Le Collège, le 2 novembre 1967
Ma chère maman,
Hier c’était la fête du premier novembre, anniversaire de la fondation du Collège. Mardi soir, il y a eu un film gratuit : "Les héros sont fatigués" mais il n’était pas formidable. Mercredi matin, nous avons eu un réveil en douceur à 8:15 au lieu de 7:15, avec un frugal petit déjeuner. Puis nous sommes descendus au temple du village, où tout le collège se retrouve tous les mercredis matin. Là, quelques anciens élèves ont parlé d’un souvenir du collège. Ils ont maintenant 40 ans !
Après, nous sommes allé manger un bon repas. L’après-midi, un match de foot s’est disputé entre les élèves "Espoirs" et les profs "Les illusions perdues" (Ah, ah, ah !) Les "Espoirs" ont gagné une coupe et les "Illusions perdues" ont bel et bien perdu ! Puis il y a eu un match de volley et de basket.
Ensuite, on a pris un bon petit goûter et nous sommes allés au bâtiment scolaire pour le jeu "Interclasses". Il y avait des épreuves de sport, d’adresse, d’intelligence et d’art entre les 6e1, 6e2, 5e1, 5e2, 4e1, 4e2, 3e1 et 3e2. J’ai joué dans l’adresse et l’intelligence et j’ai gagné. La 3e2 a gagné le 1er prix, la 4e1 (ma classe) a gagné le 2ème prix et la 5e2 a gagné le 3ème prix.
Après le repas, nous avons fait un gala dans le gymnase François Lods. Alors là, je crois que ce fut le clou de la journée. Quel dommage que tu ne soies pas là. Tu aurais vu le collège en action. Il y a eu tout d’abord un orchestre avec deux chansons (guitares électriques, guitares, batteries). C’était formidable ! Et puis il y a eu des sketchs comiques et des histoires sérieuses, des chants malgaches, des danses indiennes, de la musique, tout cela défilait dans des applaudissements enthousiastes et devant des visages constamment riants et jubilants. J’ai fait un sketch avec des copains : "Scandale à la noce". Je ne peux pas te le raconter, ce serait trop long. C’était simple et sympa.
Tu ne peux pas t’imaginer ce que je me sens à l’aise ici. Tout le monde est joyeux, content, sympa. Les élèves, les profs, les pions, le personnel, les cuisiniers, les directeurs d’internat, le directeur, la directrice. Il n’y a pas de différences entre eux. On est tous pareils (dans un sens). Je ne saurais jamais assez vous montrer mon enthousiasme. Quand je pense au lycée de Bellac, morne, triste, sinistre même, avec les colles, les punitions, les raclées, jamais de fête, toujours le boulot sous la menace… Heureusement, ce n’est plus qu’un mauvais souvenir.
Bon, je vais devoir te quitter. Au revoir ma petite maman, je t’embrasse de toute ma tendresse,
Ton grand fils