Étouffé par un frère aîné très autoritaire, mais protecteur à l’extérieur, pas trop passionné par le lycée, je fis des pieds et des mains pour changer d’air, mais j’arrivais là avec quelque appréhension. Avant d’entrer au collège je vis le pasteur JÉQUIER, qui me décrivit la direction: du pasteur Édouard THEIS, il me dit:” c’est le type d’homme qui tourne sept fois sa langue dans sa bouche au propre et au figuré avant de parler”. Je fus alors plutôt rassuré. Le confort de l’internat du style camping scout, la cuisine confondant un peu la quantité avec la qualité, dans une vaisselle d’aluminium, les travaux ménagers et d’intérêt public, j’y ai assez vite pris goût. Même le climat de printemps désastreux (impossible de se promener sans rentrer trempé) était compensé par de merveilleux automnes ensoleillés et sans vent. Le corps enseignant de l’époque n’était pas sur diplômé, à en juger par le nombre de matières que chacun enseignait, en plus de leur qualification hors enseignement (pasteurs, ingénieur agronome Couderc, capitaine Boisset, colonel Mazuc, entr’autres). Mais ils étaient le plus souvent intéressants et motivants. Preuve d’efficacité, ils ont réussi à me faire passer du 1er coup les deux bacs, et en philo, 22 sur 24 ont été admissibles à l’oral en juin. Ne peut-on craindre maintenant qu’avec le statut de confortable lycée les nouveaux professeurs ne soient pas devenus des érudits chloroformes?
Monsieur LE VU, intendant, était un apprenti sourcier très doué: pour parfaire le traitement des eaux usées et vannes des baraques, il nous fit creuser en contrebas du terrain un puits perdu pour l’évacuation des effluents, en choisissant bien au préalable son emplacement suivant des critères très personnels. Nous avons trouvé la nappe d’eau à 1m50. Ainsi de suite jusqu’au 7ème trou qui donna satisfaction, tout fut raccordé, et quelques semaines après la baraque toute proche fut surnommée Bandkoia les bains pour son délicieux parfum soufré.
Monsieur THEIS, lors d’un conseil de classe, où l’on passait en revue les élèves, le nom de BRÉAU étant cité, dit “ah oui Melle Bréau, très sérieuse”, oubliant qu’il s’agissait d’un garçon, mèche vendue par la secrétaire. Mais un dimanche matin de janvier 1950, arrivant tranquillement au Temple pour assister au Culte du pasteur MAZEL, il apprit subitement qu’il devrait lui même présider le culte, qu’il improvisa avec d’autant plus de brio, que Mr Mindszenty venait d’être arrêté à Budapest, sujet de sermon passionnant et animé.
Arrivé en cours d’année en 2ème, et vue les décalages de programmes, j’abordais pour la 1è fois l’équation du 2è degré au cours de révision de Jean Pierre HAMMEL qui allait à une vitesse incroyable. N’osant pas paraître nul devant la classe, je laissais courir quelques semaines, puis en visite chez le pasteur Delizy à Freycenet, Mme Delizy m’expliqua le tout, je fus sauvé de l’échec.
Michel EUZENAT disposait d’une cabane de menuiserie près du futur bâtiment des classes. Il était chargé entre autres de l’entretien des fauteuils bois du cinéma paroissial du village, Il notait ainsi la qualité des films, constatant que les barres repose pieds étaient cassées le plus souvent lors des films à suspense.
François POUGET dit “le casseur”, je ne sais pas pourquoi car il n’est pas casse pieds ni brise fer, mais beau parleur. Soir de grand vent Madame Sabine DE LA TOUR arrive aux Heures Claires, disant “j’ai failli être emportée”, le “casseur” ajoute “c’est l’enlèvement des Sabines”. Il se prit une belle baffe, dont, loin d’être chagriné, il fut comblé de fierté. Les temps ont changé.
Des anciens avaient établi un plan de la rive est du Lignon, présenté en grand comme une “Carte du Tendre” en anglais, les Heures Claires prirent le nom de “TENTATION’S BAY”.
Pour avoir une bonne note au cours de Math élém au cours de Monsieur PARKER, il suffisait d’arriver en retard. -“Autant les professeurs se donnent du mal pour se lever tôt, autant les élèves traînent et sont en retard” -“Oui Msieur, c’est inversement proportionnel”- répondit Simon RÉGNIER qui décrocha aussitôt un 20.
