Dans tout cet appareil de « carnage », des peintures modernes à même les murs ainsi que des taches vertes de quelques bouteilles de menthe mettent des notes tendres et rassurent l’œil. Tous rigolent, leur dur travail achevé (ou presque), se bousculent joyeusement, se fourrent des bourrades dans le dos. Ici, quelques demoiselles élégantes boivent, le petit doigt en l’air en pigeonnant, tout en soignant leur rouge à lèvres. Quelques intellectuels parlent du dernier cours de philo. Si une exclamation plus vive, un rire plus haut éclatent soudain sur ce fond assourdi, ces incartades ne sont imputables qu’aux quelques très rares « petites parisiennes », camarades de ces jeunes gens étudiants.
Quelques thaumaturges sans regards, aux figures glabres, ivoirines, un peu morbides apparaissent de derrière une cloison, un comptoir ou tout simplement d’une paire de lunettes : mascarade pathétique ou épopée de l’art moderne ? Cela c’était hier.
Aujourd’hui, ce qui me frappe d’abord c’est le ton, la rumeur des conversations dans cette salle basse, pleine de monde. Quelques sourires s’esquissent sans fin entre voisins de table. Le naturel a succédé au factice.... Espérons que cela dure.
(CFD 67, page 11, Stéphane van Son)
Il n’y avait pas que le second cycle qui fréquentait le Cokos. Les 4ème et 3ème aussi. Les jeudis après midi et les dimanches. Ou les mercedis et samedis soir. Trop jeune peut-être pour y mettre les pieds, je ne me souviens l’avoir fréquenté. Nous avons le "foyer". Et j’allais plutôt en bande parmi les miens dans nos cabanes. On y consommait nos propres bouteilles (de limonade ?). Et on y fumait nos premières cigarettes en cachette.
Il y avait aussi l’orchestre éponyme qui fut créé cette année là : Le Cokos Groupe !
Comments
Le cokos était juste à côté de Luquet si ma mémoire est bonne! c'est là que j'ai appris à aimer Léo Férré, Jean Ferrat, Barbara et les autres.... Nous refaisions le monde et c'était un petit coin de paradis où presque tout était permis!
ardescoLe cokos était effectivement à côté du réfectoire, sous les bureaux de la direction. Le réfectoire était lui sous la salle de gymnastique.
bertrand.cameyIl y avait un bar à droite en entrant, et des tables autour de la pièce. La "sono" se trouvait derrière le bar. Il était autorisé de fumer. Les boissons (non alcoolisées) étaient payantes et l'argent récolté permettait d'acheter du matériel. C'est ainsi qu'en 69 nous avons vu arriver une magnifique platine disque de marque Lenco, pour améliorer la sono qui diffusait une musique de fond.
Le cokos était réservé au élèves du secondaire (seconde à terminale), et ouverts seulement à certaines heures (pause du midi et fin d'après midi.
Je garde un souvenir ému du jour où un élève de première ou terminale (je crois me souvenir qu'il s'appelait Dubarry) nous a fait un solo de percussions en tapant sur les parois de l'évier du bar (quel rythme!).
Le cokos, l'endroit de tous les instants libres, j'en ai été durant un moment, et avec d'autres le responsable. On y voyait surtout des élèves du second cycle avec leur café (Nescafé svp) ; de temps en temps un prof sympa y était convié pour ue discussion un peu sérieuse. C'est là que j'ai écouté Brel, Brassens, Ferré, Barbara, Montand etc jusqu'à plus soif. C'est là que j'ai écouté les textes, que je les ai apprécié. C'est là aussi que j'ai entendu pour la première fois les Beatles, les Stones... De temps en temps, Frédéric Mignon (un passionné) nous faisait écouter du Jazz : de Coltrane à Monk, en passant par Charlie Mingus, Art Blakey... C'est là que les poêtes poétisaient, que les dragueurs draguaient, que les guitaristes classiques nous foutaient le bourdon, qu'on se rendait compte, les jours de mauvais temps, qu'on était bien dans cet endroit enfumé.
Roland MayerLe Cokos remonte au début des années 50. Il s'appelait d'abord le "Cokos'abri". L'initiative était venue d'un gars dynamique de 1re ou de terminale, sympa, gratteur de guitare que tout le monde appelait Cokos et qui avait pris l'affaire en main. Il avait fallu convaincre la direction, nettoyer le local, y mette quelques rondins pour s'asseoir. L'ouverture fut un événement. Je ne me souviens plus ce qu'on y buvait. (de la limonade?). On y faisait des soirées de classe.
Jack Bierens de HaanJe me souviens d'une soirée "dansante" au coko's où Stéphane van Son m'a dit d'un ton goguenard ( mais cela tue à cet âge..) tu ressembles à une vache hollandaise quand tu danses.. parole prophétique, Stéphane car depuis 24 ans, je suis devenue hollandaise.. et j'ai une gande tendresse pour ces belles vaches!!
marie-christine arneraJe ne m'en souviens pas d'avoir prononcé ces méchantes paroles mais en tous cas je suis vraiment désolé Marie Christine que tu gardes cela en mémoire! Mais tu sais bien :"On n'est pas serieux quand on a 17 ans"....
stephane van sonTu vois, grâce à ce site, on met des choses au point! Alors sans rancune! Je me réjouis de te revoir à Pentecôte!
marie-christine arneraLe Cokos était le lieu où on découvrait en 68 en avant première les 45 tours des succés de la musique américaine encore inconnus en France, apportés par les copines de Milflor, (Isabelle Carmikael, et cette américaine décolorée qui portait d'incroyables lentilles de contact violettes..)Tous les airs d'Aretha Franklin, Bob Dylan,... de cette époque me ramènent au Cokos
Vincent MonodLe "Coko's abri", années 1955 à 1959 : un lieu de convivialité et de rassemblement ludique des élèves, surtout les jeudi et dimanche après-midi.
Claude GIRARDLa musique y était reine,... et très variée : pour le répertoire français, aussi bien Salvador dans ses chansons pastiches, que Montant ou Bécaud,... et surtout Brassens. On y découvrait dans ces années "50", et de façon anticipée sur le restant du pays, le rock avec Buddy Holly, Gene Vincent, Bill Haley, et bien sûr Elvis Presley, et le Jazz avec Amstrong et les "classiques" Béchet, Kid Ory,Buckner,.. mais aussi Parker, Clifford Brown, Hawkins, Gillespie, Don Byas,... De façon anticipée sur le reste du pays, car quelques internes, de nationalité américaine, nous ravissaient grâce à l'apport de 45 ou 33 tours qu'ils obtenaient par leurs parents.
Il me semble, si mes souvenirs sont fidèles à la réalité passée, que la gestion du lieu était assurée par roulement par les internes eux-mêmes. Je me souviens d'y avoir assuré une permanence pendant quelques mois avec mon ami Claude Rouzeau et d'y avoir organisé des sortes de concours de chants et de partitions musicales. A noter, à ce sujet, l'excellente prestation de quatre internes de classes terminales qui avaient créé un groupe de Gospel, style Golden Gate Quartet, parmi eux, si je ne me trompe pas, Charles de La Tour, Sylvain de Pury et un des Lods. Ce sont eux qui avaient eu la permission de construire une petite chapelle en face de Luquet, afin de créer un lieu propice à la méditation ou à la prière personnelle.
@Roland Mayer : Et j'y ai bu un excelent jus de chaussette, en guise de café.
MATOU