ils ne l’avaient
pensé.</p>
<p>Il faut reconnaître que nous partions avec des idées bien arrêtées, car,
prenant notre nouveau rôle au sérieux, nous voulions que notre coup d’essai fût
un coup de maître… Il fut décidé d’envisager (rien ne nous effrayait) un
journal imprimé avec reproductions, gravures, couverture en papier fort sur
laquelle un dessin original était prévu. La discussion du format demanda
plusieurs heures, avant de s’arrêter à celui se rapprochant le plus d’un cahier
de cours.</p>
<p>Je dois avouer que nous avions pensé à demander au père de l’un d’entre
nous, qui était éditeur, de nous aider ; et heureusement, car il nous permit de
terminer cette grande aventure que sans lui nous aurions abandonnée.</p>
<p>Mais 1’ enthousiasme était là, car nous étions trop heureux de trouver un
moyen de nous extérioriser, de nous prouver que nous pouvions faire une chose
"bien", sortant de 1’ordinaire, de dire aussi que ce Collège Cévenol que nous
avions construit n’était pas un collège comme les autres, que nous faisions au
Charmbon une expérience merveilleuse… Les idées jaillissaient… Il fallait
concrétiser : trouver des bonnes volontés pour faire las articles.</p>
<p>Les discussions commencèrent avec les auteurs pressentis, car il fallut
beaucoup discuter pour choisir et persuader. Il me semble me souvenir que l’on
avait un peu de peine à nous prendre au sérieux.</p>
<p><a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/public/documents/CFD_1947-1971/1956-14-Mars-21-illustration.jpg"><img title="1956-14-Mars-21-illustration.jpg, mai 2009" style="margin: 0 0 1em 1em; float: right;" alt="" src="http://collegecevenol.pasteur.ch/public/documents/CFD_1947-1971/.1956-14-Mars-21-illustration_s.jpg" /></a>Enfin,
petit à petit, tout cela prenait tout de même corps, les heures de rédaction se
succédaient, bien qu’un seul point de désaccord restât à trancher : le titre.
Les initiales C.F.D., du petit Chemin de Fer Départemental qui nous était cher,
nous avaient sans doute inspirés, car nous lui avions trouvé plus d’un
sobriquet, "ça file doucement" restant le meilleur, caractérisant parfaitement
ce petit tortillard qui avait tant de peine et qui mettait tant de temps pour
faire la liaison entre le Plateau et les grandes villes de la vallée.</p>
<p>Et le temps filait doucement aussi pour nous qui avions également beaucoup
de peine à mener notre ouvrage à bon terme. Alors, pourquoi pas ?!…</p>
<p>Ce fut donc "Ça File Doucement" qui, du mois de novembre au mois de mars,
occupa nos moindres loisirs. Lorsqu’il fallait rendre des comptes à nos
camarades, ils ne comprenaient pas toujours les grosses difficultés
rencontrées, surtout pour un premier numéro où tout était à faire.</p>
<p>Et c’est ainsi qu’avec 1’annonce du printemps, "Ça File Doucement", au
milieu du mois de mars 1946, lentement mais sûrement, vint prouver qu’il était
devenu une réalité… Il nous apportait une joie bien légitime, comme celle que
je viens d’avoir à vous rappeler ses débuts.</p>
<p>Qu’il me soit permis de remercier tous ceux qui nous ont aidés, et ceux qui
au cours de ces dix années ont empêché notre journal de tomber dans
1’oubli.</p>
<p>Puis de me tourner vers cette nouvelle écurie, celle du dixième