Un soir, Pierre CORMAN et moi, condamnés à 1 heure de travail ménager, par le surveillant “Cougouar”, nous parlions en travaillant: je disais “faisons le travail proprement, qu’il se rende compte que c’est fait”, Pierre répondit “bien mais pas trop quand-même sinon il va nous le demander toutes les semaines” ces petits services. Cloisons et portes des baraques n’étaient pas très bien isolées phonétiquement, Cougouar avait tout entendu et le lendemain nous fait part de son approbation de ces propos qui lui avaient paru sympathiques..
Dans les travaux d’intérêt général, il fallut peindre en blanc brillant les cloisons d’isorel mou de l’infirmerie. Avec juste un pot d’un kg, ils avaient oublié que l’isorel boit comme un trou!
Jacques BONNAL, fils d’un docteur d’Alès, doué et sûr de lui, mais pas très bûcheur, passe l’oral du bac Philo à Clermont-Ferrand, un candidat de Clermont lui glisse à l’oreille que l’examinateur est communiste. Du coup il improvise à l’examen un formidable réquisitoire contre les trusts (c’était le nom à l’époque) auquel il ne croyait pas du tout, trop fantaisiste et bon vivant pour s’occuper des ces affaires là. 20/20, mais l’examinateur l’invite au café pour échange de vues, et après il ne savait plus comment s’en dépêtrer.
Fête des rois: 1 fève pour cent couverts, un petit l’a avalé par mégarde et n’ose le dire de peur du ridicule, “Cigogne” annonce “séance de radioscopie obligatoire cet après midi chez le Dr Bonniot", le petit se confesse après à Cigogne, secret vite éventé.
Mardi gras: j’étais à Luquet chef d’une table de petits de la Cosmos, près du passe plats et de la table directoriale. Il y avait pour l’occasion des frites bonnes et abondantes, et les petits ne cessaient de râler et réclamer du rab, “on n’en a pas eu, on n’est pas servis” cuistots pas dupes. Je leur ordonne de se taire et laisser faire: arrive au guichet un serveur complaisant et confiant, Roger KIRSCHNER, je lui dis “c’est vrai qu’il y a du rab?”, il se précipite et nous en apporte une pleine gamelle, depuis les petits de la Cosmos me réclamaient comme chef de table.
Monôme du bac section A, juste après l’écrit: Il était interdit aux internes comme aux externes d’aller au cinéma le samedi soir, le dimanche après midi était autorisé sans réserves. La raison officielle: il fallait être en bonne condition spirituelle pour assister au culte du dimanche matin: la vraie raison, il ne fallait pas se coucher trop tard le samedi, pour ne pas être assoupi pendant le sermon du dimanche. Notre monôme consista à aller au cinéma toute la classe en bloc le samedi soir, jamais ils n’ont fait une pareille recette, nous n’avons rien cassé, mais n’avons pas été trop taciturnes durant la séance, si bien que Monsieur DARCISSAC, le gérant, nous couvrit de sa voix venant d’en haut, en menaçant d’interrompre la projection, après quoi tout fut calme. Mais la direction du Collège a mis toute la classe en retenue 2 heures le dimanche après midi dans la salle d’étude de la Tagheia (les travaux d’intérêt ne seraient pas arrivés à occuper toute une classe) avec dissertation de 4 pages sur “rapports entre la liberté et la responsabilité” (sujet cher à Cigogne, qui devrait être actuellement à l’ordre du jour). La colle se déroule dans la décontraction, 4 pages de banalités rehaussées d’insanités. En cours de rédaction je me souviens tout à coup de Rabelais (je n’étais pas un féroce littéraire, mais Rabelais c’est mieux), l’Abbaye de Thélèmes, ma dernière page sera consacrée à la discipline rabelaisienne, pour finir sur “fais ce que vouldras” auquel j’ai ajouté “et vas au cinéma.” Je m’attendais à une nouvelle retenue, mais le soir au réfectoire, les enfants de la Cosmos, m’ont annoncé que mon pensum avait été très apprécié par Cigogne (on entend tout au travers des cloisons!), chargé de la corvée de surveiller les punis. Si bien que si nous nous sommes tapés 4 pages chacun, l’examinateur 120!
