LA PÉRIODE HÉROÏQUE


Malgré la modestie des débuts, l’année scolaire 1938-39 fut assez encourageante pour que l’École Nouvelle Cévenole, telle était alors son appellation officielle, fasse annoncer dans la presse protestante un cours de vacances pour Tété 1939, et pour la rentrée d’octobre l’ouverture de classes qui permettraient de suivre tout le cycle secondaire.

En même temps, le corps professoral s’élargissait. À Pâques 1939, Mlles Lucie Pont et Renée Grétillat, toutes deux professeurs au collège Lucie Berger de Strasbourg, viennent en visite au Chambon; l’une est littéraire, l’autre mathématicienne; elles sont intéressées par la pédagogie qui commence à se dessiner à l’École Nouvelle Cévenole : une grande attention aux besoins particuliers de chaque élève, une autre position du professeur, qui fait de lui un aide pour l’élève et non pas un juge, la liberté pour l’enseignant de s’exprimer, sans se sentir bridé par les programmes et instructions officielles, ce qui n’exclut pas le souci de la préparation aux examens; enfin, et surtout, l’atmosphère libérale et familiale de cette école nouvelle. Il faut se rappeler ce qu’était alors, et ce qu’est restée jusqu’en 1968, la discipline des grands établissements scolaires : élèves muets en classe, et qui ne se permettaient pas de parler s’ils n’étaient pas interrogés, déplacements en rangs d’une salle de cours à une autre, etc.

Grâce à ce renfort « à la rentrée de 1939, l’École Nouvelle Cévenole a quarante élèves qui y suivent tout leur programme, et aussi des élèves du cours complémentaire qui viennent se joindre aux premiers pour les classes de langue. Étant données les circonstances, ils sont autorisés à suivre des cours à l’École Nouvelle Cévenole : c’est “l’union sacrée”, Au Chambon, des familles venues pour l’été décident de s’y fixer, le père étant mobilisé; des familles des départements de l’Est s’y réfugient; des pensions qui ne recevaient des enfants que l’été décident d’en recevoir toute l’année(10).

« L’école Nouvelle Cévenole est déclarée aux autorités académiques comme école privée géminée, dirigée par Mlle Pont et M. Theis. De nouveaux professeurs viennent enseigner. ››

Voici donc venu le temps de la guerre puis de la défaite, du gouvernement de Vichy et de  l’occupation. C’est la guerre, ce sont les lois de Vichy, et en particulier le statut des juifs (3 octobre 1940); c’est l’occupation d’une partie puis de toute la France qui expliquent ce qu’est devenue l’École Nouvelle Cévenole. En effet, histoire de l’École Nouvelle Cévenole ne se comprendrait pas si on ne la plaçait dans l’histoire du Chambon; et 1”histoire du Chambon elle-même est une part de L’histoire de la France, de l’Europe et du monde. Si l’l1istoirc de ces cinq années est assez bien connue maintenant, à l’échelle nationale comme à l’échelle mondiale, il n’en est pas de même de L’histoire du Chambon. Malgré quelques tentatives fragmentaires, celle-ci reste encore à écrire(11), ce qui est de moins en moins facile, à mesure que disparaissent les acteurs et les témoins. Il nous faut donc tenter d’en mettre en valeur ici quelques aspects, tout en sachant que nous ne pourrons donner une vue exacte ni complète de ce qui a été hors du commun.

Le Chambon, en 1941, semblait être en paix sur sa montagne. Mais L’idée de bénéficier d’un oasis tranquille parmi un monde dc souffrance était insupportable à André Trocmé. Il eut d’abord l’idée de partager la vie des prisonniers des camps d’internement qui avaient été installés dans le sud du pays pour des réfugiés républicains espagnols, mais où étaient détenus, de plus en plus, et dans des conditions lamentables, des ressortissants allemands, souvent juifs, qui avaient cru trouver un asile en France. Il fit la connaissance, dans cette intention, de Burns Chalmers, responsable de la délégation des Quakers américains (American Friends Service Committee) à Marseille. Chalmers le persuada que ce serait inutile. D’autres organisations, en particulier la CIMADE, faisaient déjà ce qu’il était possible de faire. Mais ces organisations essayaient de faire sortir des camps des enfants, qu’on ne savait pas où placer ensuite. Le Chambon pouvait-il les recevoir? André Trocmé porta la question au conseil presbytéral de sa paroisse, et avec son accord fut installée la première pension d’enfants réfugiés, les Grillons. L’entretien de ces enfants fut assuré par des fonds qui transitèrent par Genève, grâce à des émissaires courageux. Ces enfants vinrent grossir l’effectif de l’École Nouvelle Cévenole et de l’école primaire.

