Evidemment, le coté boy-scout me convenait tout à fait mais pas du tout le harcèlement de ma directrice de pension à vouloir que je célèbre la communion. Par chance, le pasteur d’alors (son nom m’échappe) tolérant et avec une « belle âme » respecta mon choix.
Note directeur était le pasteur Theis, je revois sa belle tête levée vers le ciel pendant ses sermons emphatiques. Notre directrice, Madame Lavondés, intelligente et pressée.

Nos professeurs :
en sciences nat. : Monsieur Lelievre aux plaisanteries fumeuses ;
en latin : Monsieur Hollard, beau ténébreux, dont nous étions amoureuses ;
en espagnol : Monsieur Plazas, étincelant d’humour, son rire aigre sortant d’une bouille toute ronde et bien ibérique, arc bouté sur ses béquilles (il avait participé à la guerre civile contre Franco et en était sorti très meurtri).

Puis en philo, l’admirable Monsieur Hatzfeld dont je ne me rappelle que les qualités.

Certains d’entre eux m’ont fait adhérer au P.S.U. ! Nous scotchions des affiches le soir sur les arbres… Un moment où nous rêvions d’un monde à la Huxley. Le monde extérieur nous arrivait ouaté. Le collège était pour la plupart d’entre nous une vraie famille, notre bulle.

Les petits-déjeuners « à Luquet », avec les ignobles porridges ! Surtout pendant les camps de travail l’été. Nous construisions la piste d’athlétisme. Les repas tellement conviviaux avec cet esprit collège chaleureux qui reste en nous.
Le cinéma (1 franc) parfois propice à un petit flirt ! L’éclair au chocolat de la mère Pouly ou madame Bayon. Le jus de fruit de la Croix bleue, l’œil en coin pour regarder l’intérieur de la « Gargouille », lieu de perdition bien sur !
Nous étions heureux, je crois pour la plupart, et assez insouciants.
En revenant voir le Collège une trentaine d’année plus tard, il me parut tout rétréci et encerclé par un tas de maisons. J’en voulais à mes souvenirs d’être déçue.

Où sont passées les baraques de David Law (visage ascétique et grand yeux verts), d’Antonio Plazas parfois coléreux (« de la finesse, borrrrdel, entrrrre le Sssss et le ch, entrrrre le v et le b, le castillan est une langue distinguée, borrrrdel »). Où sont passées les maison du délicieux Jim Bean, du toujours souriant Mr Johnson. Mais si, elles sont toujours là, rien n’a tellement changé sauf que, lorsqu’on vit au collège, il est immense et génial. Maintenant « il se fait tard », mais c’est épatant, lorsque je pense au Collège, j’ai toujours 15 ans.