La Direction (tous de la croix bleue), n’était pas très portée sur les vins et alcools. Une chambrée de la Bandkoia l’a appris à ses dépens, pincée lors d’un repas bien arrosé d’anniversaire, conseil de discipline, et terrassement d’au moins 5 M3.
Le CFD (le journal !) existait déjà à mon époque, et était vivement recommandé par le pasteur THEIS. CFD (chemins de fer départementaux) en l’honneur du petit train, que j’ai connu avec les vieilles machines à vapeur (on arrivait tout noir après le trajet Dunières - Le Chambon, 40 km), attelé à des wagons de trains rapides (curieux pour un tortillard). L’année suivante j’ai connu les autorails plus propres et moins folkloriques. Un beau jour le Dodge du collège (camionnette command car de l’armée US), avec M. Marie au volant, a fait une rencontre fortuite avec l’autorail, au passage au dessus de la mairie. Dégâts insignifiants, vive émotion. Depuis, les autorails cornaient au moins 100 m avant le croisement, et s’arrêtaient complètement à chaque passage de route.
Lorsque je suis retourné en 1960 au Chambon, cette fois-ci motorisé, je fus surpris des chemins d’accès étroits et sans aires de demi tour: si les profs et élèves ont leur voiture comme dans bien des lycées, il doit y avoir un bel embouteillage. En tout cas en 1950, les voitures étaient rarissimes, et les vélos devaient être tenus à la main aux abords des bâtiments, il est vrai que le pasteur Theis tenait son antique biclo à la main dans les montées (fortes il faut le reconnaître), puis dans les descentes depuis qu’un dimanche venant au Temple présider le Culte, il ne put s’arrêter qu’au petit pont en contrebas.
Au collège il y avait comme véhicules : les 2 Citroën tractions AV, du pasteur TROCMÉ et de M SHOMER, professeur américain, la voiture particulière de M MARIE, intendant, une 5CV Peugeot 1930 nommée "Peuchère" (il l’avait soigneusement peint sur l’arrière), la camionnette Dodge et un break bois Chevrolet du collège (fournis par les Ricains). Un beau soir la Chevrolet fit un tonneau avec au volant les surveillants "Couguar", la carrosserie bois en piteux état, M Marie n’était pas enchanté.
Un jour en 1949 au réfectoire il y eut une manifestation pour réclamer une amélioration des repas (j’étais observateur silencieux), ils chantaient "nous avons faim" sur l’air des bateliers de la Volga. Monsieur MARRRIE (accent terrroir) se lança dans un éloquent discours finissant par "si vous ne gaspilliez pas tant vous auriez plus à manger" (logique), il fut frénétiquement applaudi, (j’avoue avoir moi même lancé la claque). Depuis tout le monde fut content.
Comme l’alcool était sous prohibition, l’eau des montagnes granitiques ayant un goût ferrugineux, nous avions à chaque repas des boîtes de jus de pamplemousse (bien sûr américaines) "PEEKS grappefruit juice", pas mauvaises du tout.
Je n’ai jamais sur l’ordre de construction des baraques, j’ai du reste oublié le nom de la baraque en contrebas de la Tagheia, près de la Bandkoia elle n’avait pas de chambres mais des salles de classe et un grande salle de réunions. Par mon flair d’architecte, je suppose que Kainha et Tagheia ont été construites en premier (rangs d’oignons), puis Cosmos qui a adroitement profité de la pente avec son soubassement (comme toutes les constructions anciennes mais pas comme celles de 1900 à 1940), et enfin celles du bas, non alignées (il est vrai qu’elles ont été montées par les américains, et les maisons du Shape en 1945 étaient aussi bien alignées que les Corons). Les heures claires étaient réservées aux filles de 47 à 50. En 1950 le collège, pour extension provisoire d’internat, avait loué le rez de chaussée de l’Hôtel Sagnes, route de St Agrève très près de la place (un prof de gym y était surveillant). Les cours étaient dans les salles d’études des baraques, on changeait souvent de salle entre cours, je pense que la baraque du bas était réservée aux petites classes, car je n’y ai jamais eu cours.
