La collection complète des CFD numérisée et consultable en ligne !

De mars 1946 à juin 1972, 96 numéros du CFD (Ça file doucement) ont paru, sous diverses formes, à raison de plusieurs numéros par an. A l’exception de 4 numéros, tous les exemplaires originaux ont pu être retrouvés, soit dans les archives du Collège (grâce à Marie-Catherine Efkhanian, responsable du CDI, qui les avait soigneusement conservés), soit dans des archives privées, et notamment celle d’Éric Perrenoud, bibliothécaire puis directeur de l’internat de garçons (jusqu’en été 1963) au Collège et membre du comité de rédaction du CFD pendant de nombreuses années..

La lecture de ces anciens numéros du CFD, outre la bouffée de nostalgie qu’elle provoque irrémédiablement, révèle à quel point les thèmes abordés, les critiques exprimées, les questions posées et les réponses données sont récurrentes d’une génération à l’autre. C’est toute l’histoire du Collège qui défile sous nos yeux, des premiers camps de travail dédiés à la construction des baraques aux grands projets mis en œuvre (Batisco, ateliers, internat des filles, gymnase), en passant par toutes les fêtes, conférences, représentations théâtrales, manifestations religieuses et politiques qui se sont succédées depuis 70 ans.  C’est aussi la vie quotidienne des élèves, les nouvelles des anciens, les témoignages de ceux qui sont passés par là et qui ont gardé, comme nous tous, un coin du Collège dans leur tête ou dans leur cœur ou dans les deux. C’est enfin cet humour et cette capacité d’autodérision si particulière distillée au gré de textes et de dessins souvent en avance sur leur temps.

Consulter les CFD en ligne : http://www.pasteur.ch/cfd/

Tous les numéros disponibles ont été numérisés, gravés sur un DVD et mis en ligne sur ce site. Une copie du DVD peut être commandée à l’Association des Anciens du Collège Cévenol.

Un immense merci à Marc Perrenoud qui a numérisé la plus grande partie des quelques 2000 pages qui constituent cette collection !


Histoire : la naissance du C.F.D.

Le "Ça File Doucement" a 1O ans.

Article paru dans le CFD N°14 (Mars 1956)

En ce temps-là (mars 1946) on ne connaissait encore ni Luquet ni les maisons préfabriquées. Monsieur Theis cependant envisageait l’avenir avec un optimisme qui devait en laisser beaucoup rêveurs (voir ci-dessous an extrait du n’ 1 du C.F.D.). L’internat de garçons, dirigé par Monsieur March (qui a été l’instigateur de ce journal), occupait les Heures-Claires, dont la façade figure sur le dessin de couverture des premiers numéros.

Pourquoi "Ça File Doucement" ? Le premier rédacteur (Eric Westphal) nous dit que parmi les titres proposés "c’est celui oui caractérise le mieux le Chambon et son inoubliable CFD (Chemin de Fer Départemental)". Titre qui peut paraître trop peu dynamique pour un journal de jeunes, mais, comme le remarque Cari Welty (n°3), il exprime bien l’idéal du Collège : "grimper vers les hauteurs en s’écartant des chemins battus de la convention et de la tradition". Et on peut souligner d’autres analogies : manque de confort, personnel limité, marche vers le but avec patience et ténacité, sans se laisser démoraliser par certaines lenteurs. Reconnaissons, 10 ans après, qu’effectivement du chemin a été parcouru !

Les six premiers numéros du CFD étaient imprimés et présentés sous une couverture cartonnée. Les deux premiers sont "Journal de l’internat", mais le Collège comprend vite que cela peut être un utile instrument de propagande et y investit des capitaux. La fréquence de parution était de deux numéros par an, mais 1’abondance des matières et la qualité nous restent en exemple.

Cela dura jusqu’en juin 1948. Le Conseil des Élèves reprit alors le collier, et s’attela à la vieille ronéo du secrétariat. Apparemment, les crédits avaient été supprimés…

En novembre 1949, redémarrage plein de promesses : le CFD est repris par la vivante Association des Anciens de Paris. Articles et projets intéressants se succèdent dans 4 numéros, jusqu’en novembre 1950… Et puis, plus rien. L’Association était tombée en veilleuse, les couvertures des numéros à venir restaient sur les rayons, les abonnés confiants en étaient pour leurs frais. (Heureusement, ces couvertures ont pu être récupérées, et ce numéro, ainsi que le précédent, en ont profité, ce qui compense un peu le tort causé par l’affaire des abonnements).