anniversaire, et de lui demander de maintenir la tradition, d’améliorer - dans
le domaine du possible, bien sûr ! - notre idée, notre "Ça File Doucement",
afin que celui-ci devienne vraiment le trait d’union entre le Collège Cévenol,
ses anciens et nouveaux élèves.</p>
<p>Que "Ça File Doucement" devienne le lien d’une immense chaîne d’amitié à
travers le monde, formant une ronde autour de ce foyer admirable qu’est notre
Collège.</p>
<p>Amis, unissons-nous pour que vive "Ça File Doucement" !</p>
<p>Le Gérant de 1946 : Claude Guillermet</p>
<hr />
<h3>Pentecôte 2009 : Numéro spécial "70 ans" du CFD</h3>
<p><a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/public/documents/CFD_1947-1971/CFD-70bis-cover.jpg"><img title="CFD - N° 70bis - Mai 2009 (cover), mai 2009" style="margin: 0 1em 1em 0; float: left;" alt="" src="http://collegecevenol.pasteur.ch/public/documents/CFD_1947-1971/.CFD-70bis-cover_s.jpg" /></a>Le CFD spécial «
Pentecôte 2009», brochure réalisée par des Anciens sous la coordination d’un de
ses anciens rédacteurs en chef, Roland Mayer, est un clin d’œil à l’adresse des
élèves actuels, leur suggérant de reprendre en main sa réalisation et d’en
refaire une bonne habitude.</p>
<p>Ce numéro spécial sortira à l’occasion de la grande rencontre des anciens du
week-end de la Pentecôte et sera disponible à l’accueil, au foyer Kaina, ainsi
que dans les buvettes réparties sur le campus.</p>
<p>Vous y trouverez 48 pages de souvenirs de toutes les décennies de la vie du
Collège Cévenol; des interviews, des textes sérieux et d’autres moins, des
piqûres de rappel pour se ressituer dans le contexte, une chronique du Chef
d’établissement, une autre du nouveau Président de l’Association des Anciens,
des dessins, beaucoup de photos, des témoignages, de l’humour, bref, de quoi
vous replonger pour un moment dans les exploits de votre jeunesse au
Collège.</p>
<br />
1963-1964 : La crise
urn:md5:fad461dc1f3915f32e65c906e1f1ad11
Friday 22 May 2009
Ex Nihilo
Années 60
<p>En 1963/64, de graves tensions dans l’équipe dirigeante du Collège Cévenol
aboutissent au renvoi de 7 professeurs et surveillants et de plusieurs
élèves. Marianne Mermet-Bouvier Hatzfeld, fille d’Olivier Hatzfeld,
résume de la manière la plus objective possible l’historique de ces évènements
et leurs tragiques conséquences.</p>
<p>Ce billet fait écho à un autre billet consacré aux « <a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/post/1967/09/19/Les-Heures-Claires">
Heures Claires</a> », publié sur ce blog le 16 jun 2008, dans les commentaires
duquel de nombreuses personnes se sont exprimées sur ces évènements. Si
vous souhaitez à votre tour témoigner sur cette période sombre de l’histoire du
Collège, faites-le plutôt ici, à la suite de ce billet, en toute liberté mais
dans le respect des vivants et des morts.<br />
<br />
Le livre d’Olivier Hatzfeld, <em>Le Collège Cévenol a cinquante ans : petite
histoire d’une grande aventure</em>, publié en 1989, dont nous vous
recommandons chaudement la lecture, donne également quelques précieuses clés
pour comprendre l’histoire du Collège Cévenol dans toute sa complexité.</p>
<hr />
<br />
<p>Édouard Théis, fondateur avec André Trocmé du Collège Cévenol en 1938
(d’abord appelé Nouvelle École Cévenole) doit prendre sa retraite en juin 64.