Il est très important qu’André Trocmé n’ait pas répondu à Burns Chalmers avant d’en avoir discuté en conseil presbytéral. C’est par ce moyen que la population du Chambon prit conscience de ce qu’elle pouvait faire, et décida de le faire en toute connaissance des risques. Décision qui ne fut jamais remise en cause par la suite.

Après les Grillons, ce fut la Maison des Roches qui s’ouvrit pour recevoir des jeunes gens, également sortis des camps du Midi, ou menacés d’y être envoyés. Cette fois, ce fut avec les moyens du Fonds Européen de Secours aux Étudiants et du pasteur américain Tracy Strong, responsable de ce fonds.

Ce furent aussi deux maisons, la Guespy et Faïdoli, grâce au Secours Suisse aux enfants, et le Coteau Fleuri, grâce à la CIMADE.

En même temps que ces jeunes réfugiés pris en charge par des institutions, vinrent d’autres personnes en quête de sécurité; des isolés parfois, et surtout des familles, le plus souvent juives; parfois sous leur nom, souvent sous un nom d’emprunt. Grâce à un véritable réseau tissé peu à peu, et dont Magda Trocmé fut en fait la première animatrice, tous purent être logés, selon leurs besoins et leurs moyens, les uns dans une ferme écartée, les autres dans un appartement pour touristes, dans une famille, dans une pension. Chaque jour pouvait apporter des questions nouvelles et imprévues.

À côté de ces réfugiés proprement dits, se sont repliés au Chambon des enfants et des familles qui n’étaient pas spécialement menacés, mais qui étaient attirés par la réputation naissante de l’École Nouvelle, et par l’espoir d’un ravitaillement plus aisé qu’en ville.

Le logement n’était pas la seule difficulté. A beaucoup de ces réfugiés, il a fallu fournir de nouvelles pièces d’identité, des cartes d’alimentation. De fausses cartes furent fabriquées: un réfugié s’en fit une spécialité; mais des vraies, ou presque, furent fournies aussi par les employés de la municipalité. M. Guillon ayant été révoqué, M. Grand, le nouveau maire, pourtant nommé par le préfet, ne pouvait ignorer ce trafic; il fit semblant.

Le ravitaillement était un problème quotidien; les commerçants firent des prodiges; les cultivateurs furent généreux. Aucun n’a profité des circonstances pour s’enrichir; c’eût été pourtant facile.

Ce grand élan de soutien aux réfugiés fut entretenu par la vie paroissiale et sous deux formes, en plus des visites que les pasteurs continuaient à faire dans les familles. Le dimanche, le temple était plein; on y venait autant pour se retrouver dans une communauté que pour écouter la prédication donnée le plus souvent par A. Trocmé, mais aussi par E. Theis, par les pasteurs Vienney et Braemer, qui enseignaient à l’École Nouvelle Cévenole, par le pasteur Poivre, retraité, mais qui hébergeait chez lui quelques pensionnaires. Prédication dont les principaux thèmes étaient l’obéissance à Dieu, le refus de l’injustice, la recherche de la paix fraternelle.

Plus originales ont été les réunions de quartiers. En dehors du bourg, Le Chambon comportait encore une forte population paysanne disséminée dans des hameaux ou quartiers, groupant quelques fermes. Sans moyen de transport, les habitants de ces quartiers se sentaient isolés. Le pasteur leur conseillait de se réunir, une fois par semaine, a la veillée, pour lire ensemble la Bible et prier; mais il a vite compris que ces réunions ne seraient vivantes et régulières que s’il venait, pour les animer, quelqu’un de l’extérieur; les professeurs de l’École Nouvelle Cévenole pouvaient être ces animateurs. D’où l’idée de réunir chaque semaine quelques volontaires pour une étude biblique que chacun répercutait le lendemain dans le quartier dont il était responsable.

