C’était une villa isolée, peut-être louée à quelqu’un du village, où ne
pouvaient coucher qu’une dizaine de personne.
Si j’ai bien compris, on y mettait les brebis galeuses de l’internat, puisque,
après la Tagheia, j’y fus muté pour indiscipline.
En réalité, c’était la maison la plus agréable, parce qu’elle était loin de
tout et que la surveillance y était donc moins stricte qu’ailleurs. Nous y
vivions sans responsable visible, dans une sorte d’autarcie anarchiste, n’en
sortant que par beau temps. Toute forte pluie, tout soupçon de neige, nous
faisait déclarer le chemin impraticable pour nous rendre aux salles de classe,
voire à Luquet. Subsistant de nos maigres provisions mais le cœur à l’aise,
nous nous levions tard, lisions beaucoup, jouions aux cartes et pratiquions le
rugby.
Tout de même, on y travaillait aussi, puisqu’en en sortant je fus reçu au bac.
Je me souviens notamment de Dautheville et des deux frères
Layec, ces derniers fils d’officier, qui étaient remarquables
par le fait qu’à la place de valises ils utilisaient des cantines métalliques
(à l’époque réservées à l’armée, et tout à fait inhabituelles pour les civils).
A la Guespi, j’ai de fort bons souvenirs, mais comme personne ne se rappelle
cette maison, je crains que la Direction, constatant que les habitants y
échappaient trop à son emprise, l’ait, après nous, supprimée ou rendue à son
propriétaire.
(Guy BECHTEL)
Comments
quel plaisir de vous lire.il y a, un joli parfum d'esprit rebelle mais reste fidele au College.merci
nellyJe ne me souvenais pas de toi, sur la photo, mais tu m'as fait retrouver deux noms que je connaissais bien: Layec (pas dans ma classe), et Dautheville (si je me souviens bien Dautheville Guibal, lui devait être dans ma classe).
ALLINJ'y étais aussi, ce devait être en 1949(?) avec Jean Paul Ducamp, les frères Jousselin, et d'autres bons camarades que ma mémoire "émenthalienne" a effacé les noms. Si quelqu'un encore vivant trouve un intéret à me rafraichir la mémoire, il sera le bienvenu. J'ai une (très mauvaise) photo de la maison, mais je ne sais pas comment la transmettre.
Bernard Vincent dit Baps