Il est très difficile d’envisager sa succession car il est l’un des
co-fondateurs et par là intouchable, néanmoins, ses ennuis de santé font qu’il
est moins présent, moins réactif…. Olivier Hatzfeld (arrivé au Collège en 42
puis parti diriger l’Ecole Normale d’Instituteurs à Madagascar de 46 à 56 et
revenu ensuite) avait déjà remplacé Theis un trimestre quand celui-ci avait été
malade, il était le candidat du CA et de son président, André Trocmé. Arrivé en
1961, J.-M. Hornus, prof de philo (qu’Hatzfeld enseignait jusqu’alors) est un
pasteur brillant, beau parleur, séducteur, amusant… Il devient en peu de temps
le préféré de Theis. Il est alors question d’une co-direction Hatzfeld-Hornus,
ce qui est proposé et acté en juin 63 par le CA, les intéressés et la direction
d’alors (Theis et Lavondés). Hatzfeld s’occupant plus de pédagogie, des
relations avec « l’Etat » et des classes et Hornus de gestion et de
représentation en dehors. Les relations entre Hornus et Hatzfeld paraissent
amicales, j’ai retrouvé une lettre de Hornus à Hatzfeld de septembre 63 où il
se réjouit de travailler avec lui et se plaint au contraire de Theis et dit
appréhender de travailler avec Lavondés « qu’il ne supporte pas ».<br />
<br />
En fait, Hornus désirait la direction seul, il était en embuscade et attendait
son heure. « Le plus gros doit manger le petit » dit il à un collègue, ou
encore « Dieu est avec moi, car je suis le choix de Theis et Dieu est avec
Theis… »<br />
<br />
Le collège avait beaucoup grandi, plusieurs enseignants nouveaux étaient
arrivés, des pasteurs et curés défroqués : les curés étaient au nombre de
6, peu de professeurs diplômés parmi eux. Tous ces nouveaux étaient
chéris de Theis qui y voyait des « brebis retrouvées ». Cela faisait une drôle
d’ambiance au Collège, un retour de la piété primaire et une façon « d’obéir »
aveuglement à l’autorité et de résoudre leurs problèmes avec la seule prière.
Alors que les « autres », les « impurs » comme ils s’étaient surnommé eux-mêmes
par dérision, avaient l’habitude de discuter, de débattre, de confronter leurs
idées…<br />
<br />
L’année 63, c’est aussi le départ d’Eric Perrenoud, responsable d’internat
estimé, et qu’il faut remplacer. Antonio Plazas était persuadé que cette
place allait lui revenir en raison de son ancienneté et de ses très bonnes
relations avec Theis. Or c’est Jaques Lagarde qui est nommé, contre
l’avis des maitres d’internat, de plusieurs professeurs et de plusieurs membres
du CA : il y avait déjà eu déjà des incidents, une plainte contre Lagarde
auprès du procureur de la République qui en avait avisé le Collège Cévenol en
été ou automne 63.<br />
<br />
A la suite de nouveaux incidents ( ?), le 9 janvier 1964, M. Theis invite tous
les maitres d’internat et M. Hornus pour une réunion, mais pas Hatzfeld, qui
aurait pourtant dû, en temps que futur co-directeur, être associé de la même
façon que Hornus à cette explication.<br />
<br />
Jim Bean, conseiller des élèves, pour essayer de détendre l’atmosphère, prend
l’initiative d’inviter, à titre privé, le 17 janvier, quelques personnes pour
essayer de voir ce qu’on peut faire pour l’internat : viennent Lagarde, Law,
Plazas, Faure, Hornus, Hatzfeld, Hollard, Loupiac, Parker. La réunion se passe
bien et un autre rendez vous est pris pour le 28 janvier.<br />
<br />
Le 22 janvier, après le culte du soir où Lagarde lui-même avait parlé de la
nécessité de se confier à quelqu’un quand on est en difficulté, l’élève C. (13
ans ?) se confie à l’élève surveillant Groneman sur sa vie aux « Heures Claires
» l’année précédente. Groneman questionne K., un autre élève des « Heures
Claires », qui confirme les accusations de C. Groneman en parle à
Couprie, un autre élève surveillant, qui en parle à Albricias, maitre
d’internat, et Albricias interroge C. et K. le samedi 25 janvier.<br />
<br />