Les jeunes du village et ceux de l’École Nouvelle Cévenole se sont retrouvés nombreux dans le scoutisme. Un professeur de gymnastique a pu mettre sur pied quatre troupes d’Éclaireurs Unionistes; il a aidé les jeunes chefs à se former avec l’appui du pasteur de Tence, ancien chef éclaireur lui-même et passionné de sciences naturelles. Quand ce professeur partit au maquis en 1942, il fut remplacé par un autre, nouvellement arrivé, et dont la femme forma plusieurs cheftaines pour les meutes de louveteaux.

Si Le Chambon a été le centre de ce grand mouvement d’accueil, il faut préciser que les paroisses voisines y ont participé avec autant de détermination, et aussi les habitants catholiques du Chambon. Les pasteurs et les fidèles de Tence, de Devesset, du Mazet, de Mars, de Saint-Agrève, en liaison avec ceux du Chambon, ont aussi accueilli, parfois cache’ et soigné, des réfugiés. Et bien qu’il y eût, surtout en 1941 et 1942, des partisans convaincus du maréchal Pétain la comme ailleurs, il faut admirer qu’il n’y eut que très peu de dénonciations dans la région.

Les autorités ne pouvaient cependant ignorer ce qui se passait. Au Chambon fut installé un commissaire de police, qui fut abattu, au Chambon même, mais par des maquisards venus d’ailleurs. Les autorités ont certainement su que l’École Nouvelle Cévenole n’organisait pas de cérémonie quotidienne de salut aux couleurs; quelques élèves, au début, ont rejoint, de l’autre côté de la rue, les élèves du cours complémentaire qui, eux, voyaient le drapeau monter chaque jour, puis une fois par semaine, puis plus du tout.

Elles n’ont pu ignorer que les cloches du temple n’ont pas sonné, le 1°’ août 1941, pour  l’anniversaire de la fondation de la Légion, malgré les ordres venus d’en haut et l’insistance de quelques partisans convaincus de Vichy.

Plus grave, le refus de la direction de l’École Nouvelle Cévenole de donner la liste des professeurs et élèves israélites, refus motivé par écrit par le pasteur, la discrimination raciale étant contraire à ses convictions.

L’incident qui mit en évidence la dissidence du Chambon fut, au mois d’août 1942, la visite de M. Lamirand, ministre de la jeunesse. Non seulement il fut reçu avec une froideur à laquelle il n’était pas habitué, mais encore un groupe de grands élèves lui remettaient la lettre suivante :

Monsieur le Ministre,

Nous avons appris les scènes d’épouvante qui se sont déroulées, il y a trois semaines à Paris, où la police française aux ordres de la puissance occupante a arrêté dans leurs domiciles toutes les familles juives de Paris pour les parquer au Vel d’Hiv. Les pères ont été arrachés à leurs familles et déportés en Allemagne, les enfants arrachés à leurs mères qui subissaient le même sort que leurs maris. Sachant par expérience que les décrets de la puissance occupante sont, à bref délai, imposés á la France non occupée, où ils sont présentés comme des décisions spontanées du chef de l’État français, nous craignons que les mesures de déportation de juifs ne soient bientôt appliquées en zone sud.

Nous tenons å vous faire savoir qu’il y a parmi nous un certain nombre de juifs, Or, nous ne faisons pas de différence entre juifs et non-juifs. C’est contraire à l’enseignement évangélique.

Si nos camarades, dont la seule faute est d’être nés dans une autre religion, recevaient l’ordre de se laissez déporter ou même recenser, ils désobéiraient aux ordres reçus et nous nous efforcerions de les cacher de notre mieux.

Le ministre pâlit et ne répondit pas; le préfet le fit à sa place, en s’adressant, au-delà des porteurs de cette lettre, à André Trocmé lui-même, et termina ainsi : « Si vous n’êtes pas prudent, c’est vous que je serai obligé de faire déporter. » 

Effectivement, quinze jours après cette visite, une grande rafle fut tentée au Chambon. Le directeur de la police départementale, avec plusieurs cars de gendarmerie, vint chercher les juifs cachés dans la commune. André Trocmé, convoqué, refusa évidemment de donner leurs noms et leurs résidences et, avec l’aide des Éclaireurs, organisa leur dispersion. Malgré trois semaines de recherches, menées parfois sans grande conviction, les gendarmes repartirent sans avoir trouvé aucun juif.