Une fois de plus, péniblement, le Conseil des Élèves reprend le collier, un peu au hasard des fêtes et des bonnes volontés présentes.

C’est l’époque où les numéros se font de préférence à coups de nuits blanches. Mais le journal ne se vend pas…

Enfin, en octobre 1953, une équipe se constitue pour reprendre l’affaire en mains, se fixe un programme et s’y tient. C’est le début de la "Nouvelle série", repartant au n°1. Depuis lors, cinq numéros par an se succèdent régulièrement. A la fin de la première année on ose à nouveau parler d’abonnements. De son côté, l’Association du Collège devient un bon client en adressant le CFD à ses membres. En octobre 1954, le journal achète audacieusement une nouvelle machine qui permet l’impression eu plusieurs couleurs. Actuellement, 250 abonnés, hors du Charbon nous témoignent leur confiance et leur intérêt.

En parcourant la collection des CFD, on est frappé de voir combien les idées que nous avons sur la participation des élèves, des profs et des Anciens, et sur l’Association des Anciens, ont déjà été exprimées. Mais, on s’est détaché du Collège, on a perdu patience, on a peut-être aussi eu peur du travail… Nous croyons aux travaux de longue haleine. Nous croyons que, même si "ça file doucement", ça finira par arriver au but.

En avant !

La Rédaction (Jim Bean, Pierre Darche, Jean-Claude Decoudun, Eric Perrenoud, Antonio Plazas, Paul Vidal)


Extrait du premier numéro (mars 1946)

Quant aux fameuses constructions, rien ne peut être dit avant le retour de M. Trocmé. Deux projets sont à l’étude : des constructions en pierre et ciment, qui seraient terminées en 1947, ou plutôt en 1948 ou 1949, à condition que nous puissions obtenir les matériaux et les ouvriers nécessaires ; ou bien des constructions en bois préfabriquées qu’on ferait venir de l’étranger, et que nous monterions ensemble 1’été prochain. Qu’est-ce que vous diriez d’avoir NOTRE ECOLE, bien à nous, construite en partie par nous, dès la rentrée d’octobre 1946 ?  Si mon enthousiasme pour ce dernier projet se communique à tous ceux qui aiment le Collège Cévenol au Chambon, en France et dans le monde entier, je suis convaincu nue nous le réaliserons et qu’alors le Collège nous tiendra tellement au coeur que non seulement nous n’aurons plus envie d’y rien dégrader, mais que nous chercherons tous à le développer et à l’embellir, et que nous nous y intéresserons toujours, même après qu’il nous aura fallu le quitter.

Édouard Theis


Souvenirs du premier numéro.

Article paru dans le CFD N°°14 (Mars 1956)

Il est quelquefois fastidieux de répondre à un ami lorsqu’il vous demande un article pour un journal… Mais ce soir, vous me demandez un article pour un journal que nous aimons particulièrement puisque nous l’avons créé : "Ça File Doucement".

Il y a déjà plus de 10 ans… Au cours d’une étude d’un soir de novembre, à l’internat des "Heures-Claires", une idée jaillit, trouvant immédiatement des échos : faire une revue de l’internat.

Follement, comme des garçons de cet âge peuvent le faire, nous nous sommes jetés sur cette idée nouvelle. Partie d’un bout de la table, 1’idée fit rapidement le tour de 1’étude, transformée en quelques instants en salle de rédaction, tant et si bien que le Directeur, alerté par un murmure anormal anormal, s’inquiéta … Notre cher P’titout, devant 1’ampleur et 1’unanimité remportées par ce projet, et entrevoyant peut-être tout de suite un moyen de réaliser pour son internat l’action d’éclat qui attirerait sur lui les regards jaloux du Collège et des Chambonnais, nous promit tout son appui.

P’titout pour arbitre, la première assemblée extraordinaire des "Heures-Claires" décida la création d’une revue et désigna quatre responsables (E. Westphal, J. Martin, E. Keller, C. Guillermet. N.d.l.R.), et je peux vous dire qu’ils ont rencontré cent fois plus de difficultés qu’ils ne l’avaient pensé.