Je ne crois pas pouvoir trouver de photos ou documents de 1947/1950. En effet, les élèves n’avaient pas d’appareil photo à l’époque, seul Pierre CORMAN en avait un en 1950, et quelques de ses photos que j’avais vues étaient d’excellents noirs et blancs. Les photos que j’ai prises en 1960 lors d’un retour "touriste" (les touristes étaient mal vus par ceux du camp de construction et du cours de vacances, on les appelait "tourists go home") étaient des diapos kodak prises avec un Voigtlander Vito II (bonne optique mais viseur farfelu, il coupait toutes les têtes).
Comments
Jean-Claude, les bagnoles en question n'étaient pas des 2cv citroën, mais des 11 cv. le station wagon chevrolet avec Cougar était parti au devant de nous qui revenions à pied d'Yssingeau où on avait fait le culte, mais Cougar a pris une autre route vers St-Jeuure, et ne nous a pas croisés...:"Vous arrivez à pied ? Et Cougar ?"..... Dans la liste de la Taghéïa, Manque Jacques ROMANI, plus tard médecin de santé navale, et Maurice Tuong Cong THO qui m'a appelé pour savoir où était Jean Parker; malheureusement, encore vivant, Parker n'était plus en état de communiquer (d'après ses enfants à Marseille).
danierl URBAINRetrouvé quelques noms:
Francis GARIN, dit "Lama", s'occupait du C.F.D. Interne Caïnha.
LANGEREAU, interne (1ère et terminale).
DEFFARGE, annexe Sagnes, ardéchois (mille excuses pour ce qualificatif, les ardéchois étant réputés pas pressés en Haute Loire et plus particulièrement au Collège).
Eric MIKOLASEK (de la Somme).
Melle MONET (pension le Colombier), probablement fille de l'initiateur de l'Europe.
Enfin, puisque on cite les notoriétés en provenance du Collège, Delphine SEYRIG dans ma classe de seconde A, devenue la star de "l'Année dernière à Marienbad", dont son frère Francis a composé la musique, est décédée assez jeune d'un cancer.
ALLINCommentaire 1, Daniel Urbain. Je n'ai pas voulu dire 2 CV Citroën, mais les deux Citroën tractions avant noires 11 CV de MM Shomer et Trocmé. En effet les 2CV n'existaient pas encore à cette époque, la 4cv de mes parents surnommée "Arcane" étant toute récente.
ALLINSi je me souviens bien, ROMANI était à la Caïnha et non à la Tagheïa les années où j'y étais. Il s'était tapé une belle jaunisse entre l'écrit et l'oral du bac.
Je me souviens en effet que Couguar avait quitté son chemain avant de quitter la route.
Je ne me souviens pas du tout de Maurice Tuong Cong THO.
J'ai connu Jean PARKER, comme professeur de Maths, si c'est lui qui est encore vivant, il devrait avoir facilement 100 ans! Le Teddy PARKER que j'ai connu devait être son neveu, fils de Daniel qui était paroissien de Paris Luxembourg.
Tout bien réfléchi, ROMANI était à la Caïnha la 1è année, et à l'annexe Sagnes la seconde.
ALLINMADAME LAVONDÈS:
J'ai suivi ses cours de français en 1è A, intéressants, elle tenait sa classe avec maestria mais sans heurt, car elle avait l'oeil vif. Comme je n'avais pas le type excessivement effronté, lorsque son regard tombait subrepticement sur moi, je baissais les yeux comme une jeune fille prude, si bien qu'elle en fit l'observation au conseil de classe: "ce petit a les yeux qui filent", bref tout comme elle mais pas pour les mêmes raisons.Un devoir de Français sur "honneur et dignité": nous avions tous les petits recueils des annales du bac, et cette fois le sujet y avait été traité par un érudit nébuleux nommé BOUVIOLLE. Une partie de la classe est tombée dans le piège, et comme par hasard moi aussi. Madame Lavondès, connaissant fort bien ses classiques, s'en est aperçue et au lieu de clamer "bande de copieurs, c'est une honte", et a dit: "certains d'entre vous sont bien naïfs et crédules, il ne faut pas croire tout ce qui est écrit, je ne sais pas à quoi a pensé ce Monsieur Bouviolle, mais il n'a rien compris au sujet".