Parallèlement, Albricias rencontre Mmes Lavondés (Directrice) et De Latour
(responsable de l’internat de jeunes filles) le 26 janvier pour les avertir de
ses fiançailles avec une surveillante et que ces dames ne s’étonnent donc pas
de les voir ensemble. Or, c’est interdit par le règlement (des relations entre
maitres et maitresses d’internat !) : le 27 janvier au matin, une commission
composée de Mme Lavondes, Mme De Latour, M. Theis et M. Hornus (Hatzfeld non
invité encore une fois) décide du renvoi immédiat de Albricias sans même
l’entendre. Il est prévenu à 18 h et vient voir Hatzfeld qui n’est pas au
courant. Le 28 au matin, Hollard, Law, Loupiac, PLazas et Hatzfeld estiment
que, même si Albricias n’est pas un excellent maitre d’internat, son renvoi a
été prononcé de façon irrégulière et qu’ainsi a été détruite l’atmosphère de
confiance nécessaire pour que la réunion du soir chez Jim Bean soit utile ; ils
l’écrivent à Jim dans une lettre personnelle. Pour éviter l’impression de
rupture, Hollard et Hatzfeld apportent eux-même la lettre et restent deux
heures avec Jim, Faure, Hornus, Lagarde et Parker. On ne parle pas de
l’internat de l’année à venir mais des derniers événements, et on y arrive
assez bien pour penser qu’il soit utile de se revoir : rendez vous est pris le
12 février. Voici cette fameuse lettre à Jim Bean du 28 janvier 64 :<br />
<br />
« <em>Cher Jim</em><br style="font-style: italic;" />
<em>Un de nos collègues a été congédié dans des conditions arbitraires, sans
que rien n’ait été fait pour l’aider à mieux faire son travail et sans qu’on
lui ait donné la possibilité de s’expliquer. </em><br style="font-style: italic;" />
<em>Nous savons les efforts que tu as fait pour aider à résoudre les problèmes
de l’internat, mais des conversations telles que celles que nous avons déjà
eues n’ont de sens que dans la confiance.</em><br style="font-style: italic;" />
<em>Cette confiance n’existe pas alors que chacun d’entre nous peut se voir
ainsi congédié. Notre présence est inutile. </em><br style="font-style: italic;" />
<em>Nous savons que toi-même et Jean Parker, vous n’êtes pour rien dans ce qui
s’est passé et nous reprendrons volontiers contact avec vous
deux.</em><br style="font-style: italic;" />
<em>D. Law, A. Plazas, R. Hollard, D. Loupiac, O. Hatzfeld (je suppose qu’A.
Faure est dans la même situation que toi et J. Parker.)</em> »<br />
<br />
Au cours de cette réunion, quelques élèves surveillants, cherchant quelqu’un en
qui ils aient confiance, demandent à voir Hatzfeld et le voient en effet 3 ou 4
minutes. Ils lui disent que par solidarité avec Albricias, ils ont décidé de
faire grève ; ils ont déjà averti les maitres d’internat qui ont pu prendre
leurs dispositions. Ils parlent aussi de la possibilité d’un chahut ; Hatzfeld
les en dissuade et il n’y aura pas de chahut. Il leur conseille de voir Theis.
Dès qu’ils sont partis, Hatzfeld rend compte aux collègues présents de son
entretien.<br />
<br />
Albricias se rend chez Plazas le soir ; David Law était présent. Albricias
accuse Lagarde devant ses deux collègues d’être « pédéraste ». Le même soir,
dans une réunion d’élèves surveillants, Groneman et Couprie en parlent entre
eux et vont voir Theis le mercredi 29. Theis les recevra sans leur
demander de cesser préalablement la grève (or il reprochera ensuite à Hatzfeld
d’avoir approuvé cette grève). Voici la Lettre des élèves surveillants à
Theis, signée par 14 d’entre eux sur 18.<br />
<br />
« <em>Monsieur</em><br style="font-style: italic;" />
<em>Après avoir pris conscience des problèmes soulevés par des décisions que
nous, surveillants, considérons comme arbitraires, nous avons décidé de nous
mettre en grève à partir du mercredi 29 janvier 1964.Nous avons été déçus, dès
le début de cette année, par certaines mesures prises à notre avis d’une
manière par trop précipitée et après avoir mûrement réfléchi à ce que devrait