Les choses ne pouvaient en rester là. « En février 1943(13), Roger Darcissac, Édouard Theis et André Trocmé sont arrêtés et conduits par des gendarmes au camp d’internement de Saint-Paul-d’Eyjeaux, près de Limoges. Ils y ont vécu cinq semaines tranquilles, en compagnie d’autres "indésirables”, comme on disait alors… Les deux pasteurs sont autorisés à organiser des cultes et des études bibliques suivis par des détenus, non protestants pour la plupart.

« Un jour, le chef de camp convoque les trois Chambonnais et leur annonce qu’ils sont libérés, mais qu’ils doivent signer un texte où ils affirment qu’ils s’engagent à respecter la personne du maréchal, et qu’ils adhèrent à la Révolution nationale. Les deux pasteurs refusent de signer le second engagement. Alors, le chef du camp en réfère à Vichy par téléphone, Il ne les relâchera que le lendemain. Ils apprendront plus tard que le préfet de la Haute-Loire, puis le pasteur Marc Boegner, membre du Conseil national de l’État français siégeant à Vichy, sont intervenus en leur faveur.

 « Quant à leurs camarades d’internement, quelques-uns seront libérés bientôt, sans qu’on leur demande de signer l’engagement, mais la plupart seront déportés en Allemagne dans les camps de la mort(14). »

Plus dramatique fut l’arrestation des étudiants résidant à la Maison des Roches. Ce ne furent pas les gendarmes, mais la police allemande qui vint arrêter, en juin 1943, les habitants de cette maison, pour la plupart étudiants réfugiés d’Espagne ou d’Europe centrale, mais aussi parmi eux quelques Français boursiers de l’École Nouvelle Cévenole, que Édouard Theis y avait installés pour rapprocher les deux groupes linguistiques, et Daniel Trocmé, un cousin d’André, auquel celui-ci avait fait appel pour être responsable de cette maison.

Deux purent s`échapper; un troisième, qui avait quelques jours plus tôt sauvé un soldat allemand d’une noyade dans le Lignon, fut récupéré grâce in une vigoureuse et rapide intervention de Magda Trocmé. Les autres, y compris Daniel Trocmé, furent emmenés; sept d’entre eux seulement sur vingt-trois sont revenus.

On se demande encore maintenant ce que la Gestapo cherchait aux Roches, et s`il n’y avait pas, parmi les pensionnaires, une personnalité qui lui importait particulièrement.

Avertis, par des voix différentes, qu’ils étaient de nouveau recherchés, André Trocmé et Édouard Theis disparurent dans la clandestinité, de l’automne 1943 au printemps 1944.

A. Trocmé resta dans les environs, dans l’Ardèche, l’Isère, la Drôme. Pris dans une rafle à la gare de Perrache, il ne put s’échapper, et son fils Jacques avec lui, que grâce à une extraordinaire présence d’esprit.

Édouard Theis, lui, se mit au service de la CIMADE et contribua, comme passeur, à conduire en Suisse des réfugiés, à travers les montagnes de la Haute-Savoie, ce qui était aussi difficile que dangereux.

La prédication non-violente d’André Trocmé et Édouard Theis a touché fortement les paroissiens du Chambon, même si elle ne les a pas tous convaincus. Mais elle ne pouvait pas atteindre de la même façon les environs. En Haute-Loire et en Ardèche, dans les régions boisées, éloignées des grandes villes, de circulation difficile, des “maquis”, groupes de résistants armés, se sont organisés peu à peu. En Ardèche, ils appartenaient aux F.T.P., en Haute-Loire à l’A.S.; les premiers plus révolutionnaires et plus combatifs; les seconds plus gaullistes et plus soucieux de ne pas faire courir de risques inutiles aux populations. Mais les frontières territoriales et idéologiques ne pouvaient être claires, et Trocmé eut à regretter plusieurs actions des F.T.P., soit parce qu’elles étaient brutales ou injustes, soit parce qu’elles pouvaient provoquer des représailles de la part des troupes allemandes et mettre en danger Le Chambon, soit simplement parce qu’il désapprouvait toute violence.

