Je quittais deux mois de vacances dans notre « pauvre » pied à terre limousin. Vétuste et modeste maisonnée achetée en 62 et entretenue avec peu d’argent et beaucoup de passion depuis. Toujours à l’étranger, nous ne l’occupions que rarement. Épisodiquement. Fortuitement. Nous venions d’y passer l’été. Participer aux moissons. Jouer avec les copains du hameau. Flirter avec une châtelaine. Nous avions plein d’animaux : une levrette, Quinta, une chatte rousse, une chèvre apprivoisée, des lapins, des tourterelles. Nos ballades estivales tenaient à l’équipée de Sans-Famille. Le mois de juin nous avait offert ses cerises, abondantes et gratuites. Le mois de juillet ses prunes. Août, ses mures. Septembre, ses premières pommes.

Mon frère aîné et moi, aurions d’abord du être interne à Bellac, auguste patrie de Jean Giraudoux. Mon frère avait déjà expérimenté cet établissement et son internat 2 ans auparavant. Ce ne fut pas la solution retenue. Elle reviendra quelques années plus tard. Le choix se porta finalement sur le « Collège Cévenol International ». « Enseignement secondaire mixte à la Montagne ». Mon père avait connu. Il y avait encore quelques contacts. Le Pasteur Arnera par exemple. Comme il était parti aux États Unis avec mon plus jeune frère dès le mois d’août, c’est ma mère, seule, qui nous y mena. Avec sa 4L verte. C’était le 28 septembre 1967, dans la matinée. Les cours démarrèrent le lendemain, le vendredi 29 septembre. Je venais d’avoir 11 ans. Je rentrais en 6ème 1. Je me sentais terriblement abandonné.

Profites du Collège Cévenol, mon chéri. Un jour tu te rendras compte que c’est un lieu où l’on est heureux. (Courrier de ma mère) Sans aucun doute ne l’ais-je guère été. Mais je conviens aujourd’hui que c’était un lie où l’on peut être heureux !