être « l’esprit du collège », nous nous permettons de prendre position, non pas
dans un esprit d’opposition, mais plutôt pour essayer d’entrer en pourparler de
manière à construire ce qui malheureusement semble avoir
disparu.</em><br style="font-style: italic;" />
<em>Nous savons qu’il serait normal que cette lettre passe par le Directeur de
l’Internat, mais l’expérience nous a prouvé qu’il valait mieux nous en référer
à un homme digne de confiance. </em><br style="font-style: italic;" />
<em>Dans l’attente d’un contact qui s’impose d’une manière urgente, nous vous
prions de bien vouloir accepter, Monsieur, notre profond
respect.</em><br style="font-style: italic;" />
<em>Balgueric, Begin, Couprie, Csire, Ebelle, Gramaud, Grob, Groneman, Patrice,
Perillard, Petit, Reuss, Souclier, Gilmour.</em> »<br />
<br />
Et ils reprennent rendez vous avec Theis le lendemain 30 janvier à 11 h pour
lui parler de Lagarde. Ils lui portent à ce moment-là 6 témoignages écrits
d’élèves qui avaient été internes aux « Heures Claires ».<br />
<br />
Le 30 janvier, Hatzfeld, devant Jim Bean, tente d’expliquer à Hornus les termes
de la lettre du 28 et lui prie d’accepter ses excuses. En cinq autres
occasions, les semaines suivantes, Hatzfeld renouvellera ses excuses et son
offre de réconciliation, en vain.<br />
<br />
Le 31 janvier, à 17 h, à la bibliothèque, Hornus lit devant tous les
professeurs, réunis pour l’occasion, la lettre du 28. Hatzfeld essaie de
s’expliquer. Pierre Vernier puis Hornus se déchainent contre lui et
contre Antonio Plazas, Hornus disant que si Hatzfeld doit « vérifier tout ce
qu’il fait, aucune collaboration ne sera possible ». Des copies de cette lettre
seront ensuite répandues par M Theis sans l’accord des signataires et c’est
seulement ainsi que l’on pourra savoir qu’ils ne sont pas d’accord avec la
manière dont Albricias avait été renvoyé.<br />
<br />
Le samedi 1er février à 8 h du matin, Law va voir Albricias pour savoir quel
rôle il avait joué dans l’affaire concernant Lagarde. Au cours de cette
conversation, Albricias montre à Law d’autres témoignages qu’il avait obtenu
lui-même la veille d’anciens internes des « Heures Claires » et dont il
comptait se servir contre le Collège. Law les prend et les remet à Theis.
Le vendredi soir 31 janvier, Albricias réunit ses internes, en en excluant les
élèves surveillants et leur parle de son renvoi et des accusations portées
contre Lagarde. Il les invite à écrire à leurs parents.<br />
<br />
Le samedi soir 1er février, en présence de Jim Bean et des maitres d’internat
mais en l’absence de Plazas ( ? ), David Law avertit les élèves surveillants,
puis les autres internes, que l’enquête présidée par Theis suivrait son cours
et les supplie de faire confiance et de ne plus s’occuper de cette
affaire. <br />
<br />
Je n’ai pas retrouvé la date de départ d’Albricias.<br />
<br />
Puis survient le CA où Hornus demande à être nommé seul directeur mais n‘est
pas suivi. Le CA le nomme directeur mais en lui demandant de laisser une
place à Hatzfeld dans l’équipe directoriale. Hornus n’a pourtant pas ménagé ses
critiques à l’égard de Hatzfeld. Ricoeur, qui fait partie du CA et défend
Hatzfeld, parle de « réquisitoire scandaleux ».<br />
<br />
Commence ensuite une campagne menée par Theis et Hornus auprès des collègues
afin qu’ils se prononcent en faveur d’une direction unique de Hornus et fassent
ainsi pression sur le CA et son président. La plupart des profs qui ont signé
cette lettre l’ont fait dans la crainte que le Collège, et donc leur
gagne-pain, ne ferme, crainte qu’Hornus savait mettre en avant. Une chaine de
prières des « pieusards », pendant toute une nuit, est organisée par Parker,
pour que le ciel influence le CA dans le « bon » sens (c’est-à-dire pour nommer
Hornus seul directeur)<br />
<br />
Le 14 mars a donc lieu un nouveau CA où Hornus devait dire s’il acceptait la