Pour expliquer les procédés comiques de Molère, elle commença: "supposez que ma chaise se casse et que je tombe les 4 fers en l'air, je ne vous en voudrais pas de rire, mais si je me casse une jambe vous en serez tous attristés". L'aventure était arrivée au Pasteur AESCHIMANN, qui lors d'une réunion de ma promotion de catéchumènes (l'équipage) dans la verdure avait vu son pliant céder sous lui, et, très handicapé physiquement, se trouva enfermé dedans sans se faire trop de mal, tous ont ri, lui avec (il n'était pourtant pas bien lourd).
J'avais depuis gardé depuis des contacts avec Madame Lavondès qui par le truchement de François était devenue la Belle Mère de ma cousine germaine Vivette MONOD. ALLIN
L'ÉLECTRICITÉ: Les installations n'étaient pas particulièrement sophistiquées, mais très rarement en panne. Il n'y avait pas non plus de grèves de l'E.D.F. par là haut. Mais aux heures de pointe, par délestages, l'EDF cessait de distribuer le courant, et se trouvait relayée par la petite usine hydro-électrique de la SALETTE à quelques km au nord, sur le LIGNON. Le courant était nettement moins fort, et, pendant l'étude du soir, lorsque nous entendions la scie électrique, qui nous alimentait en bois pour la cuisine et les poêles des baraques, à chaque bûche la lumière baissait très nettement.
ALLINDe coupures assez brèves se produisaient lors du changement de fournisseur de courant, le dimanche matin pendant le culte, et il me fallait descendre des grandes orgues au petit harmonium pour l'un des cantiques de la liturgie, si bien que le "Gloria" n'avait pas toujours des sons très glorieux.
COMPLOT contre la BANDKOïA: Un petit chahut (paradoxalement très sliencieux) fut organisé par la TAGHEÎA: çà nous a coûté un repas, pendant lequel au lieu de savourer la cuisine de M Exbrayat, nous nous sommes livré à des travaux de menuiserie sophistiqués: les fenêtres suédoises ouvraient sur l'extérieur, et il était facile de les bloquer, tout comme la porte d'entrée, avec des tasseaux de bois vissés. En s'y mettant à deux par ouverture, nous avons préperforé les trous (ajustement de main de maîtres). Et la nuit du samedi au dimanche nous venions parfaire le travail, tendant à priver les internes rivaux de petit déjeûner et des nourritures célestes du culte. C'eût été un match nul, car nous avons manqué aussi un repas. Mais ce fut un match perdant: l'un des "détenus" (peut-être l'aîné des frères Jousselin) frappé d'insommnie, fumait au lit (dans les bâtiments bois et isorel, et dans une petite chambre avec 6 autres poumons fragiles)! Il fit un bond de son lit supérieur sur la fenêtre qui se rouvrit brutalement, si le tasseau avait été vissé il aurait traversé les deux carreaux. Nous fûmes changés en une volée de moineaux.
Autre chahut moins glorieux (ce n'est pas peu dire) des Taghéîens. Organisé par Charles... Une moitié de la baraque, dont Daniel Urbain et moi, y étions très hostiles, ne serait-ce que parce que nous venions de perdre un match contre l'annexe Sagnes, le chahut à leur encontre ne pouvait passer que pour une vengeance de mauvais sportifs. Mais ce fut pire encore, dérapage: ils enlevèrent un pensionnaire de Sagnes pour le déposer par la fenêtre de la pension de filles du Colombier, dans la chambre de Melle Monet. Ce ne fut ni au goût des Sagnes, ni du Colombier, ni de la direction du Collège. Et encore moins du Père du jeune ravi mais pas ravi du tout, qui était pasteur plutôt "évangéliste" que réformé. Il y eut des conséquences de toutes sortes: les "coupables" se dénoncèrent et furent punis d'une semaine de renvoi avant Noël. Mais Daniel Urbain et quelques autres en bons chrétiens sont allés se constituer prisonniers au motif qu'ils n'avaient pas su empêcher l'expédition nocturne (comme s'il était possible d'empêcher Charles de faire ce dont il avait envie!), et écopèrent de la même peine. Daniel a été accueilli dans sa famille comme un héros. Si j'avais été dans le lot c'eût été la sanction féroce ou bien le ridicule devant la famille (j'aurais peut-être encore choisi la sanction). Mais quelques uns, parmi eux Pierre Fanguinovény, ne purent pour des question d'éloignement rentre chez eux et furent accueillis... par le Père du ravi, précurseur du maoïsme, qui leur fit subir d'effroyables séances d'autoflagellation (en Ardèche) peu appréciées par des gens du Chambon.
