Les internes ne sont autorisés à garder que des sommes minimes. Ils doivent déposer leur argent auprès de leur maître d’internat et peuvent lui en demander au fur et à mesure de leur besoin. Ils ne sont pas autoriser à recevoir directement de personne d’autre (même de leurs parents). On ouvre a chaque interne un « compte d’internat » sur lequel sont prélevés : l’argent de poche, les dépenses de fournitures scolaire, de blanchisserie, d’infirmerie, les frais de voyage, les faux frais. Le maître d’internat fixe le montant de l’argent de poche suivant l’âge de l’élève et les circonstances ; de toute façon le montant doit être modique. Les parents voudront bien constituer pour ce compte une provision d’au moins 200 NF, soit par chèque bancaire barré, soit par le CCP. (...) Au premier trimestre on voudra bien compter que les frais de librairie sont souvent assez élevés. Cette provision doit toujours être suffisante pour que le directeur d’internat n’ait pas à faire l’avance. Un relevé détaillé du compte d’internat est envoyé aux parents à la fin de chaque trimestre. Les objets de valeur doivent être déposés à la direction de l’internat. (Règlement de l’internat de garçons)

Nous avions donc notre compte d’internat. Sauf que le notre était souvent à découvert. Le Collège refusait sainement de faire crédit, mais n’interrompait néanmoins les fournitures scolaires ou la blanchisserie. Les rappels se succédaient et nous devions même intercéder auprès de nos parents pour qu’ils comblent le déficit récurrent. Les relances administratives et mes courriers d’alors en témoignent encore aujourd’hui.

Mon frère et moi avions 5 NF par semaine. Ce n’était guère suffisant et je ne suis pas sur que nous n’étions pas victime des retards de paiement trop fréquents de notre père alors aux États Unis. Je demandais aussi parfois à ma mère de me glisser un billet, bien caché entre une double feuille, dans son prochain courrier. Impossible de s’offrir et une glace, et un cinéma, et une pizza, et quelques achats au bazar... De toute façons nous n’avions guère le temps en une seule après-midi hebdomadaire !

5 francs ! C’était encore cette belle pièce vraiment en argent (84%). Les dernières furent les "1968". Les suivantes, les "1970" ne seront plus qu’en cuivre (75%) plaquée de Nickel (25%). Ceux qui n’avaient pas connu les napoléons "or" se rattrapèrent. Les pièces "argent" furent stockés dans les fonds d’armoires pour palier à toute banqueroute future. C’est ainsi qu’il m’en reste quelques dizaines encore ! Épargnant de la première heure, ma retraite est ainsi assurée...