décision du CA (co-direction avec Hatzfeld). Hornus refuse et produit la
liste du personnel (une bonne moitié) qui a signé en sa faveur ! Trocmé
fait remarquer le vice constitutionnel de l’Association Gestionnaire du Collège
qui « ne sépare pas nettement les pouvoirs ». Hornus, selon les termes de
Trocmé, a « déclaré la guerre au CA » et menace de se séparer du CA ! Le
CA, furieux, parle de renvoyer tous les membres qui ont proféré de telles
menaces. Afin de ramener la paix, Trocmé propose une démission en bloc du
CA afin de refaire les statuts, mais n’étant pas suivi, il démissionne. Il
envoie à tous les adhérents et salariés une longue lettre dans laquelle il
explique son geste et ses regrets.<br />
<br />
Aux vacances de Pâques (10 avril 64), Antonio Plazas est renvoyé de l’internat,
mais comme il n’a pas d’endroit où aller, il est autorisé à y habiter avec sa
femme Suzie jusqu’en juin ; il peut également continuer à enseigner jusqu’en
juin. Réponse des « purs » : une réunion de prière afin qu’Antonio se repente
!<br />
<br />
Nouveau conseil d’administration, dont Petrequin est le nouveau président, qui
prend une décision raisonnable, vu les réactions violentes de Hornus : nommer
un nouveau directeur extérieur au Collège. La commission de recrutement,
composée de Ricoeur et Lelièvre (pasteur du Chambon), choisit Roland Leenhart,
ancien pasteur, un homme doux avec qui Hatzfeld a travaillé à Madagascar.
Mais Leenhart n’est pas enthousiaste pour venir.<br />
<br />
Le 9 mai, une lettre tirée à 1500 exemplaires, envoyée aux anciens et
distribuée au Chambon et appuyée par une note de Theis, vise à décrédibiliser
Plazas qui se représente comme président de l’Association des anciens.
Cette manœuvre non seulement échouera mais accentuera encore la haine entre les
deux camps dans le collège ! Ce n’était pas du tout dans les habitudes de
faire une telle campagne, il y avait environ 300 adhérents à l’AACC et donc ce
chiffre de 1500 courriers montre l’importance, pour le camp des « purs », de
barrer la route à Antonio ! L’AACC était en effet une sorte de caution
morale pour le Collège.<br />
<br />
Certains profs parmi les « purs » n’hésitent pas à prendre les élèves à
partie. Miss Maber demande ainsi aux élèves de prier pour que les profs «
non chrétiens » soient renvoyés (elle vise Antonio Plazas et David Law) ; et
Vernier ne perd pas une occasion de se moquer des infirmités physiques
d’Antonio. Il prend les élèves à partie, les accuse d’être des menteurs : la
Direction lui demande de se calmer !<br />
<br />
Jeudi 21 mai, Mme Lavondés s’assure auprès d’Hatzfeld qu’il sera là l’an
prochain et celui-ci lui disant que oui, elle ne fait aucune objection.<br />
<br />
Samedi 6 juin : réélection triomphale d’Antonio comme président des anciens
(les élèves avaient auparavant manifesté leur soutien à Antonio, par exemple en
posant une plaque « avenue A. Plazas ».<br />
<br />
Lundi 8 juin : annonce de cette réélection au journal parlé par Hatzfeld; puis
au réfectoire par Marcel Bégin. A chaque fois la nouvelle est applaudie par les
élèves. Menaces de renvoi contre Bégin et tout Cosmos.<br />
<br />
<a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/public/images/Tom_Johnson/1232433546.jpg"><img title="Mercredi 10 juin 1964" style="margin: 0 0 1em 1em; float: right;" alt="" src="http://collegecevenol.pasteur.ch/public/images/Tom_Johnson/.1232433546_m.jpg" /></a>Mercredi 10 juin, feu de
camp des « impurs », où est prise la fameuse photo (ci-contre) qui réunit les
profs et les grands élèves.<br />
<br />
Mardi 16 juin, réunion des « purs » chez M. Theis qui vient de rentrer des
E.U. Annonce du départ de Lagarde. On envisage de faire partir les
« impurs » et on en voit les risques : explosion chez les élèves.<br />
<br />
Mercredi 17 juin, entrevue de Roger Hollard, Theis, Lavondés, Jim.