ALLINLE PASTEUR DIRECTEUR ÉDOUARD THEIS s'exprimait toujours avec tact et bienveillance. Lorsque ma Mère en visite lui demanda quelles étaient mes chances de réussite au bac (avec l'espoir d'entendre "il ne fiche rien et n'a aucune chance") il répondit, bien sûr après réflexion, "ce serait dommage qu'il soit brillamment admissible à l'écrit, et recalé à l'oral". En effet j'avais une tare épouvantable en histoire.
ALLINBonjour, Mon père était Pierre Fanguinovény, décédé en 1978. Marié en milieu protestant en 1960 à une fille de pasteur Suisse Théophile Grin de Lausanne. Il commençait à nous raconter vos histoires passionnantes, nous avons des photos mais ne pouvons mettre des noms dessus
fanguij'étais copain de Fanguinovény et suis désolé d'apprendre sa mort. Nous faisions partie des exilés à Chalencon avec Cook, (après un chahut mal venu), chez le pasteur pantecôtiste père de notre victime qui voulant montrer un humour qu'il croyait fin, l'appelait "laminoir" (l'ami noir). Sans commentaire...
Bernard Vincent dit BapsJ'y étais, car on ne pouvait pas rentrer chez nous, avec Pierre et Cook, mais "les effroyables séances d'autoflagellation" n'étaient ni plus ni moins que des confessions publiques au cours de cultes pentecôtistes ou on racontait un peu ce qu'on voulait pour rire et sans être dupes le moins du monde. Mais on était pris au sérieux et félicités de notre franchise ... Comme quoi ...
Bernard Vincent dit Bapsj'aimerai apprendre beaucoup de vous par rapport à cette période, je serai heureux de faire votre connaissance, comment nous y prendre? si toutefois vous y consentiez.
fanguiPour Fangui, bien entendu, si c'est possible. J'habite en Ardèche et consulte mes mails ! A bientôt.
Bernard Vincent dit BapsA propos de Pierre Fanginovéni
Josette Keller (Evrard)Mon mari (Etienne Keller) et moi l'avions revu avec joie lors d'un de ses passages au Niger peu avant sa mort. C'était un bon copain au Chambon, et il était resté le même.
Depuis, Etienne est mort d'un lymphome, sa première et dernière maladie... J'ai appris dernièrement la mort de Daniel Cook aussi. J'aimerais avoir des nouvelles d'Elie Robert, de Pinson, et autres...
Jean-Claude Allin, tu jouais de l'orgue, n'est-ce pas? Au temps où je chantais l'évangéliste de la passion selon st-Jean dans la chorale du prof de philo dont je ne me souviens plus du nom...
Josette Evrard veuve Etienne Keller
@Josette Keller (Evrard) : bonsoir,
francoiseje suis la fille de Elie Robert.je viens de lire votre commentaire. Je serais contente d'échanger avec vous. Mon père est décédé en février 2013. Ma mère est toujours à Castres (81) où ils avaient pris leur retraite. Mon père est toujours resté très attaché au Collège(scolarité surtout et aprés dir. d'internat l'été) Ses soucis de santé ne lui ont pas permis de venir aux 70 ans. Pinson est venu le voir plusieurs fois à Castres depuis 2005.
Pas de nouvelles cet été. Amicalement Françoise robert
@francoise :
Ce n'est qu'aujourd'hui, chère Françoise, que je lis votre mail. sous couvert du collège. Je voulais savoir où en était mon livre sur google à "josette keller-Evrard" et j'ai eu la surprise d'y trouver des souvenirs du Collège !
josette KELLER-EVRARDJe me demandais ce qu'Elie était devenu. Il fut un bon copain., votre mère s'appelle Hélène je crois... Ils étaient tous deux venus nous voir lorsque nous étions Maison Verte à la Mission Populaire, notre premier poste. C'est vieux tout cela ! Mais ce genre d'amitié est éternel...
C'est la seule fois que je l'ai rencontrée, mais dans mon coeur, elle était liée à Elie. Nous nous retrouverons là-haut comme dit le chant que nous chantions parfois, quand nous nous séparions... Dites-lui que je me souviens d'elle! et je la salue bien,
Amicalement, Josette