Suite aux évènements de mai et au report du bac qui en suivit, la rentrée 68 avait été décalée d’une semaine au mercredi 2 octobre. C’est donc le 1er octobre que nous devions arriver. Rendez vous fixé au matin pour les nouveaux et l’après-midi pour les anciens. Quasi directement de Lagos (Nigeria) que nous avions quitté le 25 septembre. L’année scolaire commence, elle, le mercredi 2 octobre, à 8 heures, au temple du Chambon. Évidemment nous sommes arrivés le 29 septembre, deux jours avant, à l’agacement de l’administration qui devaient trop souvent faire face aux approximations des timings de tous ses pensionnaires voyageurs, mineurs et non-accompagnés.

On devait à cette époque se débrouiller tout seul. Mon frère gérait cela du haut de ses quatorze ans ! Arrivé au Bourget le dimanche on prend aussitôt le train pour Valence ? Nous sommes sensés y récupérer le car du Chambon. Les bagages sont en « accompagnés » (avec nos nouveaux skis !), il faut le temps de les récupérer, nous manquons le dernier car. Avertis le collège nous dirige vers un foyer protestant qui ne retient pas l’attention d’Olivier. Pas plus que celle de Georges et Patrick deux autres élèves dans la même situation. Alors on se la joue autonome. Une chambre d’hôtel à 14 F (pour deux) et un dîner à 7 F (chacun). La soirée se conclut au cinéma qui projette « Le gendarme de Saint Tropez ». J’écrirais à ma mère, sans doute sous la dictée de mon frère,  combien nous avions été raisonnable, contraint que nous étions par les événements, en choisissant l’hôtel le moins cher et en nous limitant à un dîner frugal afin de compenser le coût du transfert des valises plus onéreux que prévu.

Bref je venais d’avoir 12 ans, je mesurais 1m51, pesais 42 kilos et rentrais en 5ème. J’étais ancien et cela aurait du se passer un peu mieux !

 

(…) C’est mon ennemi juré qui a été le plus content de me revoir au collège, maintenant nous sommes de bons copains (Courrier à mon père –  9 novembre 68)