Hollard est accusé d’être responsable de la réélection d’Antonio, coupable de
rébellion.<br />
<br />
Vendredi 19 juin, Miss Maber demande à Roger Hollard de partir pour éviter la
démission de 12 collègues. Mme Samson demande le renvoi de Hollard : «
<em>C’est lui ou moi</em> ». Puis c’est Vernier qui demande à Theis le renvoi
de Hatzfeld.<br />
<br />
Samedi 20 juin, formation d’un syndicat par Hornus dont ne font partie que les
« purs ». Objectif: tenir tête à l’employeur (le CA) mais sans soutenir un prof
congédié par la direction.<br />
<br />
Le 29 juin, Hatzfeld reçoit une lettre de renvoi « pour fautes graves » sans
que ces fautes soient très claires : « <em>a pris parti pour des fauteurs de
troubles</em> » avec dédommagements ( ? ). Avec cette note en fin de lettre : «
<em>Vous pourrez plaider votre cause devant le nouveau directeur R. Leenhart
qui doit arriver</em> ».<br />
<br />
Une nouvelle lettre de Lavondés du 1er juillet précise les « fautes graves » :
« <em>En janvier, vous avez considéré qu’une grève pouvait être éducative pour
les élèves et en juin vous avez trouvé bon de provoquer une ovation parmi les
élèves pour un professeur renvoyé</em> ».<br />
<br />
Seront donc renvoyés cette année là : Albricias, Plazas, Law, Hollard, Durham
(américain embauché au début de l’année qui partira sans indemnités alors qu’il
avait payé lui-même son voyage, renvoyé parce que Vernier avait besoin du
logement qu’il occupait) et Hatzfeld ; Lagarde étant parti de lui-même.<br />
<br />
Des élèves « meneurs » seront renvoyés également : Bégin, Gilmour, Grob,
Ebellé, Lajos ( ? ), certains entre les deux épreuves du Bac !<br />
<br />
En juillet, François Lods meurt en montagne et un mois après, son père William
et ses deux sœurs.<br />
<br />
<a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/public/images/Photos_a_classer/Olivier_Hatzfeld__Paques_71.jpg"><img title="Olivier Hatzfeld chez lui aux Castors, Pâques 71" style="margin: 0 1em 1em 0; float: left;" alt="" src="http://collegecevenol.pasteur.ch/public/images/Photos_a_classer/.Olivier_Hatzfeld__Paques_71_m.jpg" /></a>Hatzfeld
plaide sa cause et celle de ses amis (surtout celle d’Antonio qui est dans une
situation critique) devant Leenhart mais en vain ; celui-ci n’ose pas désavouer
son prédécesseur et risquer de recommencer la guerre. Hatzfeld obtient en
janvier 65 que sa lettre de renvoi soit « commuée » en année sabbatique avec un
an de salaire (Leenhart écrit « <em>Devant l’énormité de la tâche, j’ai été
obligé de demander à M. Hatzfeld, parce que plus « directoriable » que moi, de
s’effacer et de quitter le Chambon</em> »). Après plus d’un an de
recherche d’emploi (avec 8 enfants à charge), Hatzfeld, trop vieux (48 ans)
pour rentrer dans l’éducation nationale, trop marqué par ces « soi-disant
fautes graves » pour rentrer dans un établissement protestant, trouve enfin un
poste – précaire - de contractuel à Valence au Lycée agricole du
Valentin. Le contrat se termine en juin, puis renouvelé en septembre.
Hatzfeld passe son CAPES en limite d’âge et enfin crée l’INRAP (Institut de
recherches et d’Applications Pédagogiques) à Dijon, dépendant du ministère de
l’Agriculture, où il donnera sa pleine mesure en construisant toute la
pédagogie de cet enseignement agricole naissant !<br />
<br />
Pendant ce temps, au Collège, Leenhart fait ce qu’il peut, tant bien que mal.
