Le stade se trouvait derrière le Luquet. Face au gymnase. Pour moi, c’est le souvenir de l’apprentissage sans conviction de la gymnastique : saut en longueur, en hauteur, lancé du poids, grimpé de corde, course à pieds. Peu sportif je me souviens de mes difficultés à comprendre comment il me fallait opérer pour réussir à sauter en hauteur. Les sports collectifs étaient ma hantise. Lieu de ségrégation impitoyable à l’égard des moins vaillants. J’échappais heureusement à ces terribles humiliations qui frappent ceux qui, au terme de la constitution des équipes, n’ont été choisis par aucun des deux capitaines auto désignés (des forts en gueule, des fiers à bras). Je trouvais ces jeux violents, physiquement et psychologiquement. Mais ce jugement n’était pas un atout, même dans ce collège, disciple de la non-violence. La lisière du bois n’était pas loin, propice à l’école buissonnière.

 

Sur cette carte postale envoyée à mes parents, on distingue bien sur Milflor, au premier plan, puis, juste derrièrre, les batiments du Luquet. Deux sont alignés, le troisième est en biais. C’est au rdc de celui-ci que se situait le refectoire. Au-dessus, le stade, avec le terrain de foot, à sa droite un terrain de volley, puis des terrains de tennis. Au dessus d’eux le Batisco. Plus haut on perçoit les autres batiments scolaires. Au delà c’était la piste de luge dans les bois. Nos cabanes se situaient dans cette forêt, entre le stade et la batisco. Hors de la carte, sur la droite, se trouvaient les baraquements de l’internat des garçons