L’un des chefs de la Résistance, Léon Eyraud, dit Noël, était du Chambon; son activité était surtout de renseignement; de plus, il connaissait les filières menant en Espagne et les moyens d`obtenir de faux papiers; n’aimant pas les violences inutiles, il contribua à calmer des jeunes trop entreprenants. L’autre, le commandant Fayol, était venu de Marseille. Il connaissait l’École Nouvelle Cévenole, où son fils était élève sous un autre nom. Tous deux avaient de l’estime pour Trocmé, et réciproquement.

Plusieurs hommes du village, et en particulier des jeunes, qui n’étaient pas élèves du Collège, ont rejoint le maquis et ont eu des responsabilités sous les ordres du commandant Fayol.

Trocmé et Theis ont certainement regretté que certains grands élèves se joignent au maquis, en 1943, et surtout aux F.T.P., et ceci d’autant plus que certains de ces élèves étaient de futurs étudiants en théologie. Ils étaient trop respectueux du prochain pour condamner ceux à qui la lutte armée apparaissait comme un devoir, mais ils ne pouvaient supporter qu’on prétende mener une guerre sainte, ou qu’on essaye de former un maquis chrétien. C’est ce qu’ils essayèrent de faire comprendre à ces garçons, un jour qu’ils étaient venus demander les coupes de communion du temple pour célébrer la Sainte Cène au maquis.

À partir du début de l’année 1944, l’effectif des maquis se gonfla par l’arrivée de jeunes venus des villes, et qui venaient autant pour se soustraire au Service du Travail Obligatoire et au départ pour l’Allemagne, que par patriotisme. Il fallait impérativement les encadrer. Le commandant Fayol demanda instamment à un des professeurs et à quelques grands élèves, qui n’avaient pas voulu interrompre leurs études en 1942, en particulier des futurs théologiens, de prendre le maquis. Ce qu’ils firent sans que Trocmé ni Theis n’essayent de les en dissuader. Ils participèrent aux combats de juillet et août, et à la prise du Puy; ensuite, presque tous revinrent au Chambon, sans suivre le commandant Fayol qui s’apprêtait à rejoindre, avec sa troupe, une unité des Forces Françaises Libres (16).

On peut s’étonner, en revoyant ces quatre années. Bien sûr, l’affaire de la Maison des Roches a rappelé que la menace de la police de Vichy, de l’armée allemande et de la Gestapo était proche et constante; mais, à part ce drame, la menace n’a eu que peu d’exécution, alors que Le Chambon a pratiquement vécu toutes ces années en état de rébellion contre les autorités. Ailleurs, la poigne de ces autorités a été beaucoup plus rude.

Le Chambon n’a eu à déplorer ni représailles (même après l’assassinat d’un commissaire de police), ni déportation d’otages. Faut-il penser, comme le font certains, qu’une main tutélaire s’est étendue sur Le Chambon? C’est une hypothèse qu’il est difficile de vérifier faute de témoignages assez certains(17).

 

(10) 30 ans d’histoire…

(11) Ou à publier; Mlle Maher en effet a écrit cette histoire, qui n’est pas encore éditée. Voir aussi les Documents du Société d’Histoire de la Montagne.

(12) Texte reconstitué de mémoire par A. Trocmé. Sur tout cet épisode, voir: Histoire des débuts…, et Ph. Hallie, ouvrage cité.

(13) 30 ans d’histoire…

(14) C’est surtout en tant que président de l’Église Réformée de France que pouvait agir M. Boegner, en ce cas comme en beaucoup d’autres. Voir: Les clandestins de Dieu, Cimade, Ed. Fayard, l968. D’après les souvenirs inédits d’A. Trocmé, il n’est nullement assuré que le préfet soit intervenu (information communiquée par M. Jacques Trocmé).

(15) Ph. Hallie, qui n’a enquêté que dans l’entourage proche d’André et de Magda Trocmé, semble les avoir ignorés, Son sujet n’était d’ailleurs pas l’histoire du Chambon.

(16) Ph. Hallie confond les deux départs du Collège vers le maquis, qui ont en cependant des caractères très différents.

(17) Piste de recherche indiquée par Ph. Hallie, mais qu’il a renoncé à suivre.

 

 

© Extrait de LE COLLÈGE CÉVENOL À CINQUANTE ANS – Petite histoire d’une grande aventure - OLIVIER HATZFELD
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