Il faut reconnaître que nous partions avec des idées bien arrêtées, car, prenant notre nouveau rôle au sérieux, nous voulions que notre coup d’essai fût un coup de maître… Il fut décidé d’envisager (rien ne nous effrayait) un journal imprimé avec reproductions, gravures, couverture en papier fort sur laquelle un dessin original était prévu. La discussion du format demanda plusieurs heures, avant de s’arrêter à celui se rapprochant le plus d’un cahier de cours.

Je dois avouer que nous avions pensé à demander au père de l’un d’entre nous, qui était éditeur, de nous aider ; et heureusement, car il nous permit de terminer cette grande aventure que sans lui nous aurions abandonnée.

Mais 1’ enthousiasme était là, car nous étions trop heureux de trouver un moyen de nous extérioriser, de nous prouver que nous pouvions faire une chose "bien", sortant de 1’ordinaire, de dire aussi que ce Collège Cévenol que nous avions construit n’était pas un collège comme les autres, que nous faisions au Charmbon une expérience merveilleuse… Les idées jaillissaient… Il fallait concrétiser : trouver des bonnes volontés pour faire las articles.

Les discussions commencèrent avec les auteurs pressentis, car il fallut beaucoup discuter pour choisir et persuader. Il me semble me souvenir que l’on avait un peu de peine à nous prendre au sérieux.

Enfin, petit à petit, tout cela prenait tout de même corps, les heures de rédaction se succédaient, bien qu’un seul point de désaccord restât à trancher : le titre. Les initiales C.F.D., du petit Chemin de Fer Départemental qui nous était cher, nous avaient sans doute inspirés, car nous lui avions trouvé plus d’un sobriquet, "ça file doucement" restant le meilleur, caractérisant parfaitement ce petit tortillard qui avait tant de peine et qui mettait tant de temps pour faire la liaison entre le Plateau et les grandes villes de la vallée.

Et le temps filait doucement aussi pour nous qui avions également beaucoup de peine à mener notre ouvrage à bon terme. Alors, pourquoi pas ?!…

Ce fut donc "Ça File Doucement" qui, du mois de novembre au mois de mars, occupa nos moindres loisirs. Lorsqu’il fallait rendre des comptes à nos camarades, ils ne comprenaient pas toujours les grosses difficultés rencontrées, surtout pour un premier numéro où tout était à faire.

Et c’est ainsi qu’avec 1’annonce du printemps, "Ça File Doucement", au milieu du mois de mars 1946, lentement mais sûrement, vint prouver qu’il était devenu une réalité… Il nous apportait une joie bien légitime, comme celle que je viens d’avoir à vous rappeler ses débuts.

Qu’il me soit permis de remercier tous ceux qui nous ont aidés, et ceux qui au cours de ces dix années ont empêché notre journal de tomber dans 1’oubli.

Puis de me tourner vers cette nouvelle écurie, celle du dixième anniversaire, et de lui demander de maintenir la tradition, d’améliorer - dans le domaine du possible, bien sûr ! - notre idée, notre "Ça File Doucement", afin que celui-ci devienne vraiment le trait d’union entre le Collège Cévenol, ses anciens et nouveaux élèves.

Que "Ça File Doucement" devienne le lien d’une immense chaîne d’amitié à travers le monde, formant une ronde autour de ce foyer admirable qu’est notre Collège.

Amis, unissons-nous pour que vive "Ça File Doucement" !

Le Gérant de 1946 : Claude Guillermet


Pentecôte 2009 : Numéro spécial "70 ans" du CFD

Le CFD spécial « Pentecôte 2009», brochure réalisée par des Anciens sous la coordination d’un de ses anciens rédacteurs en chef, Roland Mayer, est un clin d’œil à l’adresse des élèves actuels, leur suggérant de reprendre en main sa réalisation et d’en refaire une bonne habitude.

Ce numéro spécial sortira à l’occasion de la grande rencontre des anciens du week-end de la Pentecôte et sera disponible à l’accueil, au foyer Kaina, ainsi que dans les buvettes réparties sur le campus.

Vous y trouverez 48 pages de souvenirs de toutes les décennies de la vie du Collège Cévenol; des interviews, des textes sérieux et d’autres moins, des piqûres de rappel pour se ressituer dans le contexte, une chronique du Chef d’établissement, une autre du nouveau Président de l’Association des Anciens, des dessins, beaucoup de photos, des témoignages, de l’humour, bref, de quoi vous replonger pour un moment dans les exploits de votre jeunesse au Collège.