Il meurt brusquement (crise d’urémie ?) au printemps 66.<br />
<br />
Antonio se sépare de sa femme, s’installe un temps à Bourg de Péage où il tient
un magasin de chaussures, se remarie avec Marie, puis repart et, se contentant
de sa pension d’invalidité pour vivre, se consacre désormais entièrement à sa
peinture. David Law et Roger Hollard partent enseigner dans un lycée
agricole à Manicourt. Hollard passera le CAPES et enseignera dans le
public à Evian, avant de revenir au Collège comme directeur en 71.<br />
<br />
Je ne sais pas ce que sont devenus Albricias, Durham (reparti aux USA).
Il me manque le nom d’un des renvoyés (mon père parlait de 7 personnes).
Lagarde part à Avignon. Hornus part aussi en 67 et se suicidera dans les
années 85 avec sa femme sans laisser d’explication.<br />
<br />
Plusieurs parmi les « purs » ont écrit à Hatzfeld pour lui demander pardon,
pardon qu’il leur a accordé. Hornus demandera pardon par l’intermédiaire
d’Henri Hatzfeld (pasteur) mais Hatzfeld refusera de lui pardonner. Dans
une lettre à Hornus, Hatzfeld écrit : « <em>Vous avez fait à moi, aux miens, à
mes amis, tout le mal que vous avez pu faire en nous ôtant plus que la vie :
nos raisons de vivre. Et tout cela sans justice, sans motif, sans explication.
Je n’ai pas cherché à me venger et j’essaye maintenant, comme je vous le
disais, d’oublier que j’ai eu le malheur de vous connaitre et de vous faire
confiance.</em> »<br />
<br />
L’année d’après, des élèves ont continué la rébellion sous forme de lettres
anonymes savoureuses.<br />
<br />
L’analyse de cette crise ? D’abord le Collège avait grandi, trop vite peut
être, les nouveaux arrivants n’avaient pas tous « l’esprit collège » fait de
tolérance et de réflexion. Est arrivé un homme ambitieux et sans scrupules,
probablement instable, qui a profité de Theis qui était très affaibli et qui a
séduit, à la fois par son statut de pasteur et son charme, une partie des
collègues. Ensuite, deux évènements se télescopent : l’affaire Lagarde et le
renvoi d’Albricias, qui ont servi de détonateur. Se sont alors révélées toutes
sortes de jalousies, mesquineries, libérant des pulsions sordides, certains se
croyant autorisés à demander le départ d’un collègue qu’ils n’aimaient pas, à
récupérer un poste plus avantageux, un logement, l’amour des élèves… et Theis
voulant faire « place nette » pour son successeur. Mais dans l’ensemble, même
pour ceux qui l’ont vécue, cette crise aura été incompréhensible : un coup de
folie collectif ?<br />
<br />
<em>Marianne Mermet-Bouvier Hatzfeld, mai 2009</em></p>
Pentecôte 2009 - Demandez le programme !
urn:md5:cc660dcc9f04fb401fb10b2f0b5f6ac9
Thursday 21 May 2009
Ex Nihilo
Evénements
<p><br />
Plus que quelques jours avant le grand rassemblement des anciens le week-end de
la Pentecôte. Plusieurs centaines de personnes se sont déjà inscrites. Et vous
?</p> <p><a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/post/2009/05/21/Pentec%C3%B4te-2009-Demandez-le-programme-%21">Continue reading</a></p>
Nouveaux textes en ligne
urn:md5:38da090a49c063a133dedf23a4787f73
Sunday 10 May 2009
Ex Nihilo
Quoi de neuf ?
<p>A lire, trois émouvants témoignages des toutes premières années du collège,
illustrés de photos.</p>
<ul>
<li><a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/post/2009/05/07/Coll%C3%A8ge-C%C3%A9venol%2C-ann%C3%A9es-d-apr%C3%A8s-guerre">
Collège Cévenol, années d’après-guerre</a>, de Nicole Prades-Manas</li>
<li><a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/post/2009/05/07/Souvenirs-des-ann%C3%A9es-1947-1949">Souvenirs des
années 1947-1949</a>, de Claudine Prades</li>
<li><a href="http://collegecevenol.pasteur.ch/index.php/post/2009/05/07/Souvenirs-des-ann%C3%A9es-1948-49-50-51">Souvenirs
des années 1948-1951</a>, de Michèle Lafoux, née Galland.</li>
</ul>